F.P. MÉNY NOUS PARLE, DANS SON LIVRE : "CONQUÊTE DU DÉSASTRE"

F.P. MÉNY NOUS PARLE, DANS SON LIVRE : "CONQUÊTE DU DÉSASTRE"

Plus qu’un livre "Conquête du désastre", de l’écrivain F.P. Mény, est un véritable témoignage qui nous interpelle sur notre égocentrisme et notre désintérêt pour celles et ceux qui ont fait le choix de vivre en marge de notre Société et qui meurent dans l’indifférence générale, pour aller rejoindre la fosse commune de nos cimetières ou le carré des indigents... comme si on niait jusqu’à leur existence.
Seul, cet incroyable Abbé Pierre avait réussi à ouvrir son coeur, pour montrer qu’il existe encore des humains généreux et compréhensifs.
"Conquête du désastre" pourrait même nous faire penser au dernier chapitre de la Bible "l’Apocalypse", à cause de certaines métaphores employées par l’auteur.

Autrefois appelés "vagabonds" ou "clochards" ces hommes et ces femmes, qui revendiquaient une forme de liberté peu commune, étaient arrêtés pour acte de vagabondage surtout lorsqu’ils ne pouvaient présenter ni argent, ni papiers lors d’un contrôle de police. Aujourd’hui, elles ou ils sont étiquetés de trois lettres terribles : S.D.F. (sans domicile fixe) parce que la Société fabrique des tiroirs pour classer les espèces et les sous espèces... une sorte de racisme déguisé et surtout de rejet !
Certains êtres humains préfèrent être libres dans la rue -sans argent et sans emploi - plutôt que de dépendre d’un système dans lequel, seuls l’argent et le travail sont des signes de reconnaissance et de respect.
Mais est-ce vraiment la liberté, me direz-vous, que de dépendre du bon vouloir et de la générosité des autres.
Les mendiants ne sont pourtant pas méchants, même si quelques fois ils paraissent repoussants.

Lorsque nous dépassons nos à priori, et mettons de côté nos répulsions, nous découvrons des individus grandement surprenants et riches d’un vécu que nous ne soupçonnons même pas. Ils attendent juste un peu de chaleur humaine, une petite pièce ou une cigarette, mais surtout aucune compassion ! Il y a ceux qui donnent sans regarder par peur de se voir comme dans un miroir, juste pour être en paix et se donner bonne conscience, puis il y a ceux qui donnent avec générosité et qui dialoguent... et puis ceux qui insultent, qui crachent au visage et qui attaquent physiquement ces personnes par intolérance.
F.P. Mény a une âme de gitan, une âme vagabonde. Il est parfois difficile de mettre des mots sur des états d’âme du moment. L’être humain - qui a pour seule compagne cette solitude - monologue, comme "Sosie" dans l’Amphitryon de Molière, par peur de ce qui pourrait lui arriver dans cette inhumanité dangereuse car omniprésente.

Les mots de F.P. Mény sont entrelacés d’images pêle-mêle, de rimes poétiques et de vérités très laides.
Poète et routard F.P. Mény porte sa révolte contre la bêtise humaine, tout comme le Christ portait sa Croix.

Son vélo l’aide à trimbaler les quelques objets de sa désespérance, sur les routes de France... la liberté à parfois un prix exorbitant ! F.P. Mény prétend que son équilibre balance entre le silence et la verdure de nos campagnes, puis le bruit et la grisaille de nos villes. Il est un paradoxe à lui seul, mais s’il pouvait nous ouvrir les yeux il ne s’en porterait que mieux... et nous aussi d’ailleurs !

L’écriture de F.P. Mény est un exutoire qui lui permet d’extérioriser ce qui aurait pu l’étouffer. Il étale son dégoût des humains, mais sans aucune haine, seulement avec son regard inquisiteur qui lui permet de survivre quelques temps face à l’horreur de nos vies et de la sienne. Même libre, on est toujours enchaîné un peu ! Certains passages, un peu fouillis, évoquent ses contrariétés qui sont pourtant si claires... comme le chant lancinant d’un mal de vivre. Il se fait parfois phagocyter par ses délires, nés des vapeurs du dieu Bacchus... mais ne dit-on pas que la vérité est dans le vin ?! F.P. Mény est une fourmi qui a fait le choix de quitter la fourmilière pour errer seul, s’en sortira-t-il ?

Du jamais lu auparavant ! Ce récit, d’un bien long voyage de 43 années, entraîna F.P. Mény jusqu’aux frontières de l’irréel et de l’impossible. Ne perdons jamais de vue que, comme le chantait Georges Brassens : "Non les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux".
Ce livre est sorti deux mois avant que l’on retrouve le corps sans vie de F.P. Mény (Frédéric Pontonnier-Mény dit "Efpé"), au fond d’une grange sur une route de Corrèze... c’était le 12 juin 2008, il y a presqu’un mois !

"Conquête du désastre"
de F.P. Mény
aux Éditions Sulliver