L’AVÉRITÉ... RIEN QUE LA VÉRITÉ !

L'AVÉRITÉ... RIEN QUE LA VÉRITÉ !

L’Avérité c’est le tout dernier film du cinéaste français
Frédéric Vignale.
L’Avérité s’avère être un court métrage bien construit, en même
temps qu’intelligent, parce qu’il permet de réfléchir sur la condition
humaine et notre monde contemporain.
Ce court métrage est plein de non dits et de suppositions... qui
devient l’esclave de l’autre, à vous de le découvrir.

Avec les films de Frédéric Vignale on ne peut pas rester de
marbre et il est impossible de s’ennuyer tellement ce monsieur sait nous
faire tomber dans le tourbillon de l’interactivité de son art qu’il
maîtrise à merveille, sans nul doute. Nous pénétrons dans la scène qui
se déroule sous nos yeux médusés... on voudrait toucher et sentir, mais
on est déjà happé dans le plan suivant. On entre dans une 3ème dimension avec avidité et délectation.

En premier lieu, Frédéric Vignale nous livre une image de
qualité et sa caméra est une fenêtre ouverte sur les fantasmes de notre
inconscient. Vignale met en scène des images que nous pourrions projeter sur notre écran mental.

Lui seul à ce don de faire vivre nos pensées et
transpose nos histoires intimes et internes sur de la pellicule.
Chaque plan, chaque image, chaque jeu de lumière est une
invitation à la contemplation et nous laisse pantois.
Je disais récemment, dans un article que j’avais rédigé suite à
la sortie du film "L’Auberge Rouge", que le cinéma français était en
perte de vitesse... j’avais oublié de préciser que Frédéric Vignale sait
encore nous faire vibrer grâce à son côté puriste.

Dans "L’Avérité", toutes les images sont aussi belles que
caressantes. Vignale jongle avec les expressions de visage de ses
acteurs et excelle dans le contre-jour. Sa caméra est pudique dans la
seconde qui suit une image quasiment impudique, il sait saisir l’instant
opportun pour mieux nous faire vivre l’histoire.

Les habitués du cinéma "Vignalien" vont en tomber à la renverse
parce que "L’Avérité" ne ressemble pas à ce qu’ils connaissent de lui.
C’est d’ailleurs au moment où l’on croit connaître et saisir Vignale
qu’on s’aperçoit qu’il nous échappe. Pour le comprendre il faudrait
vivre dans sa tête et comme cet individu surprenant ressemble au vent...
il est insaisissable et souffle où il à envie de souffler, en balayant
tout sur son passage.

La vérité est dans l’image saisissante et nulle part ailleurs !
Il existe, dans ce court métrage, un harmonieux mélange entre la
couleur associée à la parole, puis le noir et blanc propre à Vignale.
Ceux qui pensent à tort, que les scénarios de Frédéric Vignale
ne sont pas aboutis, vont pouvoir ravaler leur venin ou leurs propos
acerbes parce que le scénario de l’Avérité est très élaboré, mais encore
faut-il avoir assez de finesse d’esprit pour décrypter certains messages
codés.

Les dialogues de Serge Scotto, ce pittoresque marseillais, sont
aussi croustillants que ceux de notre regretté Michel Audiard.
L’histoire oscille entre un casting pas très réjouissant et la
vénalité des "casteurs". Au début du film, et pendant un instant, on
pourrait même se croire dans l’antichambre d’un gynécologue.

Il se dégage de l’ambiance de départ, des effluves de film de cul tendances S.M. Le trait est épaissi par le passage de la couleur vers le noir et blanc... puis on entre dans une oeuvre à l’atmosphère inquiétante mêlée
à une poésie gestuelle.

La caméra de Frédéric Vignale balaye le buste
généreux d’une bien jolie femme pleine de grâce et de retenue (Ophélie Koering).
On retrouve des acteurs fétiches et talentueux comme Eduardo
Pisani qu’on ne présente plus, Jean Cémeli toujours très classe,
Nathalie Tétrel qui est faite pour le Cinéma et la pétillante Lilac
toujours aussi belle, coquine, un brin provocatrice au final.

Frédéric Vignale est un petit génie du cinéma... mais le
sait-il ?!

Avec Vignale l’excellence est née et son talent est indéniable
parce qu’il est lié au réalisme étrange de ce qu’il filme, pour nous
l’offrir comme un généreux cadeau.

Voir le film "L’Avérité"