Un MurMure israélo-palestinien pour la paix

Un MurMure israélo-palestinien pour la paix

Jusqu’au 9 février, à Paris, l’espace Confluences présente MurMure, une tragi-comédie de Gaël Chaillat et Ariel Cypel librement inspirée des discussions entre Amira Hass (journaliste israélienne) et Mahmoud Zahara Al Safadi (prisonnier palestinien).

En août 2004, pendant une grève de la faim organisée par des détenus politiques palestiniens à la prison d’Ashkelon (près de Gaza), Amira Hass, journaliste israélienne vivant à Ramallah, est entrée en contact avec Mahmoud Zahara Al Safadi grâce à des téléphones portables introduits illégalement.

Aussi incroyable que cela puisse paraître, Amira Hass, correspondante du quotidien israélien Ha’aretz distinguée en 2003 par le World Press Freedom Award, a pu s’entretenir pendant cinq mois, jusqu’à trois heures par jour, avec Mahmoud Zahara Al Safadi, militant du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP, laïque et marxisant).

Mahmoud Zahara Al Safadi était alors détenu depuis quinze ans. Suite à la première Intifada, il purgeait une peine d’emprisonnement de vingt-sept ans pour « participation à un mouvement illicite, jets de cocktails Molotov et incendies de véhicules ». Mahmoud a été libéré en septembre 2006. La Haute Cour de justice a reconnu l’iniquité de sa peine et lui a accordé une libération conditionnelle. Il doit pointer toutes les semaines au commissariat et être rentré chez lui, à Jérusalem-Est, tous les soirs avant 22 heures.

Gaël Chaillat et Ariel Cypel ont travaillé longuement à partir des échanges téléphoniques clandestins et de la correspondance qui a suivi entre Mahmoud Zahara Al Safadi et Amira Hass, fille d’une mère juive communiste rescapée de Bergen-Belsen. La matière brute de ce projet théâtral est un témoignage unique, non censuré par les autorités israéliennes. Beaucoup de metteurs en scène auraient sans doute monté une pièce grave, copie conforme à la terrible réalité. À l’extrême opposé de cette option, Gaël Chaillat et Ariel Cypel ont réalisé une tragi-comédie bien déjantée appelée MurMure. Avec un humour et une dérision féroces, les mécanismes complexes du conflit israélo-palestinien sont évoqués. Le ton éloigne les slogans réducteurs, mais il n’empêche pas de poser de vraies questions.

MurMure a été écrite pour sept acteurs caméléons. Cinq hommes et deux femmes qui se mettent dans la peau de prisonniers, d’un « dragon » (Amira Hass), d’un directeur, d’une hôtesse-gardienne, de Mickey, d’une puce, de trois téléphones, du docteur Sigmund de Vienne, du traiteur Goldenberg… et de spectateurs qui interviennent dès la première scène pour bien mette la pression dans la salle. « Je vous demanderais d’éteindre vos téléphones portables. C’est pour votre confort… » On ne vous en dit pas plus.

MurMure est une pièce déroutante, une fiction clownesque sur le sort dramatique et absurde du Proche-Orient. L’Holocauste, les colonies, le mur, l’apartheid, l’enfermement, la répression contre les Palestiniens emprisonnés ou non, les attentats, les préjugés, l’engagement politique, la résistance, les médias… sont autant de sujets effleurés pour attiser la réflexion, la critique et l’action.

Après sa création à Paris, MurMure, traduite en hébreu et en arabe, sera présentée à Tel-Aviv et au Free Theatre du camp de réfugiés de Jenine, au nord de la Cisjordanie.
Que ce petit MurMure israélo-palestinien devienne vite une grande et vive clameur de paix.

MurMure est jouée à l’espace Confluences (190, boulevard de Charonne 75020 Paris) jusqu’au 9 février inclus. Représentations du mercredi au samedi à 20h30 et le dimanche à 17h.

Débats après le spectacle avec Hind Khoury (déléguée de Palestine en France) le 23 janvier, avec Denis Sieffert (Politis) le 24 janvier, avec Elias Sanbar (historien) le 30 janvier.

Informations et réservations au 01 40 24 16 46 et sur le site de Confluences
Tarif plein : 10 €, Tarif réduit : 7€.

Le texte de MurMure est disponible aux éditions Libertaires, 82 pages. 8€.