Partisan, mon frère, où te caches-tu ?

Partisan, mon frère, où te caches-tu ?

Quand la censure et la lâcheté règnent en maître sur le pays des Droits de l’Homme, il faut reprendre le combat.

Petit état des lieux :
Notre confrère, Le Canard enchaîné, stigmatisait il y a peu la naïveté du ministre de l’intérieur quand ce dernier feignait de découvrir, surpris (sic), que la Corse était plus ou moins infiltrée par des sociétés mafieuses au lendemain du fiasco de son référendum. Ce que tout le monde sait depuis trente ans et plus …

Et voici que ces jours-ci Nicolas Sarkosy nous délivre une sottise monumentale en s’en prenant à un groupe de rap qui a eu la mauvaise idée d’écrire une chanson sur la Palestine, de traiter "Sharon de charogne" (quand les médias israéliens stigmatisent Chirac en infâme antisémite et que tout le monde dit bravo !), de demander le retour des réfugiés et le départ des colons "en bus" (ce qui est quand même plus humain que les humiliations subies par les Palestiniens chassés à coups de fusil en 1948, 1967, 1973, etc.).

Propos antisémite, dixit le locataire de la place Beauvau. Comme la chanson date de plus de six mois on ne peut engager de procédure judiciaire, mais les policiers ont reçu l’ordre d’intervenir si le groupe la chantait sur scène. On se croirait revenu dans les seventies quand les Doors étaient poursuivis pour outrage lorsqu’ils chantaient "Light my fire".
Ce qui est désormais en passe de devenir "l’affaire Shamir" démontre l’ingérence monoaxiale des organismes telle que la LICRA, le CRIF, l’UJF ou la Ligue de Défense Juive et autre Bétar. Le retrait (en cours) du livre d’Israël Shamir (L’autre visage d’Israël, éditions Balland/Blanche), moins d’un mois après sa mise en vente, est inadmissible. Nouvelle victime collatérale d’une censure instrumentalisée (le simple envoi d’un fax de menace aux éditeurs a suffi) dès lors qu’il convient de s’élever face à celui qui ose critiquer Israël ou parler des Juifs, alors que le torchon islamophobe d’Oriana Fallaci a inondé les gondoles de nos rayons dans le silence assourdissant de nos intellos de service.
Deux poids deux mesures ?

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Pourquoi Alexandre Adler, BHL, Gluksmann et consorts n’ont-ils que des réactions pavloviennes liées à tout ce qui touche leur communauté, et uniquement ? Sans parler d’Alain Finkelkraut et Elisabeth Schemla qui n’ont pas hésité à apporter leur caution morale à Oriana Fallaci. N’est-ce pas de la provocation ? de la haine anti-arabe ? du racisme pur ?
S’il convient de reconnaître leur action à dénoncer les horreurs qui se sont déroulées à Sarajevo, en Afghanistan, au Rwanda, etc. on ne peut qu’être indigné par la manière dont ils chaussent leur œillères quand il s’agit d’Israël. La qualité première d’un "intellectuel" est l’objectivité. En l’état, il est manifeste qu’ils en manquent tous !
D’autre part, il est odieux d’entendre BHL faire un parallèle entre la tribune de Tariq Ramadan et le "Protocole des sages de Sion", comme il est intolérable qu’Alain Finkielkraut ose parler en France de nouvelles "nuits de cristal" pour dénoncer les actes antisémites. Sont-ils encore conscients, ces messieurs bien mis, de la portée de leurs propos ? Il me paraît dangereux de passionner à l’excès la forme du débat quand, en sus, on fait tout pour éviter le fond du discours.
Pas plus de réaction quant aux propos tenus vendredi 24 octobre, sur LCI, par Claude Imbert, fondateur et éditorialiste du journal Le Point, qui s’est déclaré islamophobe. Pour qu’il n’y ait aucune ambiguïté, il a précisé que son propos visait l’Islam (la foi et la culture) et non l’islamisme. Vous avez entendu " Philosophes et Cie " s’indigner ? Menacer d’un procès ? Moi, non. Mais j’ai l’oreille un peu sourde, sans doute … Mais le journaliste qui dirigeait le débat n’a pas plus réagi que Jacques Julliard, qui lui faisait face, éditorialiste au Nouvel Observateur.
Alors ? En France on peut "casser" du Musulman en toute impunité mais surtout ne rien dire à propos des Juifs ? Soit.
Tariq Ramadan parle d’un repli identitaire dans le débat des idées. Il a raison ! Il avait " avancé [l’idée] que certains intellectuels versaient dans une réflexion dangereusement communautaire, mais nous observons ici un phénomène bien plus grave encore, puisqu’il s’agit de l’expression d’un pur réflexe communautaire, du domaine du passionnel, de l’impensé et, au fond, incroyablement disproportionné. Il n’y a plus débat, il ne reste qu’invectives et insultes. "Et comme il a encore raison d’affirmer" clairement qu’un certain nombre d’intellectuels, majoritairement juifs mais pas seulement, sont en train de nous imposer une lecture biaisée des enjeux politiques nationaux et internationaux. " (1)

