Yvon Lambure : peintre, tout simplement

Yvon Lambure : peintre, tout simplement

Peut-on être un peintre du dimanche et espérer quelque reconnaissance ? Les pédants vous diront non. Ils auront tort. En voici la preuve. Traiteur de son état. Rue d’Espagne, à Bayonne. Et autodidacte. Yvon Lambure n’en demeure pas moins un authentique peintre. Qu’on se le dise !

Voici un monsieur qui a ses entrées à Paris. Et que l’on boude en ses terres du sud-ouest. On croit rêver. Les snobes marcheraient-ils sur la tête ? Paris n’est plus si fermée ? La Province est pire que de coutume ? Oui et non. L’impair est réparé depuis peu. D’ailleurs l’éditeur de ce très bel album est établi à Biarritz.
Yvon Lambure est donc peintre. D’ailleurs le virus l’a pris très tôt. Enfant déjà la couleur l’attirait. Il fut très vite passionné par Soutine. Daumier. Rouault. Leur façon d’appliquer la matière le bouleversait. Sur le chemin de l’école il s’attardait devant l’atelier d’un publiciste. Kraemer. Il était touché par la sensibilité de cette publicité peinte. Jeune apprenti, il pensait peinture. Et non pas carrière, au grand dam de son père …

Il peindra longtemps dans sa tête. Frustré de n’avoir le temps de s’adonner à sa passion. Mais une rencontre bouleversera sa vie. Louis-Frédéric Dupuis. L’un des derniers suiveurs de cette fameuse école bayonnaise. Il trouve le travail de Lambure intéressant. Il le prend comme élève. C’est le début d’une nouvelle vie.

Lambure suivra alors l’idée de Camus comme quoi créer c’est aussi donner une forme à son destin. En effet, la peinture de Lambure pose une destinée qu’il détourne à son avantage. Il fait exploser la substance matérielle et charnelle à la fois. Son approche décloisonne la toile en embrasement sobre. Il déroute l’attendu en signes. Il démontre son talent à chaque toile.
Prônant un langage pertinent il s’approprie l’espace. L’imposition des couleurs manipule la distanciation et aggrave l’interprétation. L’arraisonnement de la pensée déclenche la complicité en mémorisant le fait du peintre.

En s’exposant, Yvon Lambure se préserve. Car sa peinture n’a rien d’optionnelle. Elle est ferme, possessive et prégnante à la fois. Elle bonifie le témoin de son articulation experte. Elle est source de volupté.
En son atelier qui surplombe l’Adour, Lambure invite à faire une pause. L’ambiance qui règne ici n’est pas éphémère. Elle provient d’une alchimie. Trace que l’on retrouve en ses toiles. Une traînée inspirée d’un accomplissement du quotidien. D’un résultat d’un long apprentissage. Car la segmentation des échéances induit le recul. Le tableau serait alors ce support rationnel de l’authentique perception ? Sans aucun doute.

Yvon Lambure, Parcours, 240 x 220, Atlantica, mai 2008, 94 p. – 25,00 €