Draps propres

Draps propres

Avril 2003... je me suis réveillé en pleine nuit, totalement paralysé des jambes, impossible de faire le moindre geste.
Me voilà donc hospitalisé à Turin capitale du Piémont italien.

J’ai beau ne mesurer qu’1m74, mon brancard est bien trop petit et mes pieds nus dépassent sur l’aluminium glacial, paralysé, je vais bientôt attraper froid.
Comme souvent, dans ces moments là ! La situation va empirer comiquement : Ainsi je deviens très vite la victime d’une envie grandissante de …de … d’obtenir simplement un canard afin de faire ce que j’ai à faire de façon « décente ».

Seulement, on m’a laissé planté là, dans ce couloir obscur, en plein courant d’air, pendant plusieurs heures, et ce, dans la plus grande indifférence générale.

De grâce, au bout d’une heure je parviens tout de même à faire COIN COIN !

Depuis qu’un avocat est venu me rendre visite, que j’ai contacté mon assurance par téléphone*, les infirmier(e)s, à défaut d’être aimables avec le monde, sont au moins devenus nettement plus sensibles à mon amour passionnel des gallinacés….
Après quinze jours d’hôpital, je le vois bien, les malades abandonnés, ne recevant aucune visite, ont grand intérêt à se tenir à carreau avec le staff médical. Faute de quoi, ils pourraient éventuellement, mais je dis bien éventuellement, à l’occasion, subir les foudres passagères du personnel de garde.

SERVICE NEUROLOGIQUE

J’ai été transféré dans cette chambre que nous sommes quatre à partager.
Face à moi, un homme de 87 ans, paralysé des pieds à la tête et de la tête aux pieds, va mourir demain matin.
Le pauvre homme ne ressemble plus à rien, il se fait obligatoirement et à chaque fois, pipi et caca dessus, il vomit régulièrement dans une bassine jaune, que les infirmières peinent à changer promptement. Des transfusions lui ont été fixées aux bras, un tuyau d’oxygène dans son nez, Cet homme ne parle plus, il est sourd et muet.
La nuit comme le jour, il gémit de douleur, des petits cris saccadés d’un râle qui traduit une souffrance aussi bien morale que physique.
Une dame est venue lui rendre visite hier, sans doutes était-ce sa femme.
Les médecins avaient du la prévenir que la mort de son mari était imminente, car à son chevet, elle pressait sa main dans la sienne de façon énergétique, d’une voix désespérée répétait
**« Stai con me ! Non andartene ! Non partire, dai che c’é la fai ! Dio ti prego… »

Je regardais la scène, au sens propre de l’expression je me suis fais pipi dessus.

J’aimerai rendre un modeste et humble hommage à toutes les mères du monde qui a juste titre et par amour ont sauvé leur enfant de la vie. Un hommage aussi a ceux qui rendent visite à leurs proches souffrants, ils ne sont pas si nombreux qu’on le pense, et aux infirmier(e)s qui aiment leur travail.

* Mon assurance française emploie des médecins bilingues mis à disposition des adhérents, permettant ainsi de communiquer sans la moindre difficulté avec les médecins étrangers... On est quand même bien gâtés en France !

** Reste, ne pars pas…Dieu je vous en prie ! Bla bla bla…

* Mon assurance française emploie des médecins bilingues mis à disposition des adhérents, permettant ainsi de communiquer sans la moindre difficulté avec les médecins étrangers... On est quand même bien gâtés en France !

** Reste, ne pars pas…Dieu je vous en prie ! Bla bla bla…