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux
Sur nos plaines ?
Ami, entends-tu ces cris sourds du pays
Qu’on enchaîne ?
Ohé ! partisans, ouvriers et paysans,
C’est l’alarme.
Ce soir, l’ennemi connaîtra le prix du sang
Et des larmes.

Alors, où se situe le problème ?
Pourquoi la syntaxe française, si fière de la richesse de sa langue, si orgueilleuse de la splendeur de ses idées, se voit elle amputée d’un mot majeur sans réagir ? Pourquoi le fait de nommer devient un parjure, une abomination ? Parce que le discours de la méthode, si cher à nos illustres penseurs d’antan, se vautre dans le consensus, ce mot gluant qui respire la médiocrité. Consensus pour ne pas dire pensée unique, dans le sens du vent soufflé par les manipulateurs d’informations et les puissants du jour.
Dans le monde anglo-saxon on les nomme "spin doctor".
To spin, en anglais, signifie "faire tourner", utilisé ici dans le sens sportif, comme au tennis, faire tourner la balle, lui donner de l’effet pour changer sa trajectoire. Les "spin doctors" s’emploient à brouiller les repères, à calomnier, à inventer, à l’exemple des ADM que Saddam Hussein auraient pu déployer en 45 minutes. Sauf, qu’il n’a jamais eu d’ADM. Depuis 1991 le pays était retourné à l’âge de pierre moins un siècle (on l’a achevé cette année), mais ce n’est pas ici notre sujet. Quoique, cela démontre le principe de fonctionnement : orienter l’opinion vers un autre axe, pour l’Irak la menace militaire extrême, et ainsi cacher la véritable raison de la guerre : le pétrole, afin de se soustraire de la dépendance saoudienne.

Israël Shamir est donc victime des manipulateurs du bien penser. Mais qui en oublient toute logique puisque TOUS les articles du livre sont déjà sur Internet, sur le site de l’auteur, en douze langues … Bonne lecture !

Il faut dire que l’on marche sur la tête. J’ai assisté, il y a quelques jours, sur le forum d’une association qui regroupe des enseignants qui œuvrent au rapprochement des écoles palestiniennes et israéliennes, à une altercation entre une israélienne et un juif français qui la taxait d’antisémite (sic) car elle avait osé se demander si Finkelkraut et Cie ne se sentaient pas juif et/ou israélien avant d’être français ; elle se posait la question de la citoyenneté de ces sbires de Sharon qui empoisonnent le discours républicain français. Et vlan ! sur son nez. Que n’avait-elle pas dit là la malheureuse…
Dans tous les cas, cela montre une nouvelle fois que l’on ne peut pas s’engager à moitié. La tiédeur, le consensus mou n’ira nulle part, sauf de faire le jeu de plus fort. En l’occurrence de celui que l’on est censé combattre.

C’est nous qui brisons
Les barreaux des prisons
Pour nos frères.

Dominique Strauss-Khan, alors ministre en exercice, a avoué se poser tous les matins la question de savoir comment, en tant que juif, il pouvait, dans le cadre de ses fonctions, aider au mieux les intérêts d’Israël (2).
Propos pour le moins dérangeants, voir choquant. Qui a bougé ? Personne ! …
Pour bien comprendre, inversons la donne : un ministre israélien, en fonction, se demande tous les matins comment aider au mieux les intérêts de l’Ukraine, son pays natal. Déclaration le matin, arrestation à midi, procès pour le goûter et 20 ans de tôle dès le soir venu. En toute logique. Cela s’appelle de la " haute trahison ". Mais en France, non. Enfin si, si vous n’êtes pas juif et que vous ne travaillez pas pour Israël. Camarades ministres n’allez pas vous demander comment aider la Pologne, la Bosnie, Malte ou Singapour, vous finiriez au cachot …

