La passion maudite ressemble à tous les premiers romans en ce sens qu’elle en a les défauts mais aussi pourrait-on dire les qualités de toute nouvelle création. Les défauts d’une première œuvre sont tout à la fois la précipitation, la confusion des genres entraînée d’ailleurs par cette précipitation et une certaine tendance à vouloir tout dire et tout exprimer à la fois. Une boulimie qui s’empare de vous, vous saisit et vous emporte pour ne plus vous relâcher, une véritable hémorragie des sens et une saignée des sentiments.

Les autres défauts, mineurs comparés à la principale qui consiste à vouloir dire quelque chose sont les éléments de style, la manipulation du temps et autres mystifications que ne peut fournir qu’une œuvre livrée à brûle pourpoint, concédée parfois et confiée mais dans le sens où une mère vous confierait sa progéniture. Mais alors, où seraient ces qualités si souvent vantées qu’elles en apparaissent insignifiantes pour ne pas dire improbables ?

En vérité vous dis-je et tel en ces ouvrages ésotériques où il nous est souvent signifié que l’envers et l’endroit sont une même et seule face, un premier roman recèle en lui-même, c’est-à-dire dans ses propres travers, ses perles et ses chatoiements, ses cristaux et ses puretés comme ses impuretés et c’est ainsi depuis que l’écrit existe très probablement car tout le charme réside dans l’innocence et la naïveté de cette fiction dont le sujet est cet amour sans cesse vécu et magnifié, à travers les formes et les ages, à travers les vicissitudes de l’histoire, à travers… mais comme dirait le bateleur, juger par vous-mêmes sans vous laisser influencer . C’était il y a un jour, c’était ils ne furent jamais.

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