Pompiers et Militaires à la Fête avec Nicolas Sarkozy

Pompiers et Militaires à la Fête avec Nicolas Sarkozy

Comme chaque année, la célébration de la prise de la Bastille est l’occasion pour le peuple français de rendre hommage au travail quotidien des hommes et des femmes qui ont choisi de le protéger contre les menaces et les catastrophes. Cette année cependant, le cœur n’y est pas pour les militaires, qui pour certains participent pour la dernière fois au traditionnel défilé sur les Champs-Élysées, comme pour les pompiers qui ouvrent leurs casernes au public dans la gêne le temps d’un bal populaire.

Les Français ont une bonne opinion de leurs forces de Défense et de sécurité selon un sondage IFOP publié dans Le Journal du Dimanche. D’après cette enquête réalisée par téléphone auprès de 960 personnes, 100% des sondés disent avoir une bonne opinion des pompiers. Les militaires et les gendarmes arrivent à égalité derrière, avec 88% de bonnes opinions. Les policiers ferment la marche, avec tout de même 81% d’opinions positives. Douze ans après la suppression du service militaire obligatoire par le président Jacques Chirac, 61% des Français disent regretter cette décision. La proportion grimpe à 69% chez les sondés âgés de 35 ans et plus.
Le défilé du 14 juillet, qui se déroule sous le regard acéré de Nicolas Sarkozy n’est cependant plus réservé aux seuls militaires : le service de sécurité du ministère de l’Intérieur, seule unité constituée de la direction de la Police nationale, y prend part pour la 1ère fois, derrière le drapeau du ministère dont il a la garde. Une compagnie de sapeurs-pompiers provenant de départements de la région parisienne et constitué à 80% de volontaires est également présente, aux côtés de l’École nationale supérieure des officiers de sapeurs pompiers.


Manifestation de la reconnaissance et du respect porté par la nation à ses forces armées, la fête nationale rend hommage, cette année, aux Casques bleus de l’Organisation des Nations Unies. En présence de son Secrétaire général, Ban Ki-moon, un bataillon multinational de 120 soldats de la paix défile en tête des troupes à pied. 145 Casques bleus de 25 nations différentes, engagés au Liban, à Chypre et dans le Golan sont prévus pour la première fois sur les Champs-Élysées. Parmi eux 21 militaires français, 16 Polonais, 12 Indiens, 10 Autrichiens, 9 Italiens, 7 Espagnols, 6 Argentins, 6 Coréens, 6 Ghanéens, 6 Indonésiens, 6 Népalais, 5 Croates, 5 Britanniques, 5 Malaisiens, 4 Belges, 4 Japonais, 3 Allemands, 3 Grecs, 3 Tanzaniens, 2 Portugais, 1 Canadien, 1 Chypriote, 1 Guatémaltèque, 1 Hongrois et 1 Slovène. Les Casques bleus suivront la bannière bleue en un seul et même carré, celui des Nations Unies.


Le colonel français Bernard Commins, officier de liaison au quartier général de la FINUL, commande ce détachement le temps du défilé. Aujourd’hui, la FINUL compte quelque 12.300 militaires de 26 nationalités différentes. La France est le deuxième contributeur avec environ 1.600 soldats. Les contributions aux forces de maintien de la paix des Nations Unies sont souvent l’apanage des armées les moins bien dotées par leurs pays, et trouvent en y participant l’occasion d’améliorer la solde de leurs contingents et des opportunités d’exercices opérationnels.

