Remballe ton pape !

Remballe ton pape !

Invité par Nicolas Sarkozy, le pape Benoît XVI (alias Joseph Ratzinger) sera pour la première fois en France du 12 au 15 septembre. Des mouvements libertaires et d’extrême gauche, des associations féministes et LGBTI appellent à manifester le 13 septembre à Paris contre la venue du patron des catholiques et du Vatican.

Signé dans un premier temps par la Marche mondiale des femmes, les Panthères roses, Alternative libertaire, Offensive libertaire et sociale, le Scalp et la Ligue Communiste Révolutionnaire, l’appel Remballe ton pape ! considère que la venue de Benoît XVI constitue une nouvelle attaque contre le mouvement social.

Les organisations voient notamment dans ce show politico-religieux une menace contre la laïcité. Elles n’ont pas tort. En invitant le pape, Nicolas Sarkozy va encore nous offrir une rengaine sur les vertus de la « laïcité positive », celle qui devrait rappeler les « racines chrétiennes de la France ». Il y aurait de quoi rigoler, mais le cœur n’y est pas. Quand Nicolas Sarkozy, chanoine honoraire de la basilique Saint-Jean de Latran à Rome, ose dire que « dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé », on a le droit de flipper. Après une telle déclaration, le pire est à craindre avec l’arrivée de cours « d’instruction civique et morale » dans les bahuts à la rentrée prochaine.

Si Christine Boutin, ministre du Logement et de la Ville (mais aussi membre du Conseil pontifical pour la famille depuis 1995) doit se réjouir de la venue de son idole à Paris, on imagine que toutes les femmes n’iront pas s’agenouiller sur le passage de la papamobile. Elles sont un certain nombre à se dresser contre les propos rétrogrades, sexistes, misogynes et lesbophobes de Benoît XVI. Aux étourdies, Ratzinger a déjà rappelé les règles soi-disant dictées par Dieu à Eve dans la Genèse : « Le désir te portera vers ton mari, et celui-ci dominera sur toi ». Tout un programme.

L’histoire du « Péché originel » ne date pas d’hier. Pour montrer sa grande modernité, Ratzinger s’adresse aux femmes actives d’aujourd’hui. Celles qui le désirent « pourront consacrer la totalité de leur temps au soin du ménage […], tandis que celles qui désirent avoir d’autres activités pourront le faire, avec des horaires adaptés, sans être mises devant le choix de devoir sacrifier leur vie de famille. » En clair, les femmes peuvent choisir entre exploitation et surexploitation en n’oubliant jamais que c’est le mari qui porte la culotte. Nous ne sommes pas loin d’un petit manuel catholique d’éducation domestique qui a fait débat sur Le Mague.

Considérant que « le plaisir sexuel est moralement désordonné quand il est recherché pour lui-même, isolé des finalités de procréation et d’union », Ratzinger rappelle encore aux femmes qu’elles ne sont pas là pour s’amuser. Pas question de plaisir, de droit de disposer de son corps, de contraception et encore moins d’avortement. Femmes, vous êtes là pour en baver. Accouchez. Rompez. Selon le Vatican, la sexualité n’est envisageable que pour procréer. Dans cette logique, l’Eglise catholique mène une croisade constante contre le droit à l’avortement. En France, sous l’effet d’un lobbying catholique actif, les services hospitaliers qui pratiquent des IVG sont de moins en moins financés. Les bons chrétiens demandent également l’extension de la clause de conscience qui permet aux médecins de refuser de pratiquer des avortements.

Dans son délire moralisateur, l’Eglise catholique s’en prend par ailleurs aux moyens de contraception, y compris au préservatif qui permet de se protéger de nombreuses maladies sexuellement transmissibles dont le virus du Sida (VIH). À une époque où la pandémie du VIH progresse et fait des ravages dans le monde entier, continuer d’interdire des méthodes de protection aussi simples et peu coûteuses que le préservatif est tout simplement criminel.

Les lesbiennes, gays, bisexuel-le-s, transexuel-le-s et intersexes (LGBTI) ne disent pas merci non plus au pape. Ce n’est pas une nouveauté, la Bible condamne l’homosexualité. Evidemment, Ratzinger ne dit pas le contraire en décrivant « l’inclination particulière de la personne homosexuelle » comme « un comportement intrinsèquement mauvais du point de vue moral ». Les signataires de l’appel Remballe ton pape ! réagissent : « Par ses propos, l’Eglise permet de légitimer toutes les discriminations et violences commises envers les LGBTI. Elle fait perdurer un ordre moral qui condamne à la sous-citoyenneté toutes celles et ceux qui ne veulent pas s’y conformer. Cet ordre suppose qu’il n’existe que deux genres, « naturellement » déterminés par deux sexes, hommes et femmes nécessairement complémentaires, niant ainsi l’existence des personnes transgenres, transsexuelles et intersexes. »

Sale temps enfin pour les luttes d’émancipation quand Benoît XVI lance un message qui sonne comme un coup de matraque sur un crâne anarchiste : « Il serait criminel (sic) de prendre les éléments de la piété populaire et de les orienter vers un plan de libération purement terrestre, lequel se révèlerait rapidement comme rien d’autre qu’une illusion ». Traduction : « Avis aux opprimé-e-s. N’espérez pas un monde meilleur demain ou même après-demain. Ne vous révoltez pas contre vos maîtres et vos bourreaux. Rampez, courbez l’échine et vous atteindrez le bonheur… quand vous serez morts et enterrés. »

Après ces citations papales choisies, qui osera dire que l’anticléricalisme est désuet ? Réactionnaire, passéiste, obscurantiste, malsaine, complice des exploiteurs, l’Eglise catholique parle au monde comme si nous étions toujours au Moyen Age. Le samedi 13 septembre, jour où le pape doit célébrer une messe sur l’Esplanade des Invalides, manifestons pour souhaiter la malvenue au chantre de l’ordre moral et du libéralisme.

Pour la séparation de l’Eglise et de l’Etat, pour la défense du droit à la contraception et à l’avortement libres et gratuits, pour l’émancipation des individus et peuples, c’est le moment de gueuler bien fort Ni dieu ni maître !

Des informations plus précises seront progressivement mises sur le blog Remballe ton pape

Pour contacter le collectif Remballe ton pape

La Fédération nationale de la Libre pensée, la Ligue française de l’enseignement, l’Union des athées, l’Union rationaliste, le Conseil National des Associations Familiales Laïques (CNAFAL), membres de l’Union Internationale Humaniste et Laïque (IHEU), appellent également les organisations laïques à se rassembler le dimanche 14 septembre.