Un ouvrier licencié a tenté de se suicider au Havre

Un ouvrier licencié a tenté de se suicider au Havre

Un drame a été évité de justesse samedi soir au Havre. Un délégué CGT menacé de licenciement a tenté de se pendre sur son lieu de travail, les verreries de Graville Tourres et Cie. La CGT réagit.

Acte 1. Une grève animée par la CGT et la CFDT a secoué l’entreprise Tourres pendant sept jours en octobre dernier. Les grévistes réclamaient une augmentation d’un euro par heure. Une exigence plus que raisonnable dans cette boîte qui fonctionne en 3 x 8, sept jours sur sept, sur des semaines à rallonge, pour des salaires qui tournent autour de 1 200 euros. Le patron a lâché 1,5 % d’augmentation à titre de rattrapage, 1,5 % supplémentaire pour 2008, une augmentation des primes de nuit et de souplesse. Par précaution, une clause prévoyait que les grévistes ne subiraient aucune discrimination...

Acte 2. En décembre, à l’approche de Noël, huit salariés, dont deux délégués syndicaux, étaient mis à pied et convoqués pour un « entretien préalable à un licenciement pour faute lourde ». Motif : la direction reproche aux grévistes d’avoir mis en place un piquet de grève en octobre pour bloquer l’entrée des non-grévistes. Les syndicats ont engagé un référé pour licenciements abusifs.

Acte 3. Le 16 janvier, une réunion du Comité d’Entreprise extraordinaire se tenait pour examiner le cas des deux salariés « protégés ». Trois jours plus tard, le secrétaire du comité d’hygiène et de sécurité (CHSCT), membre de la CGT, a voulu se suicider au sein même de l’entreprise qui emploie 490 personnes. Ses jours ne sont plus en danger, mais il reste en observation à l’hôpital du Havre.

En solidarité avec les salariés menacés, un rassemblement s’est déroulé le 16 janvier devant la sous-préfecture du Havre (notre photo). Deux cents militants de l’agglomération havraise sont venus demander au sous-préfet l’arrêt des agissements du patron des Verreries de Graville, filiale du groupe Saverglass, où sont produites des bouteilles de luxe « haut de gamme ». À l’évidence, chez Tourres, les bouteilles sont mieux considérées que les ouvriers.

« Ce drame est la conséquence de l’acharnement du patron de l’entreprise, à vouloir, coûte que coûte, casser les syndicats en place dans l’entreprise, explique la CGT. Ce patron met en place une répression féroce contre les salariés qui oseraient s’opposer à une politique antisociale digne d’un roman de Zola. Comme nous l’avons dit au chef de cabinet de la sous-préfecture du Havre, la situation vécue dans l’entreprise est le fruit des méthodes employées par ce patron provocateur et sans scrupules. »

« Aujourd’hui, il est clair que les pouvoirs publics doivent tenir compte de la situation et répondre en urgence aux situations de détresse des salariés, et tout particulièrement des huit salariés licenciés, poursuit la CGT. Ce drame intervient dans cette entreprise qui fait peu de cas de la législation, qui se préoccupe peu des conditions de travail, et attaque ceux qui les défendent. »

L’Union des syndicats CGT du Havre, appelle les salariés, retraités et privés d’emploi à manifester leur solidarité.

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