Dar Errahma… Du soleil dans de l’eau froide

Dar Errahma… Du soleil dans de l'eau froide

Dar Errahma se définit comme étant le fruit d’une stratégie gouvernementale dont l’ambition consiste à promouvoir la solidarité nationale à travers tous les moyens disponibles.

C’est d’un cauchemar et d’une détresse longtemps étouffée qu’a surgi l’établissement Dar Errahma. En plein cœur des années noires, ces années 90 qui endeuillèrent toute l’Algérie, la société civile s’est mobilisée pour raviver l’espoir dans le cœur de ceux qui l’avait perdu en organisant en 1992 un Téléthon pour la construction d’établissements d’accueil afin de secourir ces nombreuses personnes démunies qui souffraient le martyre devant la dégradation des conditions de vie et la misère engendrées par les crises successives qui frappèrent de plein fouet le pays à cette époque sombre de son histoire.

Devant le fossé croissant, le gouffre béant estiment les autres, qui sépare les différentes couches sociales de notre société, les pouvoirs publics ont été amenés à définir une stratégie sociale ayant essentiellement pour principal objectif de corriger les inégalités, rectifier les injustices et lutter contre la précarité, la marginalisation et l’exclusion. Il était donc urgent d’améliorer les conditions de vie des catégories démunies, d’intensifier l’effort de prise en charge des groupes marginalisés et d’instaurer surtout un dialogue social multidimensionnel pour rechercher les solutions les plus appropriées dans la lutte contre les fléaux sociaux.

C’est dans cette perspective que s’inscrit le projet Dar Errahma qui se définit comme étant le fruit d’une stratégie gouvernementale dont l’ambition consiste à promouvoir la solidarité nationale à travers tous les moyens disponibles et ce, en associant à la fois les institutions publiques de l’Etat, les citoyens, les associations qui oeuvrent dans le cadre social et humanitaire.

Il faut dire que Dar Errahma a, d’abord, suscité les polémiques les plus vives et les débats les plus animés. En effet, les citoyens s’interrogeaient avec beaucoup d’inquiétude sur le devenir de tout l’argent amassé suite au Téléthon pour le lancement de cette institution censée libérer les personnes marginalisées des dents de l’infortune. Les pires rumeurs et les plus fantaisistes des ouï-dire ont circulé laissant entendre que des détournements de fonds là ont été opérés...

Heureusement, les esprits se sont apaisés lorsque l’établissement de bienfaisance socio- humanitaire Dar Errahma a vu le jour le 29 décembre de l’année 1997 dans la localité de Birkhadem.

Placé sous la tutelle du ministère de l’Emploi et la Solidarité Nationale, Dar Errahma, qui s’étend sur une superficie de 7, 6 hectares, est classé établissement public à caractère administratif conformément au décret n° 02-178 du 20/05/2002. Ayant pour principale mission de développer, à travers diverses activités, des actions de prévention, de sensibilisation et d’information sur les fléaux sociaux, le centre Dar Errahma a une capacité d’accueil de 360 personnes qui peuvent être hébergées pour une période temporaire n’excédant pas, normalement, une durée de six mois. Les catégories concernées par les actions du centre sont les personnes âgées avec ou sans attache familiale ou sociale dont l’âge ne saurait être inférieur à 65 ans, les mères célibataires en position pré-partum à partir du troisième trimestre (grossesse évolutive), les enfants privés de famille et ceux atteints de maladie chronique en provenance des villes de l’intérieur du pays, ainsi que les malades démunis atteints de cancer, soumis à des soins ambulatoires en milieu spécialisé, en provenance également des villes de l’intérieur ou du grand sud du pays.

De l’aveu même de son personnel et de ces responsables, le centre Dar Errahma est devenu au fil du temps une « microsociété » où il est désormais possible de palper les profonds changements qui se sont produits, ces dernières années, au sein de notre société. A entendre les témoignages des pensionnaires, les liens sociaux se sont nettement distendus et la cohésion sociale, naguère très forte en Algérie, est sérieusement mise à mal par les vives tensions identitaires, économiques et sociales qui suscitent un état de mal être généralisé et dont les couches les plus défavorisées et les plus fragiles en paient un lourd tribut. Cela valait la chandelle d’effectuer une virée à Dar Errahma pour palper le pouls de cette microsociété.