Impression

Tout d’abord, jeudi 14 février 2008, à 18h20, sur les ondes de FranceInfo, l’invité du talk-show est le sieur Georges-Marc Benamou, conseiller spécial du président de la république pour l’audiovisuel, et c’est à ce titre qu’il était invité … Et voilà notre grand courtisan qui se lâche dès la troisième phrase, en s’autoproclamant intellectuel : "moi qui suis un intellectuel … mais il y a aussi de nombreux experts qui planchent en ce moment sur la réforme" ; une manière de dire qu’il n’y travaille pas ? qu’il n’y connaît, finalement, rien ? … Il faut se pincer pour y croire ; et comme le journaliste de FranceInfo n’y croit pas, lui, il lance un petit pique : "Oui, vous êtes journaliste …" (sic) et l’autre de confirmer … sans se rendre compte qu’il est une fois de plus ridicule … Comme quoi, un journaliste n’est en rien un intellectuel … On considère trop facilement, de nos jours, une personne comme intellectuelle dès qu’elle travaille dans le domaine tertiaire et/ou celui des idées, de la culture, de l’information ; alors qu’un intellectuel serait plutôt à rechercher du côté des savants, des chercheurs, voire des écrivains … Un journaliste, qui est un rapporteur, n’est en rien un intellectuel, n’en déplaise à sieur Benamou, et cela n’insulte en rien la profession …

C’était donc un petit hors-d’œuvre pour nous mettre en appétit car le plus gros allait venir lors du journal de 20 heures de France2, comme quoi on les préfère de loin en grève …
Le reportage présentant Imad Moghniyé, le haut responsable du Hezbollah, tué mardi par une voiture piégée à Damas, comporta un mensonge d’Etat : en effet, le journaliste aux ordres accusa Moghniyé d’être à l’origine des deux attentats commis en Argentine, contre l’ambassade d’Israël et contre son centre culturel, en 1992 et 1994. Or, la vérité vraie est tout autre puisque la Cour Suprême d’Argentine a rejeté les accusations portées sur le Hezbollah pour lancer des investigations contre … des personnels israéliens – au grand dame de Washington – soupçonnés d’être du Mossad et d’avoir commis ce que l’on appelle un "attentat sous fausse signature". Cela a déclenché une tempête que les médias européens ont très peu rapporté, allant jusqu’à détourner la vérité et accuser le président Chavez d’antisémitisme car ce dernier s’était rangé aux côtés de la Justice argentine et réclamait que la vérité soit faite …
Ce qui est intéressant dans cette affaire, c’est que la première version de la justice argentine accusait l’Iran et/ou le Hezbollah, non sur des preuves trouvées par la police argentine … mais sur des rapports provenant des services secrets américains et israéliens (sic). Tout cela étant, en réalité lié, une fois de plus, au … pétrole, comme nous l’explique très bien Le Monde Diplomatique.
Puis, de nouveau, sous la pression étatsunienne, en décembre 2007, un nouveau mandat d’arrêt international est lancé contre l’ancien président iranien Hashemi Rafsandjani.
Mais il y eut aussi, en août 2006, un diplomate israélien arrêté avec une mallette d’explosifs
en partance d’Argentine pour le Chili ; cela laisse rêveur …
On voit bien que ce dossier est sulfureux, on ne connaîtra sans doute jamais la vérité, même si l’on subodore de quel côté chercher … Mais en aucun cas l’on doit continuer ainsi à réduire l’information et à lancer des accusations sans fondements, même en lâchant une petite phrase sibylline en fin de reportage, du genre "rien n’est prouvé mais de fortes présomptions demeurent" … On sait les ravages que font une rumeur …

Mais au lendemain des déclarations sulfureuses de Sarkozy au dîner du CRIF comme quoi la mémoire des enfants victimes de la Shoah devrait être perpétuée par les enfants du CM2, avec le cortège – même au sein de la communauté juive – de protestations que cela déclencha, l’on ne pouvait faire autrement que d’allumer un contre feu pour, une fois de plus, lier Israël et les Juifs, le Hezbollah et le terrorisme ... une sale manière de monter les communautés les unes contres les autres (à croire qu’ils veulent absolument que leur guerre des civilisations ait lieu !) … avec en point d’orgue, une seule phrase de l’incroyable Pujadas sur la double manifestation qui eut lieu à Beyrouth, en la stigmatisant dans le plus simple commentaire qui soit : les pros Syriens manifestaient face aux anti Syriens (sic).
Une telle bassesse dans l’analyse politique relève du crime de désinformation. Simplifier de la sorte afin d’induire un message brouillé et totalement faux qui ira à l’encontre de la vérité mais aussi de la recherche de la paix, est indigne de la profession de journaliste. Mais David Pujadas est-il un journaliste ou simplement un homme tronc qui se contente de lire un prompteur sans savoir de quoi il parle ?