Mais revenons à notre ami Shamir. Il nous livra début octobre un brûlot de cris et de fureurs mais aussi un formidable témoignage qui rétablie la vérité sur bien des questions, des écrits, des déclarations, des faits, des croyances et des mythes qui entourent l’histoire de la Palestine et des Juifs.
Ce journaliste et écrivain juif israélien d’origine russe, fait partie de ces électrons libres qui, à l’instar de Michael Warschawski en Israël ou d’Eric Hazan à Paris (éditeur - La Fabrique - d’un certain L’industrie de l’Holocauste, de Norman Finkelstein, qui fit un beau tollé !), n’ont de cesse de remuer les consciences de la société civile israélienne et d’essayer de bousculer les mouvements sionistes qui influencent de par le monde la bonne marche de l’humanité. Ces Justes tiennent un discours semblable à celui des "nouveaux historiens" israéliens qui se battent pour rétablir la vérité. Corollaire indispensable à ce qu’un jour un paix juste et durable s’instaure en Palestine.

Car la Palestine est née sur un mensonge, une doctrine politique qui puise une partie de son assise sur la religion et l’autre sur un postulat aberrant : "une terre sans peuple pour un peuple sans terre". Shamir l’affirme d’entrée de jeu : "Nos prétentions, à nous autre Juifs d’Israël, sont, pour le moins, discutables. A l’instar de Richard III, nous nous sommes emparés du titre et de la couronne et comme lui, nous nous sentirons menacés tant que les héritiers légitimes du trône seront en vie." Cela a le mérite d’être clair. Mais voilà une déclaration qui le range d’emblée dans la case des "ennemis d’Israël".
Mensonge d’état auxquels viennent se greffer d’autres omissions, fantasmes ou paranoïas. Par exemple, le New York Times qui a " raconté, en 1990, qu’on allait massacrer les juifs à Moscou, ce qui n’arriva pas, mais provoqua le départ d’un million de Juifs russe en Israël. " Pourquoi le MRAP, la LICRA et Cie n’écrivent-ils pas très vite au New York Times pour leur faire le procès du siècle ? Car désinformer à ce point en invoquant le Diable c’est un crime contre l’humanité, un acte raciste, une attaque contre les Juifs ! Osez mentir sur ce sujet (le pogrom), diffamer, induire en erreur, évoquer le souvenir de l’Holocauste pour forcer des innocents à fuir leur pays pour aller servir les intérêts nauséabonds d’un état qui pratique l’apartheid, oui, cela est une faute sans appel.
Et cela porte atteinte à l’intégrité morale des Juifs, à leur image, et tend une nouvelle fois à détruire les valeurs culturelles juives en les enfermant dans le ghetto du "peuple persécuté" alors que vraiment la culture juive, l’âme juive, c’est quand même autre chose …
George Steiner, Léonard Cohen, Artur Rubinstein … voilà l’âme juive, la conscience juive, la culture juive au firmament du monde ; là oui !
Dernier joyau en date, le dernier livre de Philip Roth, La tâche, avec son corollaire hollywoodien, le très beau film, La couleur du mensonge, qui nourrit mon propos :
c’est l’histoire de la bêtise humaine narrée sous la parabole d’un juif noir qui tait ses origines et se voit congédié pour racisme. Le comble de l’absurde. Le tableau de notre société si nous n’y prenons pas garde. Alors, ami noir, blanc, juif, arabe, jaune, rouge, vert … tous ensemble pour bouter hors de nos murs le sycomore du politiquement correct.

Désolidarisons-nous des obtus, des sionistes, des fascistes, des fondamentalistes et de toute personne qui tendrait à associer un Juif ou un Musulman avec une doctrine politique. L’une (la personne humaine) et l’autre (la doctrine religieuse et/ou politique) doivent vivre une existence séparée, l’une et l’autre doivent être analysée, commentée voire combattue sans y induire le principe du clan, de la communauté, de l’ethnie, de la race.
Le terrorisme islamique fait du tort aux Musulmans, le terrorisme d’état sioniste fait du tort aux Juifs. Finkelstein conclut d’ailleurs son dernier livre par cette phrase sans appel : "Une chose est certaine : la situation des Juifs dans le monde ne fera que se détériorer s’ils ne se désolidarisent pas publiquement des crimes commis par Israël." Vous en avez connu des africains du sud qui ont soutenus l’apartheid et qui sont devenus très populaires ? Moi pas. CQFD.

