Michel Galabru, un très grand monsieur

Michel Galabru, un très grand monsieur

Michel Galabru est de la trempe des "Grands". Comme tout le monde souhaite mettre une étiquette sur son congénère, on pourrait dire qu’il est un peu l’héritier spirituel de Pagnol, de Guitry et de Raimu. Il a d’ailleurs réussi, et ce n’était pas une mince affaire, à entrer complètement dans la peau du personnage joué par Monsieur Raimu au cinéma et transposée au théâtre par Marcel Pagnol lui-même. Dans la pièce de théâtre, montée par Jérôme Savary en 1985, "La femme du boulanger", Michel Galabru excelle aux côtés de la délicieuse Valérie Mairesse.

Ce rôle ne consistait pas à faire une imitation, mais bien une véritable composition et une performance extraordinaire de comédien. Michel Galabru est un homme qui sort de l’ordinaire et qui fait la liaison entre plusieurs générations d’amateurs de théâtre et de vrai cinéma.
Dans le film de Dany Boon "Bienvenue chez les ch’tis" il fait un passage éclair, mais remarqué, lorsque Kad Merad vient le consulter pour avoir son avis sur le Nord et les "cheutemies".

Galabru est une sorte de "Parrain" qui sort de l’ombre de son fauteuil, en prenant une tête inquiétante et en tenant un discours pas très rassurant... de quoi foutre la trouille ! Toute la profondeur théâtrale et dramaturgique semble soudainement émaner des entrailles de Monsieur Galabru. Lui seul sait garder son sérieux, même dans sa vraie vie qui nous paraît être théâtralisée, tout en sachant nous faire rire jusqu’aux larmes du bonheur... voila bien là le talent immense d’un grand comédien, d’un grandiose acteur et d’un "monstre sacré". Tout le monde aime et apprécie ce Michel Galabru qui est si populaire et pas si bien connu que cela. N’oublions pas que Michel Galabru a été 1er prix d’Art Dramatique avant d’entrer "Au Français", qu’il a obtenu au cinéma le "César" du meilleur acteur ainsi que deux autres "Césars" pour deux meilleurs seconds rôles masculin.

Un "Molière" du comédien lui a également été décerné pour le théâtre. Le plus bel hommage de reconnaissance que l’on puisse rendre à Michel Galabru... c’est maintenant et sûrement pas après ! Michel Galabru doit savoir, aujourd’hui comme hier, que nous l’aimons tout simplement parce qu’il est authentique et que nous nous reconnaissons un peu en lui. Il a ce don inné de savoir nous transporter dans son monde un peu magique qui nous fait tant de bien à l’âme et au coeur, surtout à l’heure où l’on s’emmerde royalement devant une télévision aseptisée et censurée qui nous présente de prétendus jeunes talents qui se ressemblent tous tellement qu’ils doivent avoir été formatés dans des usines de pseudos artistes.

Quel délice de revoir Michel Galabru en "Adjudant Gerber", dans la série des "Gendarmes", avec Louis de Funès en "Ludovic Cruchot". Avec ces deux-là, Jean Girault venait de découvrir le "couple idéal" le plus étonnant et surtout le plus détonnant du cinéma français... une vraie "Commedia dell’ arte" adaptée à la "Toile".

Du théâtre au cinéma, en passant par la télévision et l’écriture autobiographique ou les citations comme :

"Il faut faire attention aux femmes, c’est encore plus traître que l’alcool" (cela nous rappelle Sacha Guitry qui aimait tant les femmes, tout comme notre Michel Galabru qui a un grand respect pour elles), Michel Galabru sait nous enchanter et nous divertir.

Michel Galabru donne des cours de théâtre classique et contemporain, dans son "Cours Galabru" qui est très prisé et réputé pour son travail dans un éventail très large qui va de Molière à Feydeau.
Michel Galabru possède un charmant petit théâtre dans le 18 ème arrondissement de Paris, rue de l’Armée d’Orient qui se trouve à droite en montant la rue Lepic qui nous emmène jusqu’à Montmartre. Cet endroit enrichissant est le lieu privilégié de spectacles humoristiques et théâtraux, voire musicaux.

Sous ses airs bourrus, Michel Galabru possède un vrai coeur de géant et un très bel esprit... et puis cela fait tellement de bien de voir sa "belle bouille".