La Mauvaise Herbe repousse à Caen

La Mauvaise Herbe repousse à Caen

Le collectif Pavillon Noir, composé d’étudiants, de chômeurs, de sans-logis et de salariés, annonce l’ouverture d’un nouveau Centre social autogéré à Caen. L’occupation a commencé le 12 mars 2008. Elle s’est officialisée aujourd’hui.

L’aventure se déroule dans un bâtiment vide, inoccupé depuis longtemps et laissé à l’abandon. Les lieux sont grands et en parfait état. Le collectif Pavillon noir avance plusieurs raisons pour expliquer son action. « Premièrement, un certain nombre d’entre nous n’a plus les moyens financiers de se loger sur l’agglomération caennaise. Deuxièmement, on n’a pas de lieux pour nos projets et nos diverses activités (ateliers vélo, ateliers informatique, ateliers peinture, chorales, projection de films et documentaires, débats, salle de réunion, cuisine collective, théâtre, zone de gratuité, bibliothèque militante infokiosque, etc). Troisièmement, parce que face au capitalisme qui pourrit nos vies et notre environnement, il faut se rencontrer, se rassembler, s’organiser. Nos squats se veulent des carrefours où l’on peut mettre en commun nos expériences, nos savoirs, nos moyens, nos envies pour résister, créer et saboter ce vieux monde inégalitaire et répressif. Quatrièmement, parce que La Mauvaise Herbe repousse toujours et à cela, personne n’y peut rien… »

Les squatteurs, héritiers de l’anarchiste Georges Cochon qui, en 1912, menait déjà la vie dure aux proprios vautours, sont peut-être en situation de précarité, mais ils ont une vie riche et veulent continuer à l’enrichir. Leurs projets s’inscrivent dans la continuité de ceux qui avaient été mis en place à La Mauvaise Herbe, un précédent Centre social autogéré créé à Caen qui fut expulsé illégalement et rasé (sans permis de démolir) sous la protection de la police le 4 juillet 2007.

Le Pavillon noir est le domicile principal de certains squatteurs. De ce fait, ils s’attachent à le rendre vivable et accueillant. L’objectif n’est donc pas de dégrader les lieux occupés. Bien au contraire. Le Pavillon noir n’est pas né non plus pour emmerder ses contemporains, du moins ceux qui ne sont pas ses ennemis. « Nous entendons entretenir avec nos voisins de bonnes relations. Les nuisances seront limitées par les occupants eux-mêmes », assurent les autogestionnaires qui revendiquent une indépendance totale. «  Le squat s’attaque aux fondements même du monde marchand qui nous entoure. Le collectif ne réclame donc aucune reconnaissance des institutions politiques, ni subventions. Nous n’appartenons pas au même monde et cherchons avec obstination à détruire ce vieux monde marchand qu’est le capitalisme qu’Etats et politiques continuent de protéger. » C’est dit.

La Mauvaise Herbe espère bien prendre racine cette fois. Pour réinventer le quotidien sur des bases libertaires et humanistes. «  Nous squattons pour nous offrir un espace de liberté, un temps mort au sein d’une vie bien moribonde. Pour pouvoir nous réunir, nous organiser, essayer de reprendre en main ce que l’on peut de notre vie, sortir des schémas sociaux malsains qui nous entourent depuis notre naissance. Nous voulons remettre l’humain au centre des choses. Supprimer les rapports de domination en vivant l’autogestion, l’entraide et l’insoumission. Pour comprendre ce qu’est la liberté, il faut l’expérimenter et pour l’expérimenter il faut du temps et de l’espace. »

Par saint Bakounine, le bon camarade vitamine, espérons que ces graines d’ananar feront de belles fleurs pour les quarante ans du joli mois de mois qui clamait : « Soyez réalistes, demandez l’impossible ! »

Si ce projet de squat politique vous intéresse, vous pouvez écrire à la Mauvaise herbe ou visiter le site Internet

Il est aussi possible de téléphoner au 06 31 02 41 18 ou d’aller sur place. Le Pavillon noir est situé au 10, boulevard Poincaré, à Caen. Juste à côté de l’arrêt "Aviation" du tram.