Solidarité avec les « damnés de la Terre »

Solidarité avec les « damnés de la Terre »

Pas de trêve pour la chasse à l’homme. Le réseau Education sans Frontières (RESF) et la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) du Havre sont mobilisés pour empêcher l’expulsion d’un père de famille nigérian. Un concert de solidarité est annoncé pour le 29 janvier.

L’histoire se passe au Havre, mais elle pourrait se dérouler dans n’importe quelle ville française. La famille Ogunleye a trois enfants âgés de trois ans, deux ans et quatre mois, tous nés en France. L’aîné est scolarisé dans une école maternelle havraise. Le second va dans une crèche.

Au Nigéria, le père était ingénieur mécanicien. La mère était avocate. Tous deux ont quitté leur pays pour rester en vie. Anglophones d’origine, les deux parents parlent aujourd’hui français et aspirent à s’intégrer professionnellement en France dès qu’ils en auront la possibilité. La famille Ogunleye ne demande qu’à mettre ses compétences au service de leur nouveau pays. Leurs enfants ne connaissent que celui-là.

Malgré leur histoire, les Ogunleye ont été déboutés du droit d’asile. Ayodeji Ogunleye a été arrêté le mercredi 19 décembre, dans le Loiret, lors d’un banal contrôle routier. Il a été expédié à la prison administrative pour étrangers du Mesnil-Amelot. Là où une révolte gronde depuis le 20 décembre. Cent vingt personnes sont emprisonnées dans ce centre de rétention, à deux pas des pistes de l’aéroport de Roissy… Malgré leurs conditions carcérales difficiles, malgré les menaces d’expulsion, malgré les intimidations, les détenus innocents ont réussi à s’organiser. Ils ont été rejoints par les trois cents détenus des deux centres de rétention de Vincennes. Une grève de la faim est suivie par certains prisonniers.

« Ils protestent contre leurs conditions de détention, mais aussi et surtout contre le sort qui est fait aux sans-papiers dans ce pays et contre la véritable chasse à l’homme dont ils sont l’objet, explique RESF dans un communiqué. Soumis à la pression de la politique du chiffre à tout prix, les préfectures et les services de police recourent à tous les moyens et à tous les stratagèmes pour interpeller, placer en rétention et expulser à tout va. Rafles dans les transports et dans les rues, descentes de police sur les lieux de travail et même dans les magasins comme cela s’est produit mercredi à Paris, convocations pièges, contrôles au faciès, interpellations à domicile, tout est bon pour faire du chiffre. Si monsieur Sarkozy prétendait aller chercher le pouvoir d’achat avec ses dents, ce sont les sans-papiers que monsieur Hortefeux va, lui, chercher avec ses dents pour tenter d’atteindre son objectif démentiel de 25 000 existences fracassées en 2007. »

« Le nombre des familles qui se tournent vers RESF ou la LDH a considérablement augmenté, indique une militante havraise. Les familles qui étaient en procédure OFPRA au moment de la circulaire Sarkozy n’ont actuellement aucune chance de pouvoir obtenir un titre de séjour. Le fait d’être débouté du droit d’asile, ne veut pas dire que ces familles puissent retourner sans craintes dans leur pays. Comble de l’absurde, certaines personnes ne sont ni expulsables ni régularisables. C’est comme ça que l’on fabrique des sans-papiers condamnés à vivre sans droits, à la merci d’employeurs peu scrupuleux. Il ne faut pas attendre malheureusement de notre gouvernement la régularisation des étrangers qui vivent en France depuis plusieurs années. Nous devons dénoncer cette situation et aider de notre mieux ces familles en empêchant leur expulsion. Après les dernières lois votées au parlement, durcissant notamment le regroupement familial, nous devons continuer à lutter contre l’application de ces lois xénophobes et racistes. Refusons que ces lois soient appliquées en notre nom. »

RESF existe au Havre depuis 2005. L’action de ces militants a permis de limiter la casse, d’accompagner les personnes menacées dans leurs épuisantes démarches administratives, de mobiliser enseignants et parents d’élèves autour de cas critiques, d’apporter un peu d’humanité dans des vies brisées par la terreur policière.

Pour poursuivre la lutte, RESF Le Havre organise un concert le 29 janvier, à partir de 18h30, à la Maison de l’Etudiant. Les Bidons d’Eole, Dominique Comont, 1 costard pour 2, les Tinun’s, les Josettes rouges et les 4 L assureront le spectacle.

Entrée : 10€ (5€ pour les étudiants, les chômeurs, les précaires).

Le site Internet de RESF permet de suivre le mouvement des sans-papiers dans les centres de rétention. Il donne également des informations sur les groupes RESF de chaque région. On peut y signer des pétitions, notamment pour soutenir Ayodeji Ogunleye.