LES PROSTITUTES : CRACHATS ET COMMUNION

LES PROSTITUTES : CRACHATS ET COMMUNION

Comprenez-moi bien. J’ai jamais vu les Ramones au CBGB.

Par contre j’ai vu Philippe Manœuvre, celui qui est là depuis le début, qui a tout vu, tout connu, le type qui peut se permettre une certaine proximité avec les dieux vivants du rock ( oublier sa brosse à dent chez Mick Jagger, ce genre…), Phil Man, si si, je l’ai vu dans la fosse du Gibus, avec the real big smile. En fait, peut être le même que celui de 1976 ( Clash, quelqu’un ? )

Les Prostitutes, donc. Proche du public, c’est rien de le dire, mais ce n’est pas une question de distance « physique », non…c’est autre chose. Le Rock, à la base, ce sont 3 accords et une attitude. Je rappelle une évidence, voire un cliché, mais des concerts, j’en ai vu, j’en ai même fait quelques-uns, et cette évidence n’est pas si évidente. Le problème étant que la plupart des musiciens jouent pour leur instrument ( donc pour eux-mêmes ), et pas pour la chanson. Le bassiste veut slapper partout, le batteur placer son solo de 45 minutes à la John Boham, le chanteur se taper toutes les groupies, et au final, c’est d’un chiant…Les Prostitutes, eux, jouent serrés comme un gang, au service de la chanson, qu’ils offrent à leur public, en la crachant, en la vivant viscéralement pendant ses trois minutes d’existence.

Wild Youth, ouais, tu l’as dit. Parce qu’ils ont retrouvé un truc magique, un truc que j’ai vu faire par Iggy lors du concert des Stooges au Zénith. Briser la barrière, et la scène devient la fosse, et la fosse devient la scène, et tout se mélange, et on arrive là à l’essence même du rock, de ce que doit être le rock. Il n’est plus question d’artistes d’un côté et de spectateurs de l’autre. C’est juste White Riot dans ta tête, et la chanson n’est plus un simple moment du spectacle, mais elle prend vie, elle prend forme et elle existe, et tout le monde peut la toucher, se l’approprier, la vivre et la sacrifier.

Comprenez-moi bien. J’ai jamais vu les Ramones en concert. Mais j’imagine bien l’ambiance du CBGB en 76, et cette sensation imaginée, fantasmée, je l’ai vécue en 2008 au Gibus. Peu importe le lieu, peu importe que le groupe s’appelle Les Ramones ou Les Prostitutes. TU FAIS PARTIE DU VOYAGE. Un voyage indéfinissable, qui va de l’antique incantation vaudou aux rythmes hypnotiques de Death in Vegas, en passant par Robert Johnson, Les Doors de « Five to One », Dirty Mac reprenant « Yer Blues », Suicide, le Velvet Underground et Nirvana. Mistery Train. La messe rock n’roll. En une demi-heure.

J’ai vu les Prostitutes au Gibus. Agressivité, Electricité, Crachats et Communion.

J’ai pas compris toutes les paroles.

Mais on s’en fout.

C’est pas le propos.