No country for old men

No country for old men

Le dernier opus des talentueux Joel et Ethan Coen est aussi surprenant et efficace que son titre est poétique et énigmatique. Une première pour les deux frères, "No country for old men" est l’adaptation d’un roman de Cormac McCarthy. Cette sanglante fresque dépeint une furieuse poursuite, une traque sans fin, une fuite en avant d’hommes liés par leurs choix, leurs promesses, dénués de toutes illusions, emportés par l’immuabilité des choses. Au début des années 80, dans ces grandes plaines texanes, à la frontière mexicaine, où viande bovine rime peu à peu avec cocaïne, le choix d’un homme va entraîner une rafale d’évènements dont il ignorait alors la gravité.

Les frères Coen signent là sûrement leur film le plus abouti, le plus maîtrisé, le plus complet aussi. A la fois sombre, à vif, et teintée d’humour noir aussi, la réalisation coup de poing, rythmée, violente, ponctuée de puissants instants d’accalmie qui laissent à réfléchir, est merveilleusement servie par les acteurs, qui prêtent aux dialogues d’une simplicité percutante, justes et mêmes parfois drôles à certains égards, des personnages totalement habités, jusqu’au moindre détail.

L’acteur Josh Brolin interprète très justement Llewelyn Moss, un texan pure souche, à la moustache et aux santiags, qui habite une caravane avec sa femme, qui au hasard d’une chasse va rapporter en guise de gibier une mallette pleine de dollars, piquée d’un émetteur.

A ses trousses, l’exceptionnel Javier Bardem est Chigurh, un tueur psychopathe, froid, méthodique, joueur, bien décidé à récupérer l’argent dérobé, coûte que coûte, et quoi qu’il en coûte. Comme croit l’entendre Moss dans une scène du film, Chigurh sonne comme "sugar", sucre en anglais. Chigurh, doux comme le sucre ... ? Drôle d’ironie. Avec sa coupe au bol, sa force tranquille, son regard impassible, dérangeant, il ferait presque sourire.

Thommy Lee Jones lui, campe le shérif Bell, troisième génération, ce vieil homme pour qui semble-t-il ce pays n’est pas, ou plus, fait ; sans répit, sans illusion. Il se pose toutes ces questions que sous-entend le film. La violence est elle de plus en plus présente et banalisée ? Peut-on y remédier ou bien faire simplement au mieux, sans illusions, sans espoirs de guérir cette plaie ? Etait-ce mieux avant ? A-t-on vraiment toujours le choix ?

A saluer, une jolie performance de Woody Harrelson, en dandy chasseur de prime, un peu trop confiant.

On sent l’odeur du sang, et celle motels miteux ; on hume la chaleur des corps malmenés, et celle de la poudre. On croit jusqu’au bout au happy end. Mais là n’est pas le but recherché. Non, il n’y a pas de hasard, et non, définitivement, il n’y a pas de repos pour les vieux Hommes...

Date de sortie : 23 Janvier 2008
Réalisé par Joel et Ethan Coen
Avec Tommy Lee Jones, Javier Bardem, Josh Brolin...