Thierry Lhermite : c’est cela oui !

Thierry Lhermite : c'est cela oui !

"Les bébés et les chiens sont les meilleurs acteurs du monde" disait Charlie Chaplin. Voilà certainement la raison pour laquelle Thierry Lhermite fait le cabot depuis plus de 20 ans. Pourtant depuis le succès des "Bronzés", Thierry mène sa carrière sans aucune traversée du désert majeure, tout auréolé par le succès populaire et sans déchaîner la moindre haine des critiques, démontrant par là-même qu’on peut être "acteur" et illusionniste à la fois. Thierry Lhermite est devenu ainsi une sorte de Gérard Majax du cinéma français sauf que ce dernier annonce la couleur et en fait un métier, alors que Lhermite pousse le vice jusqu’à jouer dans la cour des grands du patrimoine artistique et cinéphilique hexagonal.

"Il faut être indulgent avec les acteurs, les défauts qu’on leur reproche ne s’appliquent jamais à celui que l’on croit." Roland Topor extrait de "Jachère-Party"

Moi qui croyais par excès de naïveté qu’un acteur se devait au minimum de manger la caméra, d’avoir de la présence et un talent intrinsèque, j’avoue que le destin particulier de Lhermite est un cas d’école pour moi, une énigme vivante. Il y a presque du génie à tromper ainsi son monde et à gagner tant d’argent et de notoriété sans subir aucune foudre, ni aucun retour de flamme.

Oui mais, me direz-vous cher lectorat féminin, Thierry Lhermite est un bel homme, surtout au niveau de ses deux yeux bleus, c’est aussi ce qui explique son succès. La part féminine qui est en moi répond qu’en effet, T.L avait effectivement un physique de jeune premier "queuetard", il y a vingt cinq ans et que c’était plutôt une bonne idée de lui faire camper un grand organisateur du club Med caressé par le soleil dans un film devenu culte de Patrice Lecomte. Or le problème est que Lhermite n’a jamais véritablement évolué et que dans tous ses films il a rejoué sempiternellement le même personnage un peu à la manière de son copain de classe Christian Clavier - l’apprenti de Funès énervant - qui a la même voix et la même intonation dans le rôle de Jacquouille la Fripouille et d’Asterix le Gaulois. Y’aurait-t-il une malédiction chez les ex-membres du "Spendlid", la question mérite d’être posée ?

Pourtant, ne nous voilons pas la face, Thierry Lhermite joue faux, n’arrive pas à poser sa voix et ne saura jamais occuper l’espace - de plus il embrasse mal m’a dit une amie comédienne mais ce n’est pas vraiment le problème. Le pire, le point paroxysmique de son jeu est sans doute le moment crucial où il tente de prendre un accent étranger. Je vous conseille de revoir en boucle les films où il essaye d’imiter un représentant du peuple allemand, c’est un moment d’anthologie mais nos amis germains méritent-ils un tel affront ? C’est, en fait, en artisan actif de la théorie du vide et du chaos que Lhermite est décidémment le plus convaincant. Il y a d’ailleurs fort à parier que l’acteur fasse l’objet d’un sujet de thèse à ce propos en 2043.
Pourtant malgré cette analyse technico-linguistique de l’acteur, on peut observer que Lhermite dure et qu’il est de tous les bons coups populaire du cinéma français. Or si l’on regarde plus attentivement ces deux derniers gros succès, "Un indien dans la ville" et le "Dîner de con", on a tôt fait de s’apercevoir que dans le premier il se fait "dévorer" la vedette par Arielle Dombasle et un jeu garçon chevelu et sauvage de 12 ans et dans le second par un Jacques Villeret magistral et un Daniel Prévost égal à lui même. Lhermite s’est contenté de mettre son nom et sa célébrité d’il y a vingt cinq ans au générique et c’est tout. Nous sommes toujours dans cette théorie du vide de l’expression artistique dont il est finalement le plus bel esthète.

Un bon point pour lui, Lhermite n’a pas la grosse tête et semble rester assez humble devant ce succès incompréhensible - lucidité ? Pourtant Lhermite qui ne doit pas être un mauvais homme dans la vie - être un très mauvais acteur est déjà bien assez lourd et pénible pour nous, la nature ne peut pas l’avoir à ce point chargé, lui l’expert en nouvelles technologies et le grand amateur de traversées familiales en yacht, devrait plutôt continuer à faire de la production - comme dans le "dîner de con" son film non-éponyme, faire des livres pour apprendre l’internet aux nuls ou que sais-je encore ? Car pour l’instant, Lhermite n’est rien d’autre qu’une provocation pour tous les intermittants talentueux du spectacle qui tentent de percer dans le métier et qui galèrent à l’ANPE. Allez cède ta place à un chômeur plus doué et bon vent Monsieur Thierry, merci bien de ne plus nous mener en bâteau !