Les tringlots du 601ème ont le cœur au bord des lèvres


Cette année encore, un grand nombre d’hommes et de matériels vont prendre part au défilé militaire du 14 juillet. Pour le défilé à pied, 4.377 hommes sont mobilisés, dont 556 membres du ministère de l’Intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales. En plus de ceux qui marchent, il ne faut pas oublier les hommes qui vont piloter les aéronefs, conduire les véhicules et monter à cheval. En ce qui concerne le défilé motorisé, on recense cette année 312 véhicules, dont 83 motos de la gendarmerie nationale, soit un volume réduit de 20% par rapport à l’an passé. Pour le défilé aérien, il y aura exactement 65 aéronefs et 30 hélicoptères. Dans les 65 appareils qui prennent part à l’ouverture de la cérémonie, on en retrouve 48 de l’Armée de l’Air, 8 de la Marine nationale et 9 qui viennent de l’étranger. Pour les hélicoptères, qui clôturent le défilé aérien, on apercevra 13 appareils de l’aviation légère de l’Armée de Terre, 7 de la Marine nationale, 8 de l’Armée de l’Air et 2 appareils étrangers. Enfin, pour le défilé des troupes montées, trottent 241 chevaux du Régiment de Cavalerie de la Garde républicaine, dont 38 cavaliers de la Fanfare.


Missions insolites, dépassement de soi, savoir-faire très spécifiques, font la force des armées françaises. Certains des régiments, écoles et unités qui défilent sur les Champs-Élysées, le 14 juillet, se sont récemment distingués, à un titre ou à un autre :


Le 601ème Régiment de Circulation routière d’Arras veille, en coulisses, au bon déroulement des opérations. Sa mission : organiser le mouvement des troupes motorisées. C’est un honneur qui s’inscrit cette année dans un climat tendu pour l’armée et pour le 601ème en particulier. En effet, venu d’Achern avec les Forces françaises stationnées en Allemagne, cette unité d’Arras, dans le Pas-de-Calais, doit être dissoute dans le cadre du redéploiement prévu par le Livre blanc. Pour nous, le 14 Juillet est une mission prestigieuse, mais surtout opérationnelle, indique le brigadier-chef Laurent Druon, responsable de la communication du 601ème, c’est notre métier pur et dur. De fait, à l’occasion de la fête nationale, ce régiment est sollicité sur toute la gamme de ses missions.


Les Parisiens ont ensuite l’occasion de faire connaissance avec une armée avec laquelle ils ne font plus tout à fait corps. Sur l’esplanade des Invalides, où le chef de l’État eut le privilège d’effectuer son service militaire, un site interarmées expose un certain nombre de matériels en service opérationnel dans les théâtres d’opération extérieurs, sous l’égide des Nations Unies :


Pour Laurent Zecchini, qui publiait une tribune dans un quotidien du soir, ce sera un étrange 14 Juillet. Festif et original, avec des avions MiG, des casques bleus, des parachutistes qui sauteront sur la place de la Concorde, une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement, et Ingrid Betancourt en vedette sud-américaine… Un défilé polémique aussi, avec la présence annoncée du président syrien Bachar Al-Assad, et celle de la promotion "Lieutenant Antoine de La Bâtie" de l’École militaire inter-armes de Coëtquidan, baptisée du nom de l’un des 58 soldats français tués dans l’attentat contre le Drakkar, commis à Beyrouth le 23 octobre 1983, en toute "connaissance" des services syriens. Certains officiers vont plus loin, parlent du retour en force d’un antimilitarisme de droite dans les cercles du pouvoir : la majorité, expliquent-ils, a toujours considéré que les militaires étaient une clientèle électorale captive. Du coup, le chef de l’État ne prend même pas la peine de dissimuler le peu d’estime dans lequel il nous tient. Pour autant, la grogne est silencieuse ou à peu près, et en dépit de la mise en garde d’un quarteron de colonels en retraite, il n’y a pas lieu de craindre une mutinerie sur les Champs-Élysées, contrairement à ce qu’en ont rapporté deux hebdomadaires à sensation.

Le blues des pompiers va rythmer les bals populaires


Se sentant déjà mal aimés par leur ministre de tutelle au cours de la précédente législature (2002-2007), les pompiers font cette année contre mauvaise fortune bon cœur à l’occasion de la fête nationale. La brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) organise ses traditionnels bals à l’occasion du 14 juillet. 40 casernes accueillent la population parisienne et celle des départements de la petite couronne. De 21 heures à 4 heures du matin, les soldats du feu animent ce rendez-vous incontournable qui donne l’occasion de se retrouver en dehors de la détresse et des missions d’urgence quotidiennes. L’entrée cependant, pourra être payante, sinon c’est le traditionnel tonneau qui se tiendra près de l’entrée de la caserne pour recevoir les dons. Les sommes recueillies serviront à l’amélioration de la condition du personnel.


