NO GAZ à Saint-Jouin-Bruneval

NO GAZ à Saint-Jouin-Bruneval

Le 1er juin, les anti-gaz du Cap d’Antifer protestaient sur la plage de Saint-Jouin-Bruneval (Seine-Maritime). Du haut de la falaise, écrit en lettres humaines, on pouvait lire un NO GAZ très déterminé.

Il y a une trentaine d’années, le Port Autonome du Havre (PAH) a construit un terminal pétrolier à Antifer. Dès sa création, le projet était clairement surdimensionné. Les supertankers annoncés furent rares. Conséquences de ce ratage géant, un environnement bouleversé par la création d’une digue qui a modifié les courants marins (d’où déplacement des galets, érosion accélérée des falaises et disparition de la plage de Bruneval), un paysage ravagé par d’énormes cuves et une voie d’accès pour camions là où se trouvait une paisible valleuse.

Depuis juillet 2007, un vent mauvais souffle de nouveau sur la côte d’Albâtre. Attirés par l’ouverture des marchés de l’énergie, le PAH, Poweo (via Gaz de Normandie) et la Compagnie Industrielle Maritime tentent d’imposer un projet de zone industrielle gazière sur les pauvres restes du port pétrolier. Le Conseil général de Seine-Maritime et le Conseil Régional de Haute-Normandie ont donné un avis défavorable, mais le PAH s’entête.

A dix kilomètres d’Etretat, Saint-Jouin-Bruneval compte 1 800 habitants dont un paquet d’opposants au projet méthanier. En mars dernier, en guise de référendum, ils ont intégralement éjecté, dès le premier tour, la municipalité sortante pro-gaz pour mettre à sa place une jeune équipe dirigée par François Aubert. Le résultat n’est pas tout à fait une surprise. Après une série de débats houleux et de manifestations, on pouvait prédire la chute de l’ancien maire.

Poweo (qui déclenche aussi des passions en voulant construire deux nouvelles centrales au charbon au Havre) va encore tomber sur un os à Saint-Jouin-Bruneval. Charles Beigbeder, PDG de Poweo, a eu un avant-goût très direct de la détermination de François Aubert et de ses administrés le 27 mai. Ce jour-là, à l’Institut océanographique de Paris, le nouveau maire s’est invité dans une cérémonie patronnée par Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie, pour la remise des Trophées de l’innovation et du développement durable (sic). Après avoir tranquillement sorti son écharpe tricolore, François Aubert a plaidé la cause de son village devant un auditoire peu habitué à ce type de démonstration.

De quel côté se trouve le développement durable ? Chez Poweo et compagnie ou chez les opposants au port méthanier ? « Il y a trois ans, le PAH a rejeté un projet d’éoliennes validé par la DRIRE et l’Etat, tempête François Aubert, maire et vice-président de la communauté de communes. Maintenant, après le Terminal pétrolier, le PAH persévère dans sa logique destructrice et se lance dans un projet méthanier. Le gaz, comme le pétrole, est une énergie fossile productrice de gaz à effet de serre. Ce projet est un non-sens environnemental. Il est hors de question qu’il aboutisse alors qu’on ne se pose pas la question de savoir si des énergies renouvelables ont leur place. »

Les habitants n’ont aucune envie d’être sacrifiés une seconde fois sur l’autel du profit. Par chance, pourrait-on dire, le Terminal pétrolier a été un fiasco. Les risques d’accidents ont donc été limités. Néanmoins, le souvenir d’un pétrolier libérien qui avait rompu ses amarres lors d’une tempête reste vivace. La catastrophe avait été évitée de justesse. Qu’adviendrait-il si un méthanier, véritable bombe flottante, explosait dans le port situé à quatre cents mètres des habitations et à un petit kilomètre de l’école ? Les anti-gaz s’interrogent également sur le danger présenté par plus de trente kilomètres de gazoduc traversant Gonneville, Turretot, Hermeville, Angerville, Graimbouville, Gommerville, Saint-Romain-de-Colbosc, La Cerlangue, Tancarville… Sans parler des nuisances visuelles, olfactives et sonores.

Les investisseurs, espérant mettre les opposants au garde-à-vous, abattent également la carte de l’Intérêt général. A qui fera-t-on croire que les requins se soucient de l’intérêt général ? Aujourd’hui le véritable intérêt général, tant local que national et international, est dans le camp de celles et ceux qui luttent avant toute chose contre l’effet de serre.

On affirme également que le port méthanier pourrait créer des emplois. Que sont quelques dizaines d’emplois face aux trente mille générés par la filière touristique en Seine-Maritime ? En proposant la création d’un port de plaisance Haute qualité environnementale de 500 anneaux, d’un port de pêche, la création d’un parc éolien…, les anti-gaz sont les vrais défenseurs des intérêts économiques, touristiques, sociaux, culturels et environnements de leur commune et de la région.

Rejointe par les opposants aux centrales au charbon havraises, des associations environnementales, des pêcheurs, des sportifs, des amoureux du littoral normand, l’association Saint-Jouin-Bruneval Développement durable invite tous les défenseurs de l’environnement à se mobiliser pour faire échouer ce projet scandaleux qui voudrait transformer la plage en zone industrielle. C’est maintenant qu’il faut bouger. Gaz de Normandie décidera en effet de poursuivre ou non ses objectifs le 18 juillet.

Plus d’informations sur le site de l’association Saint-Jouin-Bruneval-Développement durable et sur le site No Gaz.

Signature de la pétition tous les week-ends sur la plage de Saint-Jouin-Bruneval et sur le site Mes opinions.com (rubrique Nature et environnement).

Un email pour contacter l’association Saint-Jouin-Bruneval-Développement durable : asso.sjbdd@orange.fr. Un téléphone : le 06 17 59 79 92.

Photo : Jean-Louis Coquerel