Pourquoi faut-il lire et défendre Daniel Lindenberg ?

Pourquoi faut-il lire et défendre Daniel Lindenberg ?

Oui, le livre de Daniel Lindenberg est, certes, beaucoup trop court et n’évite pas certains amalgames un peu fâcheux pour parler des fâchés depuis leur naissance. Oui, Daniel Lindenberg règle quelques comptes perso et pratique un exercice littéraire qui ressemble un peu parfois à une vilaine dénonciation en règle. Oui, il y a un côté un peu « chasse aux sorcières » de la Gauche qui est parfois un peu déplaisant - quoi que bourré de signifiés et d’enseignements. Mais ces amalgames ne doivent pas masquer la judicieuse forêt de vérités absolues qui composent cet ouvrage salvateur. Oui, cet essai est diablement d’actualité.

Car Daniel Lindenberg touche juste. Nous sommes un paquet d’observateurs à avoir attendu sans effet son rappel à l’ordre en signe de mise en garde pertinente. Oui, il y a menace pour la démocratie même si d’aucuns voudraient se voiler la face par commodité - pour mieux laisser se propager sous le manteau leur sale idéologie réactionnaire. Ce sont ceux-là même qui crachent leur haine contre l’étranger dont la femme porte un tchador. C’est le monde à l’envers. Ce qui est très fort chez Lindenberg c’est qu’il a bien senti que certains journalistes qui devraient ne briller que par leur neutralité sont devenus des suppots de "Satan vers l’extrême". Le premier d’entre-eux cité, dès le premier chapitre pour son amour immodéré pour Soral, Bloy et autres, est d’ailleurs Yann Moix, ce qui est fort judicieusement observé, avouons-le.

Oui, sous couvert de littérature fin de siècle, sous le prétexte de rebellions tristes et aigres, on laisse dire tout et n’importe quoi. Des fanzines crasseux de sous-clones de Dantec ou de Nabe, en moins talentueux mais en plus radicaux et minimalistes, font des cacas mal odorants sur le monde des idées. Ils n’ont aucune solution, aucunes idées personnelles mais ils crachent leur vilenie et leur mal-être en regrettant les temps anciens. Adorateur de l’esthétique révolutionnaire, du bel ordre des sociétés staliniennes ou fascistes, ils ne trouvent pas leur compte dans la démocratie. Alors ils déblatèrent des propos confus qui font du bien à leurs petits ego mal peignés. Ils ne sont pas les seuls, les grands intellectuels français s’y mettent aussi et c’est là plus grave car ils ont « pignon sur rue » sordide et cathodiques.

Heureusement arrive la littérature pour les romanciers de la misère sexuelle ou diaristes en mal de reconnaissance, qui dépassent leur propre travail d’imagination en se permettant de vouloir régler leur compte à la politique française par des phrases assassines le 11 septembre ou le 21 avril. Houellebecq et consorts ne sont pas des gourous ou des idéologues, des penseurs qui peuvent apporter des pierres à l’édifice, nous aider à mieux comprendre la géopolitique ou l’état d’effondrement ou non de notre société libérale. Ils ne sont aucunement des Sartre modernes qui payent leurs courses en euros, ils se contentent juste de fournir de temps à autre sous état alcoolique ou mégalomaniaque des idées pauvres et inacceptables, dangereusement démagogiques.

Merci à Daniel Lindenberg de nous ouvrir les yeux sur ses « nouveaux réactionnaires » qui tentent mielleusement de renverser l’ordre établi à coups de longues tirades sophistes ou rythmées de tics de langages qui ont l’honneur des médias friands de sensationnels. Son état des mieux est tout à fait pertinent même s’il est un peu rapide et parcellaire. Bienvenue mesdames et messieurs à « Reac Story », un show pathétique diffusé 24 heures sur 24 dans vos journaux et sur vos écrans depuis le 11 septembre 2001, avec un "prime time" spécial fin avril. On y suit désormais les aventures délirantes du plus fort en gueule du Loft pseudo intello, du raté mal fagoté trop content qu’on écoute ses conneries de bistrot et que l’on trouve cela spirituel.

"Le rappel à l’ordre, enquête sur les nouveaux réactionnaires" de Daniel Lindenberg, 2002, Seuil. 94 pages.

"Le rappel à l’ordre, enquête sur les nouveaux réactionnaires" de Daniel Lindenberg, 2002, Seuil. 94 pages.