Signe des temps difficiles, le général Joël Prieur déclare qu’il veut facturer les appels abusifs des particuliers, dans un entretien paru dans Le Parisien. Nous allons très probablement demander des comptes à ceux qui font preuve de désinvolture à l’égard du service public, comme c’est déjà le cas en mer ou à la montagne, déclare le patron des pompiers de Paris. Le secours n’a pas de prix mais il a un coût, ajoute-t-il. Je veux donc facturer les appels abusifs. Nous voulons ramener les gens à la raison par le portefeuille. Pour le général Prieur, La population parisienne nous utilise comme les médecins de famille d’autrefois qui se déplaçaient à domicile. Ce n’est pas notre mission.


Depuis quinze ans, le nombre des interventions pour secours à victimes de la BSPP a quadruplé. Lors du dernier trimestre 2007, il a même bondi de 17%. Les pompiers de Paris estiment qu’ils traversent là la deuxième crise la plus importante de leur histoire récente, la première remontant à 1986, quand ils ont récupéré les activités de police-secours, passant de 74.000 interventions en 1985 à 150.000 en 1990. À l’époque, ils avaient courbé l’échine. Mais les pompiers militaires en ont ras le bol et le font savoir. D’autant que, depuis le 25 juin, un document visé par les pompiers, les urgentistes, les ministères de la Santé et de l’Intérieur redéfinit la notion d’urgence. Le nombre d’interventions pour secours à victimes augmente de 6% par an et, dès le mois d’octobre ou de novembre, nous aurons atteint le plafond de nos capacités annuelles : 350.000 interventions, dit encore le général Prieur. Au-delà, nous serons en surchauffe, prévient-il. C’est déjà le cas localement dans 41% de nos casernes. Je lance un cri d’alarme !


Ailleurs, c’est aussi la désillusion, et parfois les soldats du feu n’hésitent pas à passer à l’action pour faire valoir leurs vues auprès des pouvoirs publics. Fin juin, les pompiers de Porto-Vecchio ont organisé le blocage du port de commerce et de la rocade à la veille d’une réunion déterminante pour l’avenir de leur caserne. Ils ont ensuite bloqué symboliquement l’arrivée du car-ferry de la SNCM, sous le regard médusé des passagers contraints de rester à bord. Qu’il s’agisse de leurs casernes, de leurs retraites, de leurs missions ou des primes, la galère des pompiers, qu’ils soient volontaires ou militaires, est une antienne que les restrictions budgétaires ne permettront pas à faire taire. Plusieurs manifestations d’ampleur nationale ont déjà eu lieu, parfois dans la violence, mais sans apporter de solution.


C’est donc en chef de corps et sans aménité que réagit le chef d’état-major des armées Jean-Louis Georgelin à la suppression de 54.000 personnels militaires et contractuels dans la dernière livraison d’Armées d’Aujourd’hui : l’heure n’est donc plus à la discussion, mais à l’action. Nous avons un devoir de réussite et nous devons, sans attendre, nous engager avec courage dans la phase de mise en œuvre. Silence dans les rangs !

 

 


S’il ne fut pas conscrit, ce passant taciturne
Ne saurait, ni savant, ni soldat le rébus
Résoudre ! Ô République : un peuple sous Phébus
Tout entier rugissant, est tombé dans cette urne !


Tes héros, liberté, ont chaussé le cothurne,
Leur nombreuse cohorte avançant sous l’obus,
Pathétique et sauvage, et leurs poitrails fourbus
Offrant à la mitraille un tribut pour Saturne…


Vos cris retentissants sont, pour l’éternité
Dans ce marbre figés, que la mort a sculpté,
Ô soldats de l’An II, ô gloires de la guerre…


Passant ! Retourne-toi vers ce porche païen,
Élève en ce haut lieu ta condition vulgaire
Pour saluer de ces gueux le grand legs… Citoyen !