Roselyne Bachelot n’a pas d’Avis sur les Boules de Geisha

Roselyne Bachelot n'a pas d'Avis sur les Boules de Geisha

Issu d’une tradition multiséculaire, ce fléau — c’est le nom qu’il conviendrait de leur donner en français — n’est pas agressif et se loge à l’intérieur du vagin pour stimuler ses parois musculeuses et favoriser l’orgasme féminin. Ce sex toy est initialement utilisé par les geishas pour accorder plus aisément leur propre orgasme à celui de leur partenaire, souvent impatient d’accéder à la jouissance.

Les boules de geisha sont recommandées aux femmes qui viennent d’accoucher, dans la mesure où elles ont pour effet de muscler le périnée, mais si cet objet est maintenant conseillé par des laboratoires pharmaceutiques, c’est sous le sceau de la discrétion et dans une optique strictement médicale. Mais ses adeptes les utilisent de préférence pour exciter leur libido, dans des circonstances parfois inattendues : avec ce genre de boules, il faut marcher pour que ça fasse de l’effet, des sensations dans le vagin, et tout autour… c’est extraordinaire ! C’est comme si on marchait avec un "gode" qui te limerait. Comme je suis représentante et je fais un métier où je marche beaucoup, c’est super !


Cet objet intime est un produit qui se vend beaucoup dans les sex shops et par correspondance, or de l’aveu même des commerçants, il est très difficile d’obtenir des chiffres sur ce marché très particulier. Acheté par les femmes à 95%, il est convenu de constater qu’un au moins est vendu dans la journée, quelle que soit la boutique. Quelle est la cause d’une telle confidentialité à propos d’un produit traditionnel, classique, et de plus en plus porteur ?


La raison en est certainement sa vocation intime : ce matin je les ai mises en me levant après la douche, tout en étant assise devant l’ordinateur ; je ressens des petits spasmes dans le bas de mon ventre, qui entretiennent une excitation permanente. Que c’est agréable de sentir en permanence la tiède humidité du gousset de ma petite culotte contre ma vulve ! Je ne les enlèverai que ce soir au moment de me coucher. Les boules de geisha semblent ainsi parfaitement correspondre au plaisir féminin : c’est plus le fait d’être remplie qui procure des sensations que le fait d’avoir des objets qui vibrent à l’intérieur de soi, le port d’un gros objet inséré en soi conduit irrémédiablement à vouloir des sensations plus intenses.

Les boules de geisha demeurent un tabou en Occident


Si l’homme se sent pleinement satisfait dans l’union, il n’en est pas forcément de même pour les femmes : le fait de sentir mon vagin ainsi rempli et qu’elles appuient contre ses parois, où je suis très sensible, me procure beaucoup de plaisir et au bout d’une heure ou deux, je n’ai plus qu’une envie, c’est de sauter sur mon copain comme une furieuse ! Évoquées par les pratiques taoïstes et tantriques, elles auraient pu offrir une solution aux doctrines cabalistiques, hantées par la dualité du genre humain. Ainsi, l’homme était-il d’abord composé de deux parties, une partie mâle et une autre femelle, détachées par la suite l’une de l’autre pour former un homme et une femme… Selon cette interprétation de la Genèse, homme et femme sont les deux moitiés d’un être unique, qui est l’image de Dieu.


Pourtant, les boules de geishas ne sont plus seulement dévolues à un usage féminin. Certains hommes, curieux de l’effet provoqué par cet instrument sur l’organisme de leur compagne, utilisent des sphères d’un plus gros diamètre, qu’ils introduisent dans le rectum. Quel que soit l’usage qu’on en fasse, il est primordial de faire attention à pouvoir retirer les boules de geisha en toute occasion, ce qui se fait au moyen de la cordelette qui les réunit. Des incidents peuvent arriver, mais ils ne sont généralement pas graves, de l’avis du Dr Verstraete, gynécologue. Ils tiennent plus à une méconnaissance de son propre corps par la personne qui les utilise à mauvais escient, et l’attrait pour ce genre d’accessoires est surtout l’effet des préoccupations de notre monde moderne, où tout est analysé à l’excès. Certains de ses collègues, d’ailleurs, n’hésitent pas à déclarer qu’ils n’en ont jamais vu, jamais entendu parler, mais préviennent des contre-indications qui peuvent exister en ce qui concerne tous les objets introduits à l’intérieur de l’organisme.