Il n’y a donc point de liberté de parole. On peut publier le "livre noir du Communisme", parler de l’anus artificiel du Pape, de la sexualité d’Hitler … Grand déballage à tous les étages de l’Histoire mais pas un mot sur Israël …
qui a comme chef suprême un psychopathe qui devrait rejoindre au plus vite Milosevic dans les geôles du TPI, à La Haye, car il ne peut pas représenter dignement le peuple juif … En effet, un "esprit démocrate et empreint de justice ne se sépare pas de la politique de Sharon [comme le dit BHL, parfois], il la condamne. Et sans contorsion intellectuelle." (1)
Mais … chuuuutttt …
Ne dîtes rien. Agissez plutôt.

PS -
J’ai rédigé cet article en écoutant le chant des partisans. La voix inégalée de Léonard Cohen me contait de sa voix rauque et chaude la chanson de Joseph Kessel qui unissait TOUS LES HOMMES au nom du combat contre l’obscurantisme et le fascisme : "mais je n’ai pas peur / j’ai repris mon âme / j’ai changé cent fois de nom / j’ai perdu femme et enfant / mais j’ai tant d’amis" …
Vous vous souvenez ?
Alors, Partisans, mes frères, c’est l’heure de reprendre le combat.
Debout ! vous tous, pour faire front … Y’a du boulot !

- - - -

(1) extraits de "Tariq Ramadan réplique à Bernard-Henri Lévy" in Le Point du vendredi 17 octobre 2003

(2) "Je considère que tout juif de la diaspora, et donc de France, doit, partout où il peut, apporter son aide à Israël. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est important que les juifs prennent des responsabilités politiques. En somme, dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, à travers l’ensemble de mes actions, j’essaie d’apporter ma modeste pierre à la construction d’Israël."
Dominique Strauss-Kahn (1991)
Dominique Strauss-Kahn est Député du groupe Socialiste à l’Assemblée Nationale française, Membre de la commission des affaires étrangères, adjoint au Maire de Sarcelles, dans le Val-d’Oise, ancien Ministre de l’industrie et du commerce extérieur d’avril 1992 à mars 1993, ancien Ministre de l’économie, des finances et de l’industrie de juin 1997 à novembre 1999. Cette citation est extraite d’un article diffusé dans la rubrique "Réseau" de ce PiP : N° 26. Trop Proche-Orient par Slimane Zeghidour in La Vie du jeudi 11 avril 2002

PS -
J’ai rédigé cet article en écoutant le chant des partisans. La voix inégalée de Léonard Cohen me contait de sa voix rauque et chaude la chanson de Joseph Kessel qui unissait TOUS LES HOMMES au nom du combat contre l’obscurantisme et le fascisme : "mais je n’ai pas peur / j’ai repris mon âme / j’ai changé cent fois de nom / j’ai perdu femme et enfant / mais j’ai tant d’amis" …
Vous vous souvenez ?
Alors, Partisans, mes frères, c’est l’heure de reprendre le combat.
Debout ! vous tous, pour faire front … Y’a du boulot !

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(1) extraits de "Tariq Ramadan réplique à Bernard-Henri Lévy" in Le Point du vendredi 17 octobre 2003

(2) "Je considère que tout juif de la diaspora, et donc de France, doit, partout où il peut, apporter son aide à Israël. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est important que les juifs prennent des responsabilités politiques. En somme, dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, à travers l’ensemble de mes actions, j’essaie d’apporter ma modeste pierre à la construction d’Israël."
Dominique Strauss-Kahn (1991)
Dominique Strauss-Kahn est Député du groupe Socialiste à l’Assemblée Nationale française, Membre de la commission des affaires étrangères, adjoint au Maire de Sarcelles, dans le Val-d’Oise, ancien Ministre de l’industrie et du commerce extérieur d’avril 1992 à mars 1993, ancien Ministre de l’économie, des finances et de l’industrie de juin 1997 à novembre 1999. Cette citation est extraite d’un article diffusé dans la rubrique "Réseau" de ce PiP : N° 26. Trop Proche-Orient par Slimane Zeghidour in La Vie du jeudi 11 avril 2002