LES GRANDS PRÉS" A VINEUIL SAINT FIRMIN

LES GRANDS PRÉS" A VINEUIL SAINT FIRMIN

Dans la série "Les étapes gourmandes du petitbeaubaton" et après les Yvelines dimanche dernier me voici de retour en Région Nord-Picardie, dans le très beau département de l’Oise et à proximité de la ville de Chantilly.

Ayant vu quelques superbes chevaux à l’entraînement ce matin, je me dirige vers Senlis en quête d’un nouveau restaurant. Je n’irai pas jusqu’à Senlis, puisque je me laisse guider par mon instinct qui me trompe parfois. J’emprunte la route départemental 138 en direction de Vineuil Saint Firmin (beau petit village de 1500 âmes) et je remarque une grande bâtisse style longère, de plain pied, que je prends pour un magasin de meubles.

Il s’agit d’un restaurant qui se trouve en retrait de la route, au fond d’un endroit vert et calme. Le parking est à l’entrée et il faut parcourir environ 200 mètres pour se retrouver devant la façade d’un établissement qui porte l’enseigne "Les Grands Prés". Un barnum est campé à proximité et quelques ampoules sont encore présentes, comme pour nous rappeler la proximité des fêtes du 14 juillet. A l’extérieur, pas de menu et il faut que je me renseigne auprès d’un jeune homme pour savoir si le restaurant est ouvert. L’homme me répond aimablement et m’invite même à prendre un café plein de marc, pour avoir le temps de consulter menus et carte. Il y a deux menus dont un à 20 euros et l’autre à 30 euros. Le choix paraît satisfaisant et me convient parfaitement, il est 11 heures et je retiens une table pour midi. L’homme me demande de venir plutôt pour 12h15 (on se demande bien pourquoi) et je m’en vais gambader dans cette superbe forêt de Chantilly qui dégage une agréable senteur de pins parasols, en même temps qu’une douce fraîcheur, en cette chaude journée d’été du 22 juillet.

A l’heure prescrite, j’arrive et gare mon véhicule près d’un dépotoir qui longe le restaurant et où semble régner un grand désordre. Je passe par les toilettes qui ne sont pas indiquées et se trouvent à l’opposé de la cuisine... donc, pas moyen de jeter un coup d’oeil même furtif. Les cabines des W.C. sont étroites et je me demande bien comment ferait une personne à mobilité réduite pour entrer dans cet endroit exigu. En sortant pour me laver les mains, je tombe nez à nez avec une ampoule qui pend sur un miroir placé au-dessus du lavabo. Un fil est dénudé et l’applique est placée sur le rebord qui jouxte l’évier. En revenant des toilettes, je tombe sur le jeune homme qui m’a reçu tantôt et qui s’active à la presse à repasser afin de défroisser nappes et serviettes en tissus rose pâle. Un affreux doute me prend... et si j’étais tombé sur "Le Tord-Boyaux" décrit, non sans humour, dans la chanson de Pierre Perret - pourvu que le patron ne s’appelle pas "Bruno" ! Mais puisque j’ai décidé de tester ce restaurant, au hasard, je décide de rester même si je dois être couvert de boutons, comme Louis de Funès dans "L’aile ou la cuisse". Je m’installe sur la terrasse bordée de géraniums et de gazon, puis le patron vient me proposer de baisser le store de toile pour m’abriter du soleil, ce que j’accepte volontiers. Je suis assis sur un fauteuil en plastique blanc de jardin sans coussin, comme pour un pique-nique et sous la nappe je découvre une table en formica marron dont la bordure se décolle.

Je commande un américano et quelques chips me sont livrées en prime. Je prends le menu à 30 euros, avec un demi Saint Nicolas de Bourgueil 2006 "Le Vigneau" et de l’eau p> étillante en supplément.
> Arrive une belle coquille Saint-Jacques, dont la bordure a été soudée à l’aide d’une pâte briochée dorée.

Le patron passe la lame de mon "couteau à entrée" entre les dents du coquillage et la soudure pâtissière, j’assiste là à un vrai spectacle lorsque le couvercle s’échappe un peu rapidement. Un odorant fumet parvient jusqu’à mes narines et le patron me laisse le couvert utilisé et maculé de sauce. Les noix de Saint-Jacques ont été émincées en fines lamelles, elles reposent sur une julienne de légumes et elles sont toutes soudées entre elles par la cuisson... c’est d’un pratique pour la dégustation, sans même un couvert à poisson. L’ensemble est très goûteux, mais assez peu présentable.

Le plat de résistance est un magret de canard au miel, raisins de corinthe, purée de carottes, röstis de pommes de terre et haricots verts. Le magret a été tranché de la même façon que la noix de Saint-Jacques et est livrée rosé, alors que j’avais demandé une cuisson à point.

Je demande une part généreuse de brie, posée sur une salade en sachet recouverte de vinaigrette moutardée prête à l’emploi... et je suis obligé de redemander un peu de pain. Si la première corbeille de pain contenait de la baguette fraîche, cette baguette-là doit dater de ce matin ou d’hier soir. Le patron fume à l’extérieur et rentre à l’intérieur de la salle de restaurant, avec sa cigarette pour aller chercher le pain.
> Les "profiteroles maison" semblent fraîches et l’on s’en rend compte à la qualité de la pâte à choux, cependant elles disparaissent sous une montagne de crème Chantilly (mais c’est la région !), dans une coupe de verre estampillée à la marque "carte d’or".

Le patron est malgré tout un brave homme, puisqu’il m’offre une coupe de champagne à la fin du repas en tenant des propos sympathiques. A-t-il deviné que je venais tester son établissement... je le pense ! Cependant il ne semble pas fait pour tenir un restaurant traditionnel.

Il y a un manque évident d’hygiène, de sécurité et de classe dans cet endroit qui serait plus destiné à servir de brasserie que de restaurant.
En conclusion, je ne recommande pas ce restaurant.