L’histoire du yachting : America’s Cup, Admiral’s Cup, Whitbread …

L'histoire du yachting : America's Cup, Admiral's Cup, Whitbread …

Tandis que la Coupe de l’America verse dans la rubrique faits divers, l’attrait toujours grandissant pour les sports nautiques ne se dément pas. Quoique la météo se joue du calendrier, le printemps annonce les beaux jours donc une raison de plus pour prendre la mer, ou se rendre sur les plans d’eau pour assister à une compétition.

Les plaintes à répétition qui entachent l’image de la Coupe de l’America ne doivent pas faire oublier que le défi suisse Alinghi a réussi son pari de conserver le précieux trophée. Et, comme le stipule le règlement, il a tout à fait le droit de modifier certaines règles, d’autant que cela part d’un bon sentiment à vouloir faire évoluer une discipline un peu figée dans son corset de bonnes manières et de tradition. En l’ouvrant au plus grand nombre de participants l’idée est aussi d’en faire profiter un plus large public. Ne soyons pas candide, l’attrait financier n’y est certainement pas étranger, quoique le propriétaire d’Alinghi n’ait point de soucis de ce côté-là. Mais il faut reconnaître qu’il y a un risque à voir ainsi l’argent tout contrôler ; d’un autre côté, le yachting est un sport de riches : les bateaux de cet acabit coûtent de réelles fortunes !
Nonobstant, la 33e édition risque de se courir ... sur tapis vert tant les américains du défi Oracle sont mauvais joueurs. Ils viennent déjà de se qualifier pour la finale en éliminant tous les challengers sans même avoir mis les pieds en mer (sic), grâce à une décision de justice.
Le 26 mars 2008 s’est tenue la réunion de la dernière chance qui a aboutit à un fiasco !
Si la 33e édition de l’Americ’s Cup doit se tenir en octobre 2008, le Defender n’aura pas de bateau ; un comble ! Oracle risque donc de gagner sans combattre. Bel esprit sportif !

Mais reprenons depuis le début. Pour nous aider dans notre quête, un monument, un livre, une somme qui nous offre un panorama complet sur ce sport mondain pratiqué par quelques élites voilà près de cinq cent ans. En effet, la naissance du yacht, embarcation destinée uniquement à la navigation de plaisance, remonte, pour ce qui est de la France, à 1551. Mais ce vocable dérive indubitablement de termes d’Europe du Nord : yagd en danois, Jagd en allemand, yagt en suédois et en hollandais … Pour certains, à la fin du XVIe siècle, il désigne encore des embarcations militaires ; ce sont les Anglais qui adoptèrent le terme yacht pour signifier, finalement et définitivement, par ce terme un seul type d’embarcation en fonction de son usage : le pleasance boat, destiné donc tout particulièrement au plaisir de naviguer …

Aujourd’hui, après trois siècles de navigation à la voile pour le plaisir, la croisière et la compétition sur toutes les mers du globe, yacht est devenu un mot commun accepté par tous. Néanmoins, il ne faut pas penser trop vite que la navigation de plaisance est née voilà cinq siècles ; il est presque certain que dans l’Antiquité, on ne naviguait pas seulement par nécessité ou par besoin : la volupté et le plaisir ont parfois poussé l’homme à entreprendre de périlleuses traversées ou bien à partir à la découverte de nouveaux horizons ; voire à chercher à démontrer sa toute puissance.

Par contre, l’idée de régate (du vénitien rigada), de défi, naît, elle, bien au XVIIe siècle quand il est d’usage de faire de la voile par plaisir pur, sur des embarcations construites à cet effet, afin de lutter contre un adversaire, rechercher la vitesse et la réussite. En un mot, régater.
C’est en octobre 1661 que le peuple de Londres put assister à la première régate à voiles de l’histoire : de Greenwich à Gravescend, sur la Tamise.

A peine Charles II d’Angleterre eut-il croisé la route du yacht de son cousin qu’il en naquit un défi entre les deux embarcations, sur un parcours aller-retour comme dans la Coupe de l’America actuelle.
Cette volonté d’en découdre est une activité constante du yachting, depuis les compétitions des yachts royaux sur la Tamise au XVIIe siècle jusqu’à aujourd’hui. La régate a toujours déterminé la forme et l’évolution des yachts. Au point qu’écrire une histoire des yachts sans parler de régates serait impossible. Et qu’écrire l’histoire des régates à la voile signifie en fait raconter l’histoire du yachting.

Franco Giorgetti est architecte naval : il a crée de nombreux yachts de course, notamment les 12 mètres Italia I et Italia II de la Coupe de l’America 1987. Outre la recherche et la restauration de bateaux d’époque, on lui doit aussi la Semaine classique de Monaco, une des manifestations les plus prisées du monde de la voile en Méditerranée.
Ce passionné de voile nous offre ici un livre magnifique, tant par son contenu que par sa taille. Agrémenté de près d’un millier de photographies – dont certaines sont à couper le souffle, notamment cette vue aérienne de Team New Zeland et Alinghi qui donne l’impression qu’ils vont se fracasser l’un contre l’autre – des peintures d’époque, des dessins, des plans d’architecte, etc. cette nouvelle édition revue et augmentée (la dernière partie consacrée aux régates de la Coupe de l’America 2007 se lit comme un thriller, avec forces détails sur les duels qui se déroulèrent en baie de Valence) sera le compagnon idéal des amoureux des régates et une bible pour tout amateur éclairé. Les très beaux clichés des dernières compétitions de la Coupe de l’América sont exceptionnels, des images rarissimes car ces courses au large sont encore trop peu médiatisées.

Franco Giorgetti, Voiliers : l’histoire du Yachting du XVIIe au XXIe siècle / Nouvelle éditions America’s Cup 2007, traduit de l’italien par Cécile Breffort, volume relié, 225 x 350, couverture blanche sous jaquette couleurs, Editions White Star, septembre 2007, 330 p. – 29,00 €