Composé par deux globes de 3,5 à 5 cm, réunis par un lien, l’objet ne pèse que quelques grammes. À l’intérieur de chacune des boules, une plus petite, généralement en métal, produit des chocs contre le globe et provoque des vibrations, plus ou moins bruyantes selon le modèle, engendrant une sensation de plaisir et d’excitation. Ce sont les mouvements du corps, ou l’effet des contractions vaginales, qui sont à l’origine de ces heurts et génèrent à chaque fois une onde de choc dans le bas-ventre. L’utilisation des boules de geisha se fait essentiellement en dehors des rapports sexuels, notamment lors d’activités quotidiennes ordinaires, mais elle peut ouvrir la porte à des jeux érotiques, en particulier lors de leur introduction ou de leur extraction. Il y en a de différents modèles, avec des reliefs tout autour des boules pour stimuler les parois vaginales, en silicone ou en caoutchouc, en latex ou en plastique doux, et parfois en métal. L’imagination des designers n’a pas de limite en la matière, et une gamme étendue de boules de geisha est à la disposition de celles qui souhaitent s’offrir du plaisir en toute discrétion, pour un prix allant de 5 à 20 euros… Le principe, en dépit de toutes les améliorations apportées à cet objet, reste le même, celles-ci relevant plus du marketing et du gadget que d’autre chose.


Laurence, directrice de la boutique parisienne Dèmonia, insiste en revanche sur les précautions d’hygiène à prendre en ce qui concerne l’utilisation des boules de geisha, ainsi que sur l’importance pour chacun d’acheter un produit adapté à sa propre morphologie et à ses goûts. Le choix est large, puisqu’il existe une 20aine de produits différents… L’engouement pour cet accessoire est réel, dans la mesure où, sous le couvert d’une rééducation post-natale, des laboratoires commencent à proposer des produits similaires, destinés à remuscler le périnée. Il faut bien constater que la culture occidentale est plus portée à cultiver la douleur que le plaisir : parmi les différents protocoles en usage à l’hôpital, certaines pratiques feraient presque penser à la gégène… Cathy reconnaît avoir souffert de cette expérience, où des électrodes lui étaient appliquées en divers points de la paroi vaginale, avant qu’un courant électrique de faible intensité ne passe en raidissant les muscles à l’intérieur de son bassin. Bien que remboursée intégralement par la Sécurité sociale, elle en garde un mauvais souvenir et préfère à l’avenir des soins moins traumatisants.

Les Boules de Geisha ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale


Pour le ministère de la Santé, les boules de geisha sont des produits de consommation courante, et ne relèvent pas de sa compétence. Dans la mesure où il n’existe pas d’indication thérapeutique, elles ne sont pas soumises à l’autorisation de mise sur le marché, alors que les médicaments le sont tous. En ce qui concerne les sex toys, seules les pratiques à risque font l’objet d’un suivi de la Direction générale de la Santé. En l’occurrence et en l’absence d’accidents ou de retour négatifs en ce qui concerne les boules de geisha, les services de Roselyne Bachelot renvoient le consommateur à la Direction générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes (DgCCRF). Mais en l’absence d’une réglementation spécifique, les "sex toys" sont soumis à l’obligation générale de sécurité, comme tous les produits mis en vente dans l’Union européenne. La directive 2001-95 impose une obligation générale de sécurité à tout produit destiné aux consommateurs ou susceptible d’être utilisé par eux, y compris les produits utilisés dans le cadre d’un service. Restent exclus les biens d’occasion qui ont une valeur d’antiquité ou qui doivent être réparés.


Les boules de geisha vendues sur le territoire français se doivent donc d’être en conformité avec l’obligation générale de sécurité. C’est à dire que l’administration considère cet objet comme anodin, et sans danger particulier pour l’utilisateur, qu’il ne présente aucun risque ou qui ne présente que des risques réduits compatibles avec l’utilisation du produit et acceptables à l’égard d’une protection élevée pour la santé et la sécurité des personnes. Il se doit simplement d’être conforme aux dispositions communautaires spécifiques régissant sa sécurité, et il est permis de s’interroger sur le peu d’intérêt porté à ce type d’accessoires. Il n’est pas prévu de contrôle a priori sur les sex toys, bien qu’ils soient forcément en contact avec les muqueuses des parties génitales ou des organes anatomiques internes. En dépit de leur nom, ils ne sont pas considérés comme des jouets, et lorsque les producteurs ou les distributeurs constatent qu’un produit est dangereux, ils doivent seulement prévenir les autorités compétentes, et collaborer, le cas échéant, avec elles.


