LES FERRETS DE LA REINE, par Jean d’Aillon

LES FERRETS DE LA REINE, par Jean d'Aillon

La carrière de Jean d’Aillon a basculé une banale nuit, tandis qu’il dormait du sommeil du juste. Dans le même temps Madame Lattès, quant à elle insomniaque mais n’ayant pour autant rien à se reprocher, suivait à la télévision une émission littéraire tardive et n’intéressant guère que les auteurs vaniteux qui croient très important que personne ne les y voit…

Il arrive cependant un miracle parfois, et notre histoire en témoigne : on ne sait pourquoi si ce n’est le fait du talent, un libraire à la mode vanta cette fois-là le dernier opus de mon ami Jean, qui s’autoéditait depuis des lustres sans autre espoir que de satisfaire une petite clientèle fidèle et férue de polar historique, de haute lutte conquise par sa plume et patiemment au fil des salons du livre.

Quelques jours et un coup de téléphone plus tard, il revendait l’ensemble de son œuvre à Lattès, pour une somme rondelette qui fit, me suis-je laissé dire, le bonheur de ses enfants. Le voici depuis enfin devenu, à l’âge où le cheveu blanchit, l’auteur de référence qu’il méritait d’être de longue date. Vous le trouverez désormais dans toutes les librairies de France et de Navarre, au rayon des nouveautés ou en poche pour son œuvre complète.

Pour son dernier ouvrage, avec le sérieux et la passion nécessaire à la tâche, l’auteur aixois ne se mouche pas du coude, s’attaquant dans les grandes largeurs et sans complexes au mythe même de la littérature en costumes, magnifiée par Alexandre Dumas : l’affaire des ferrets de la reine, qui fit la gloire livresque des trois mousquetaires. Mais dans Les ferrets de la reine, Jean d’Aillon réécrit l’histoire par le petit bout de la lorgnette. Tout se passe du point de vue du jeune Louis Fronsac, son héros récurrent ici âgé de douze ans, qui entre en sixième au collège jésuite de Clermont. Il va s’y lier d’amitié avec quelques rejetons de la noblesse, en affronter quelques autres, tout cela n’étant qu’affaires de gosses jusqu’à ce qu’il découvre à son corps défendant une redoutable conspiration ourdie au sein même du collège. Conduit par des jésuites hostiles à l’alliance anglaise, le complot vise à détruire la confiance entre la France et l’Angleterre, au risque de blesser Anne d’Autriche, peuchère…

On y croit de la première à la dernière ligne, et ce roman parfait ravira les amateurs. Sinon, vous pouvez toujours lire un livre sur Carla Bruti, il y en a quelques uns à la devanture de votre maison de la presse… Mais si vous préférez entrer dans une taverne louche, pénétrer dans des pièces secrètes et des repaires de bandits, respirer l’aventure, les perruques et le crottin, vous frotter à la cape et à l’épée, avec Jean d’Aillon suivez plutôt à la trace Louis Fronsac et ses camarades collégiens dans cette première enquête…, afin de savoir s’ils parviendront à temps à prévenir la reine des dangers qui la guettent !

Pour tout dire j’ai aimé, et j’imagine qu’Alexandre Dumas n’aurait pas détesté non plus.

LES FERRETS DE LA REINE, par Jean d’Aillon aux éditions JC Lattès