Il faut sauver Marina Petrella

Il faut sauver Marina Petrella

Plongée dans un état dépressif gravissime, Marina Petrella est menacée d’extradition vers l’Italie pour des faits liés aux années de plomb. Ne laissons pas faire et exigeons le respect de la parole donnée.

Ancienne brigadiste, Marina Petrella vit en France depuis 1993. L’État français connaissait parfaitement son histoire et l’avait laissée s’installer sans rechigner. Une attitude qui s’inscrivait dans l’esprit de la politique d’accueil des réfugiés italiens mise en œuvre par François Mitterrand au début des années 80. C’était la fameuse « parole donnée »...

Ayant franchement tourné la page des années de plomb italiennes, vivant en pleine lumière, Marina Petrella a pu passer des diplômes grâce au titre de séjour délivré par l’Etat français. Elle est devenue travailleuse sociale dans un centre social d’Epinay-sur-Seine, au CCAS de Saint-Leu-la-Forêt puis dans une agence immobilière à caractère social.

Le 21 août 2007, tout a basculé dans la vie de Marina pendant qu’elle faisait de banales démarches administratives au commissariat d’Argenteuil, ville où elle habite. Sans crier gare, c’est l’arrestation arbitraire et absurde. Arrachée aux siens (elle a deux filles dont une, née en France, est âgée de 10 ans), à ses ami-e-s, à son travail, Marina a été incarcérée à la maison d’arrêt de Fresnes pour des raisons abjectes. Après quinze ans d’asile politique, la France a choisi de foudroyer la vie d’une famille pour flatter le délire sécuritaire italien, pour participer à la tragique mascarade anti-terroriste du nauséabond Berlusconi.

L’aberration de cette situation inhumaine a fait vaciller l’intégrité physique et psychologique de Marina, âgée aujourd’hui de 53 ans. Le 11 avril 2008, elle avait été placée pendant sept semaines à l’hôpital psychiatrique Paul-Guiraud de Villejuif suite à une sévère dépression nerveuse. Compte tenu de son état, elle a de nouveau été conduite dans cet hôpital le 12 juin. Désespérée, elle ne s’alimente plus normalement, renonce aux visites de ses proches. Les médecins experts parlent d’un « état dépressif gravissime » et de « crise suicidaire franche et inquiétante ». L’état de Marina est donc totalement incompatible avec son maintien en détention.

Quelques jours plus tôt, le 9 juin, sur la base de faits vieux de plus de vingt-cinq ans, François Fillon a donné son feu vert pour l’extradition. Marina risque la prison à perpétuité en Italie. Des précédents fâcheux peuvent faire craindre le pire. En 2002, Paolo Persichetti a été extradé. En 2004, Cesare Battisti l’aurait été s’il n’avait pas mis les voiles. L’auteur de romans policiers n’est pas pour autant sorti des griffes de Sarkozy. L’ex-ministre de l’Intérieur devenu par la suite président de la République l’a fait coincer à Rio de Janeiro en mars 2007. Depuis, Battisti croupit dans une cellule brésilienne en espérant que le camarade Lula le sortira de là.

« Consentir à la livraison de Marina Petrella à Berlusconi (et, après elle, combien d’autres sont sur la liste que réclame Rome ?), c’est renoncer encore un peu plus, prévient l’écrivain Jacques Vallet dans Le Monde libertaire du 19 juin 2008. Derrière ce monstrueux marchandage et le drame humain qu’il représente, on voit l’engrenage de « l’inexplicable cauchemar » dont parlait Battisti. Derrière ce scandale se profilent tous les coups bas qui se préparent contre nos vies. Fermer les yeux serait renforcer la démission commune et la démission de chaque individu devant l’entreprise de démolition sociale du sarkozysme. »

Des collectifs de soutien demandent l’abrogation du décret d’extradition et l’application immédiate de la clause humanitaire prévue dans les textes régissant l’extradition depuis 1957. Des personnalités aussi diverses que Jean-Jacques de Félice, Stéphane Hessel, Albert Jacquard, Jean Lacouture, Edgar Morin, Patrick Braouezec, Michel Tubiana, Nicole Borvo, Clémentine Autain, Noël Mamère, Fred Vargas, Dominique Voynet, Danielle Mitterrand..., des responsables religieux, des mouvements féministes, le syndicat de la magistrature, la CIMADE, la Ligue des droits de l’Homme, des militant-e-s de tous horizons syndicaux et politiques, les familles des réfugié-e-s politiques italiens et des milliers de citoyens réclament la libération de Marina et le respect de la « parole donnée » par la France.

Un rassemblement de soutien à Marina Petrella se tiendra le jeudi 26 Juin, à 18h30, devant le square Boucicaut (métro Sèvres-Babylone. Paris 17ème).

Les collectifs parisiens se réunissent tous les mardis, à 18h30, à la FASTI, 58 rue des Amandiers (métro Père-Lachaise).

Plus d’informations et une pétition se trouvent sur le site des collectifs de solidarité avec Marina Petrella

Pour recevoir des infos directement chez vous, envoyez un mail à paroledonnee@no-log.org