John McCain va donner le Coup de Pied de l’Âne à Barack Obama la Semaine prochaine

John McCain va donner le Coup de Pied de l'Âne à Barack Obama la Semaine prochaine

Les États-Unis sont-ils à quelques mois de porter un homme de couleur au pouvoir ? Ce serait bientôt la fin du monde, si l’on accorde foi aux prophéties de Nostradamus… Barack Obama soulève un élan formidable à deux doigts d’obtenir l’investiture démocrate, et se présente à bon droit comme un symbole de changement après 8 ans de politique ultra-conservatrice à la Maison Blanche, comme un signal au monde entier que les temps ont changé. Mais l’enfer est pavé de bonnes intentions, et les Américains sont habitués à prendre leurs vessies pour des lanternes !

Selon les calculs de l’Associated Press basés sur les primaires, les caucus et les déclarations publiques de soutien ou non à Barack Obama, ce dernier a franchi mardi soir le seuil des 2.118 délégués requis pour obtenir l’investiture du Parti démocrate à la convention nationale qui se déroule en août à Denver, dans le Colorado. Il a recueilli le soutien d’au moins 2.144 délégués et super-délégués, ces quelque 800 personnalités du parti de l’Âne au vote libre. Lors des dernières primaires mardi soir, Barack Obama a remporté le Montana, et Hillary Clinton le Dakota du Sud.


Malgré les obstacles, les attaques souvent indignes du camp Clinton, il a su maintenir un discours d’unité, en faveur d’une Amérique nouvelle qui laisse enfin derrière elle ses fractures politiques sociales et raciales. La première victime en est évidemment Hillary Clinton, dont la principale erreur est de n’avoir pas su apprécier la soif de changement de ses compatriotes, après le marasme des années 2000 incarnées par George W. Bush.

Comment Barack Obama peut-il réduire la fracture démocrate ?


Le candidat démocrate à la présidentielle américaine Barack Obama doit vite ressouder un parti divisé par la longue confrontation qui l’a opposé à Hillary Clinton pour espérer gagner la bataille décisive en novembre contre le républicain John McCain.


Quelque 36 millions d’électeurs ont participé aux primaires démocrates, les meetings des candidats à l’investiture démocrate, notamment ceux de Barack Obama, ont mobilisé des foules immenses mais l’antagonisme est grand entre les partisans des deux anciens rivaux après une campagne pour l’investiture souvent âpre et sans merci.


Le Représentant de New York Charlie Rangel, l’un des plus fidèles soutiens d’Hillary Clinton, a affirmé que tous les démocrates allaient soutenir Obama même si beaucoup des supporteurs de Mme Clinton ont encore le cœur brisé. La question de la candidature à la vice-présidence n’est officiellement pas à l’ordre du jour, mais Washington ne parle que de cela.
Pour Charlie Rangel, ce pourrait être un moyen de réunir la famille démocrate. Cela pourrait être une des réponses, a-t-il concédé sur CNN : si nous devions avoir un ticket Obama-Clinton je pense que cela réunirait les démocrates comme rien d’autre ne pourrait le faire.


Beaucoup de gens se demandent : que veut Hillary ? Je veux ce pour quoi je me suis toujours battue : je veux que les quelque 18 millions de personnes qui ont voté pour moi soient respectées et entendues, a déclaré la sénatrice. Je suis déterminée à unir notre parti pour que nous puissions avancer plus fermement et je suis plus prête que jamais à décrocher la Maison Blanche en novembre.


L’ancienne Première dame des États-Unis a donc réussi à cristalliser sur son nom près de la moitié des électeurs démocrates, et s’apprête à les vendre au prix fort à son concurrent. Si le clan Clinton a réussi à embarrasser John Kerry dans le passé, ses ressources ne sont pas entamées, tandis que sa capacité de nuisance a été renforcée par un score indécis jusqu’au dernier moment. Les partisans de Barack Obama ont du souci à se faire dans l’avenir, quand bien même un accord serait trouvé dans les jours prochain sur le ticket, la tenue de la campagne et les options politiques à mettre en avant…


Sur NBC, Howard Wolfson, le principal stratège d’Hillary Clinton, a un peu douché l’enthousiasme unitaire en expliquant que la sénatrice de New York allait sans doute prendre encore quelques jours de réflexion avant de décider de la prochaine étape.

Un candidat du changement contraint par des pratiques d’un autre âge


Durant cette campagne, Barack Obama a souvent dénoncé, notamment chez sa rivale, l’influence et les financements de différents lobbies et groupes d’intérêts dans la course à la Maison Blanche. Il a également prétendu avoir refusé toutes contributions financières des lobbies pour sa campagne, mais certains journalistes américains prétendent le contraire.