L’attention portée à la sécurité de ces objets est donc de pure forme, et le responsable de la première mise sur le marché d’un produit est donc tenu de vérifier que celui-ci est conforme aux prescriptions en vigueur. En fait, la DgCCRF nous confirme qu’aucune enquête nationale n’a été programmée dans ce secteur mais que bien sûr les enquêteurs peuvent être amenés, dans le cadre de leur mission, à vérifier la conformité des produits lors de contrôles ponctuels. La quasi-totalité des boules de geisha est importée de Chine par des négociants allemands, belges ou néerlandais, elle est par voie de conséquence astreinte aux contrôles douaniers.


Là encore, il faut remarquer le peu d’attention porté à des produits qui ne constituent pas une priorité. Les 187 contrôles en laboratoire effectués en 2007 (¼ en moins par rapport à l’année précédente pour ¼ de danger en plus !) l’ont été sur ciblage, suite à une attention particulière accordée à certains produits, comme les matériels électriques, les jouets, les mini-motos, les chaussures de sécurité, les barbecue à gaz, etc. Des contrôles approfondis ont néanmoins été diligentés sur des conteneurs de préservatifs, pour répondre à des préoccupations de santé publique et surtout en raison des contrefaçons venues des pays d’Extrême-Orient. Bien qu’ils demeurent marginaux, la même précaution n’est pas accordée aux sex toys. La préoccupation de l’administration est manifestement de faire de l’affichage en vue de rassurer la population quant à la sécurité des produits, plutôt que de mener une politique de contrôles efficace, se désole un responsable syndical.


Malgré le nom qu’ils portent en anglais — un nom qu’il est désormais plus chic d’utiliser dans notre langue, les accessoires du plaisir sexuel ne sont pas considérés comme des jouets, quand bien même ils pourraient être soumis à des normes identiques. Le cas pourrait en effet se présenter que des phtalates ou d’autres molécules toxiques soient décelées dans les boules de geisha, comme dans les autres sex toys, ainsi que les douaniers ont pu le constater sur des tétines… Une information plus complète des utilisateurs en ce qui concerne leur propre corps et un contrôle plus rigoureux sur les normes et les processus de fabrication permettraient d’éviter bien des désagréments : au bout d’une heure trente, j’ai commencé à avoir des douleurs prononcées au ventre, des vertiges et je commençais à perdre contact avec la réalité ; aussi, faisant le lien avec les boules de geisha, je les ai ôtées et mon malaise a disparu en une demi-heure !


Qu’il s’agisse de la qualité des produits, des précautions d’usage, un certain flou demeure à propos des boules de geisha et des sex toys en général, et l’administration paraît plus préoccupée du pouvoir d’achat que du bien-être des citoyens français. En ce qui concerne l’intérêt de tels accessoires du point de vue médical, de l’avis du Dr Verstraete, aucune étude sérieuse n’a été faite à ce jour. Il est plus que temps que nos technocrates redescendent sur terre et cessent de se prendre pour de purs esprits. Des femmes et des hommes nous gouvernent, ils ont aussi des rêves et des désirs, et les Français ne leur en voudront pas de chercher à les réaliser pourvu qu’ils prêtent attention aux nôtres.

 

 


Lorsque l’astre engloutit les remparts de Jaffa
Sous la torpeur dont chacun doit subir l’ivresse,
Je sais bien qu’une femme aux cheveux d’or paresse
Oisive et dévêtue, au fond d’un grand sofa


Tendu de velours jaune, or vanné, mais d’alfa,
Fournissant à son rêve une folle caresse
Pour que l’index à l’ongle aigu, son sexe oppresse !
Cette esclave appartient au chérif Mustapha.


Sans un soupir, elle est dans cet orient, du sabre
De son seigneur, sinon de chair claire, ou de marbre,
Le fourreau de cuir blanc qu’en France, il enleva.


Car ploient, dans les parfums qui le barbare affaisse,
Les minarets pointus que nul roi ne brava
Sur le corps énervé de la blonde princesse.