BOULANGER, GLOIRE A TOI ET A TON PAIN !

BOULANGER, GLOIRE A TOI ET A TON PAIN !

Boulangères et Boulangers de France, grâce à vous et à votre savoir faire ancestral, nous mangeons du bon pain.
Quels étranges alchimistes êtes-vous pour transformer la farine, l’eau, le sel, la levure ou le levain en une pâte merveilleusement odorante qui deviendra un pain croquant ou une baguette croustillante... après cuisson dans votre four.

L’alchimie se poursuit sur notre table et dans nos assiettes lorsque nous sauçons, avec délice et frénésie, comme pour partir à la découverte de vertigineuses saveurs consécutives aux quelques heureux mariages entre le pain et les sauces onctueuses qui accompagnent certaines viandes délicatement rôties ou de belles poulardes truffées. Quel bonheur de poser certains pâtés finement parfumés à l’armagnac ou de savoureuses cochonnailles, sur une tranche de gros pain cuit au feu de bois... surtout lorsque sa croûte est généreuse et que sa mie possède de nombreuses alvéoles irrégulières et brillantes. Le pain est autant l’ami qui accompagne tout aussi bien le fromage, que le beurre ou la confiture, voire même la pâte à tartiner au chocolat et aux noisettes.
Le pain est une friandise agréable qui ne fait pas grossir, contrairement aux idées reçues, et qui accompagne tous nos plats de l’entrée jusqu’au dessert (si toutefois vous comptez finir sur des tranches de pain perdu comme savaient le faire nos mères et nos grands-mères, lors de nos goûters enfantins).

Le pain peut même se déguster nature, et en le mastiquant longuement vous constatez que des notes légèrement sucrées flattent vos papilles, embaument votre bouche et animent tout votre être.

Si chaque enfant dénutri, ou souffrant de famine, pouvait avoir la possibilité de manger du pain... peut-être pourrions-nous sauver une partie de l’humanité.
Le pain c’est la vie et c’est pour cela qu’il doit être mis à l’honneur puis dignement fêté, chaque année et principalement au mois de mai, le jour de la Saint Honoré qui n’est pas qu’un gâteau mais aussi le Patron des braves gens de "la boulange".

Partout on retrouve ce pain merveilleux, principalement dans les textes sacrés où l’on évoque le partage du pain et du vin.

Certains pains peuvent évoquer des formes phalliques lorsqu’ils sont longs. D’autres, ronds, nous ramèneront vers quelques nichons de femelles (comme le disait mon pote Jean Carmet, à propos de la soucoupe volante de "La Soupe aux Choux"... d’ailleurs quelques morceaux de pain, dans cette soupe, semblent participer à un transit intestinal plus serein accompagné de flatulences sonores et odorantes qui sont les signes d’une bonne santé).

Les pains en couronne nous rappellerons, inconsciemment peut-être, l’orifice vaginal de notre naissance. Toutes les formes de pains sont autant d’appels aux plaisirs des sens. Quel régal de fourrer un pain, avec un peu de beurre salé.

Le pain rehausse allègrement le goût de tous les aliments, en les sublimant parfois.

Pratiquement chaque région possède un ou des pains qui lui sont propres. Certains pains sont garnis de petits lardons et d’autres avec des anchois, comme dans la bonne fougasse de notre ami Raimu qui n’aime que son pain et sa femme, au travers de la belle histoire provençale de notre cher Marcel Pagnol : "La Femme du Boulanger". Que feraient d’ailleurs nos amis boulangers, sans leurs femmes pour les aider à tenir boutique et sans un chat comme "Pompon" pour chasser les rongeurs attirés par la chaleur et la nourriture du fournil.
Lorsque le boulanger déprime, son art s’en ressent et le village ne tarde pas à souffrir du manque de pain. Quand l’étranger est chassé, alors qu’il était boulanger, la vie s’arrête soudain parce qu’il n’y a plus personne pour nous faire du pain... comme le disait le regretté Fernand Raynaud.