le persil, journal

le persil, journal

En ces premiers jours de printemps, une lettre vaudoise, venue du pays romand de la Confédération helvétique, m’apportait en son étui le numéro double 18-19, daté hiver 2007-2008, d’un journal qui me tient à cœur.

Car c’est un journal poétique et bordélique, un feu follet mené de mains de maître par un fou écrivant, un de ces rares amis littéraires que j’ai l’honneur de compter parmi mes lectures de choix, joie portée au cénacle de la création alors que le monde des arts prend l’eau de toute part. Tandis que l’on ose toujours vous faire croire qu’exposer un Frigidaire vide, ouvert aux quatre vents, est de l’art conceptuel, Marius Daniel Popescu trace un sillon unique dans une langue musicale réinventée.

Nous avons déjà, ici même, dit tout le bien que l’on pense de son dernier livre, La Symphonie du loup, et s’il n’a pas eu le prix Wepler pour lequel il a été sélectionné, c’est sans doute, certainement, que sa langue est trop osée, trop belle, trop irréelle et si loin des consensus mous de nos chers jurés ; il n’en demeure pas moins un authentique écrivain.
C’est d’ailleurs pour cela, que quelques semaines plus tard, il reçut le prix Robert Walser, un prix littéraire attribué par la ville de Bienne, ville natale de l’écrivain Robert Walser (1878-1956), et par le canton de Berne.
Il revient depuis 2004 en alternance à un écrivain d’expression allemande et française, tous pays confondus. La distinction récompense des auteurs pour leur premier roman. Doté de 20 000 francs, il constitue, en Suisse, le prix le plus prestigieux pour une première œuvre, et pour la première fois depuis sa création en 1978, il fut attribué à un écrivain de Suisse romande.

C’est donc un fou joyeux qui pétille de poésie et d’inventions qui fut primé ; et croyez-vous qu’il s’en contente, qu’il joue les béats ? Pas du tout, il continue à publier son journal tous les trimestres, voire semestres, selon l’envie, la disponibilité, les moyens aussi – car faire œuvre de salubrité intellectuelle ne rapporte rien ! –, il paraît en Suisse, à Lausanne, cité dans laquelle il travaille, un journal unique, ce persil si léger et éphémère, tout aussi profond de gravité réfléchie que d’amour offert, de gaieté lâchée entre les lignes pour le simple plaisir de lire quelque chose d’autre …

Parfois seul aux manettes, parfois accompagné par des étudiants, des libraires, des universitaires, des inconnus, des reconnus ; tout un florilège de plumes qui osent tremper leur doigts dans l’encrier des possibles. Ainsi vogue cette arche de Noé des mots, tous les mots, toutes les cultures, un métissage littéraire réussi qui devrait nous inciter à penser qu’ici, sans doute, brille l’éclat d’une solution, d’une idée de partage qui devrait être reproduite dans d’autres écrits, d’autres discours, à commencer par celui que nous déversent sans répit les politiciens de tous bords …

Merci donc à Alexandre Voisard, Louis-Philippe Ruffy, Jean-Louis Kuffer, Dominique Brand (pour ses 58 Insomnies à nulle autre pareille !), Daniel Vuataz, Christine Le Quellec Cottier, et tous les autres qui ont apporté leurs réponses à ces trois questions :
A propos de l’avant-texte et du texte : à quel moment estimez-vous qu’un brouillon devient un "texte" et qu’un "texte" devient publiable ?
A Propos du regard posé sur un texte publié : quel regard portez-vous sur vos publications passées ?
A propos du terme d’œuvre : que signifie pour vous la notion d’œuvre et à quelle partie du travail d’un écrivain s’applique-t-elle ?

Pour vous y abonner, écrivez à Marius Daniel Popescu, mdpecrivain@yahoo.fr

Sinon, en Suisse, le journal est disponible aux points de vente suivants :
la librairie Recto Verso, Rue Marterey 73, Lausanne
la librairie Ex nihilo, av. William-Fraisse 6, Lausanne
la librairie Les Yeux Fertiles, place de l’Europe 9, Lausanne
la librairie Basta, rue du Petit-Rocher 4, Lausanne
la Librairie de l’Univers, rue Centrale 5, Lausanne