LES 100 FEMMES DU GREC de Del Pappas

LES 100 FEMMES DU GREC de Del Pappas

Avant d’être l’écrivain prolixe que l’on connaît pour ses polars marseillais, qui ont fait de lui l’héritier le plus direct et revendiqué d’Izzo, Del Pappas fut longtemps un véritable baroudeur, qui traina la sandale de l’Afghanistan aux iles grecques, en passant par la Lorraine et l’île de Whight (cf. le célèbre festival du même nom, où en 1970 il aurait fumé sa première cigarette rigolote…). Ces voyages, nous les avons refaits sur ses traces, à la lecture des innombrables aventures de Constantin, son « double de fiction » selon l’expression consacrée.

A l’heure où le filon pourrait s’épuiser, voilà que Del Pappas trouve un nouveau souffle… et avec quelle réussite il faut le voir sortir du cadre qu’il s’était jusqu’à présent fixé ! Ces « 100 femmes du Grec » sont une véritable œuvre de littérature, naviguant avec brio entre deux courants contraires que nous appelleront la blanche et la noire, pour séparer Gonzagues Saint Bris de Chester Himes comme on sépare le blanc et le jaune de l’œuf. Del pappas, lui, tente ici la grosse omelette et réussit à régaler nos appétits, entre petites confidences et crimes de sang… Il s’agit d’un huis clos morbide, où trois hommes se retrouvent entre quelques meurtres, pour se confier leurs histoires de cul… Comme le font tous les hommes entre eux, jusque dans les situations les plus graves, puisque de toute façon il n’y a que ça qui nous intéresse…

Et Del Pappas frappe juste ! D’abord, il y a cette île grecque, le cagnard sur nos têtes et le cri des mouettes comme si on y était. Puis tous ces petits moments de rien qui font l’humanité et dans la description sensuelle desquels excelle cet auteur : on le savait déjà, mais ce texte sublime cette disposition rare à toucher du doigt les bleus à l’âme, les odeurs de cuisine et les parfums de l’amour. Enfin, il y a la saveur des anecdotes, souvent édifiantes, et où chacun et chacune verra passer dans ces pages certainement un peu de lui-même et beaucoup de ses fesses…

Un gros livre, mais qui se dévore tel un pot-au-feu en hiver ! Un seul reproche, Gilles, mon z’ami (Gilles, c’est le prénom de l’auteur) : parfois une certaine confusion des temps et des personnes oblige à relire l’une ou l’autre phrase pour bien savoir qui parle, dans ce fleuve de la conversation… Mais relire ne gâte pas grand-chose, tant la lecture est bonne. « Tant la lecture est bonne, bonne bonne bonne !... »

LES 100 FEMMES DU GREC, par Del Pappas, aux éditions Transbordeurs