CONFESSIONS D’UNE BABE IDOL /GLISSEMENTS PROGRESSIFS DU PLAISIR

CONFESSIONS D'UNE BABE IDOL /GLISSEMENTS PROGRESSIFS DU PLAISIR

Selon William Blake " tout désir qui n’est pas suivi d’action
engendre pestilence ". Encore faut-il s’entendre sur le mot action. En
matière de relations amoureuses il semble que selon mon ami Phil un
glissement de sens soit en train de s’opérer. Depuis un moment déjà-on
le sentait venir-l’amour n’est plus tout à fait ce qu’il était.

De
mauvaises langues ont pu dire que c’était un tramway nommé désert (ou
un travelo nommé dégages !) elles n’ont pas tout à fait tort ni tout à
fait raison non plus.En vérité le culte excessif de la beauté
plastique pure au détriment de la jouissance si elle peut sembler un
signe de raffinement et d’élévation , indique une dématérialisation
du corps, de son existence voluptueuse.

On ne s’effleure pas, on ne se
touche pas, on intériorise le plaisir , et le cerveau devient le lieu
unique des émotions par une mise en abîme permanente des rêves et des
possibilités. La possibilité d’une île, qu’elle soit farouche à la
Koh Lanta ou dissolue comme celle de la tentation advient comme cet
espace nouveau ouvert depuis notre cortex. Paris, quintessence du
village planétaire fabriqué pour les déambulations du fantasme est en
vrai aussi un monde parfait ou déambulent des créatures de rêve qui ne
laissent rien au hasard, en représentation permanente. Il n’est guère
de lieu dans le monde ou les femmes poussent aussi loin le goût du
détail, guère de lieu ou la mythologie de l’élégance et du charme
puisse s’épanouir davantage.

Il ne s’agit pas précisément de plastique, mais bien d’adéquation
entre la plastique et son écrin, d’adéquation entre la personnalité et
l’enveloppe pointue du style qui ravirait le moindre des
entomologistes.Carapaces mordorées, élytres translucides, coiffes de
coléoptères, chevelures de sirènes botticcelliennes, bottes de sept
lieues de chat égyptien, ongles dessinés de dentellières
vermeriène,fuseaux de toiles de Nimes cousus à même la peau comme des
corsets de Marie Stuart , on ne peut se lasser de nager dans l’océan
des codes et des styles, des références, des citations, des revivals,
des nostalgies, des revisites successives rajoutées, retranchées
oscillant avec une frénésie insondable du minimalisme au baroque, du
quattrocento au futurisme, de la carmélite polonaise à la sultane
babylonienne.

Rien à voir avec la netteté de l’américaine, la
sexualité affichée de la brésilienne, la sensualité affolante de la
cubaine, la justesse de l’italienne, la droiture mortelle de la
russe.Nous parlons ici de culture, nous parlons de sexe. Mais ce sexe
ce n’est pas pour rien qu’il s’est niché dans les détails, qu’il s’est
mis tout entier au service de la séduction la plus personnelle et la
plus égoïste.

A quoi bon en effet consommer le sexe, le laisser se
perdre dans l’échauffement des corps, s’épuiser dans des nuits agitées
et brouillonnes et au bénéfice d’un seul partenaire lorsque l’on peut
les avoir tous, allumer le désir dans une multitudes de cibles
potentielles et sentir la chaleur de ces regards sans cesse
renouvellés nous envelopper, le souffle des admirations nous faire
flotter dans la ville pareille à une déesse athénienne. Nous devons
tout faire pour que ces fruits qu’on fit (admirez le jeu de mots) ne
finissent pas en pure victimes de la surproduction comme on pu voir
melons et pêches déversées sur les places publiques.Entre le plaisir
de plaire et le désir de succomber il y a ce nœud gordien qu’il
appartient aux âmes courageuses-les sybarites modernes et les
nouveaux disciples d’Epicure-de trancher.Sans état d’âmes.