Guide érotique du Louvre et du musée d’Orsay

Guide érotique du Louvre et du musée d'Orsay

De l’art et la manière de visiter deux sites mythiques, parangons de l’art : le Louvre et Orsay. Pour nous piloter, rien de mieux que le guide de ces deux sites qui a initié un parcours un peu particulier, Le Louvre coquin, qui est ici transformé en livre …

Oui, l’art n’a que faire de moralité et de censure ! Preuve, ce guide qui va vous dessiller les yeux en vous dévoilant ce que vous n’avez jamais vu, ou jamais voulu voir … Tableaux ambigus, sculptures sensuelles, bronzes explicites, homosexualité affichée, solitudes voluptueuses pour ne pas dire éloge de la masturbation, etc.
Le livre se présente sous la forme de notices thématiques extraites d’œuvres présentes du Louvre et d’Orsay (Caryatides, Delacroix, Sein, Olympia, L’Origine du monde, etc.), déclinant le contexte historique des tableaux et/ou sculptures, décrites par le menu et photographiées dans de très beaux dégradés de gris perle, assorti d’un dessin au trait qui affiche la pièce dans son ensemble quand la photo détaille l’objet de délit …
Au lecteur alors d’aller y puiser ce qui l’attire, d’y découvrir les poèmes et autres textes inspirés aux auteurs classiques qui s’y sont heurtés : de Pierre Louÿs à Verlaine, de Baudelaire à Théophile Gautier. Oui, l’art est libre de tout interpréter et le temps est bien terminé où l’on mettait une feuille de vigne aux statues …

"L’art n’est pas chaste (…) ou bien, s’il l’est, ce n’est pas de l’art."
Picasso

L’orgasme s’affiche donc aux yeux de tous, à Orsay, au rez-de-chaussée, dans l’allée centrale. Arrêtez-vous un instant devant la Femme piquée par un serpent de Clésinger.
Si l’on suit l’ordre recommandé par les audiophones, la seconde œuvre que l’on observe dans ce superbe musée n’est rien d’autre … qu’un orgasme ! C’est ce que pensera quiconque n’est plus vierge. Les contemporains de l’artiste, eux, le pensèrent. En effet, devant cette sculpture pour le moins suggestive, le critique Gustave Planche écrivit : "L’année dernière, M. Clésinger jouissait encore d’une parfaite et légitime obscurité. Est-il cette année, plus savant, plus habile que l’année dernière ? Pour ma part, je ne le pense pas. En premier lieu, cette femme piquée par un serpent n’exprime aucune douleur (…) Il est impossible, en effet, d’y voir autre chose que les convulsions de la volupté."

La pénétration n’est pas ignorée, loin s’en faut ! Orsay, toujours, au niveau médian de la terrasse Seine, vous avez un petit Rodin ; parfois vous passez devant sans vous en rendre compte. Mais si vous observez un peu mieux ce Faune et nymphe, outre le délice du bronze brillant, si vous oubliez l’œil désapprobateur du grand buste de Bellone qui se tient sur sa droite, vous découvrirez que vous êtes seul, personne ne s’arrête. A tort !
Observons ce bronze, abrité dans boîte de verre, sans doute placé là pour le protéger des ligues de vertu (sic).
Le faune est assis : sur ses cuisses noueuses, une nymphe, tendue, les yeux et la bouche grands ouverts. Le faune la tient fermement. Il ahane, la bouche écartée, les yeux roulés vers le haut, aveuglés par le plaisir. La nymphe a les yeux et la bouche grands ouverts, aussi … Ses sourcils rapprochés pourraient indiquer l’angoisse et donc le viol. Mais à regarder le bras dépourvu d’effort, de tension, qu’elle pose sur la cuisse du faune, on constate qu’il n’en est rien. La conclusion s’impose : nous sommes en présence de la seule copulation du musée d’Orsay.

A vous de découvrir les autres trésors érotiques de nos deux musées nationaux …

Jean-Manuel Traimond, Guide érotique du Louvre et du musée d’Orsay, 60 photographies N&B de Ernesto Timor et 50 dessins N&B, cartonné, 130 x 185, La Musardine, mars 2008, 158 p. – 14,90 €