Le quotidien USA Today a mené l’enquête sur l’équipe de campagne du sénateur et fait des découvertes surprenantes. Outre leurs fonctions de leveurs de fonds, 38 membres du staff d’Obama travaillent parallèlement pour des sociétés de lobbying ou des avocats, qui relaient des intérêts particuliers, du fabricant d’armes Lockheed-Martin aux géants Microsoft, Cisco ou Pfizer.


Le journal du Congrès américain, The Hill a mené le même genre d’investigation et a découvert 3 autres lobbyistes parmi l’équipe de Barack Obama. Ceux-ci travaillent en effet pour des dizaines d’entreprises comme Wal-Mart, Lockheed Martin, British Petroleum ou encore l’Association nationale des Mutuelles d’Assurances.


Selon Jen Psaki, l’un des portes-paroles du candidat démocrate, ces lobbyistes auraient suspendu leurs activités durant la campagne. Si Barack Obama devient président des États-Unis, ces ex-lobbyistes deviendraient alors conseillers à la Maison Blanche. Jen Psaki précise que dans pareille situation, ceux-ci ne pourraient plus travailler pour leurs clients pendant au moins deux ans…


La question qui se pose est la fragilité des soutiens engrangés par le jeune sénateur. Dans une certaine mesure, les groupes de pression qui lui ont accordé leurs faveurs sont traditionnellement proches des intérêts défendus par ses adversaires… S’agit-il d’un retournement de situation du complexe militaro-industriel déçu par les résultats peu probants du président républicain ? Ils pourraient également les lui retirer si, au cours des prochains mois d’une campagne qui ne fait que commencer, John McCain parvenait à persuader les milieux d’affaires que son parti n’est pas complètement déconsidéré par la politique de l’Administration républicaine. On sait tout le rôle des chausse-trappes dans les primaires ouvertes, où tous les coups sont permis !

La base électorale de Barack Obama est fragile et son discours verbeux


Les analystes politiques américains pensent que les démocrates ont leurs meilleures chances depuis de nombreuses années pour prendre la Maison Blanche aux républicains, et Linda Fowler, professeur de sciences politiques du Dartmouth College dans le New Hampshire d’exulter : c’est leur tour de perdre les élections ! Mais les républicains sont persuadés qu’ils ont le candidat le plus fort avec ce héros de la guerre du Vietnam John McCain et qu’avec un peu de chance et en attirant des électeurs indépendants, ils seront tout de même capables de retourner la situation en leur faveur et de conserver le pouvoir. Avec une économie plombée, des records de prix pour les carburants, une guerre impopulaire, un président républicain qui ne l’est pas moins, la partie n’est pas gagnée pour les conservateurs.


Ils mettent en avant le déficit de confiance de Barack Obama dans les classes populaires blanches, comme l’attestent les résultats des primaires démocrates dans des États comme l’Ohio, la Pennsylvanie ou la Virginie occidentale… John McCain apparaît d’autre part comme un candidat moins marqué à droite que son prédécesseur et susceptible de mieux faire la différence avec son concurrent que George W. Bush ne l’a faite avec John Kerry. Lui aussi se présente en candidat du changement, a pris ses distances avec l’actuel résident de la Maison Blanche à peu près de la même manière que Nicolas Sarkozy s’était démarqué de Jacques Chirac avant de se lancer en campagne, en prônant la rupture !


John McCain a proposé un grand débat en face-à-face à Barack Obama dans les prochains jours à New York, au Federal Hall, le 10 ou le 11 juin prochain, où tout le monde aura la possibilité de mesurer les capacités de l’un ou de l’autre. Lorsque le nom de son adversaire a été annoncé, ses premiers mots ont été pour saluer un homme impressionnant, qui fait une première impression très forte… avant d’ajouter : mais il n’a pas la volonté de faire des appels fermes, de prendre en main son parti, de braver les critiques de ses partisans afin d’apporter un changement véritable à Washington.

 

 


La jeunesse a ce don d’inspirer aux regards
Une ardeur ici-bas que son cœur nous emporte
Aussi loin qu’elle est vaine aussi, mais peu importe !
Pour un temps, les sermons nous ont paru ringards.


L’âge a ceci de bien qu’il a besoin d’égards
Et l’on met plus de soin pour bien fermer la porte,
Mais jamais le vieillard sous pression ne s’emporte,
Ses yeux lorsqu’ils ont vu n’en sont pas plus hagards.


S’il faut choisir entre un tour neuf et l’habitude,
Nos sens dans l’embarras du choix sont à l’étude :
L’usage est bien connu mais l’inédit nous sied !


Se pourrait-il que le vieil homme ait l’air moderne ?
Regardez son cadet moins frais lorsqu’il s’assied,
Un sac de nœuds mal faits qui nous sert de baderne.