Les archives de l’Algérie éparpillées dans le monde

 Les archives de l'Algérie éparpillées dans le monde

La question des archives est revenue en force ces derniers temps sur la scène médiatique algérienne. Il faut dire que ce sensible dossier suscite toujours un vif débat dans notre pays. Même si quelques avancées ont été réalisées dans ce domaine à l’image de la convention de partenariat signée entre l’INA de France et l’Entreprise publique de télévision algérienne (EPTV, ex-ENTV), et ce pendant la dernière visite de Nicolas Sarkozy, portant sur la mise à disposition d’une copie de l’ensemble des images d’actualité conservées par l’INA, relatives à l’Algérie depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu’à 1962, l’Algérie ne dispose toujours pas de la majorité de ces fonds d’archives qui demeurent selon plusieurs spécialistes éparpillées dans le monde entier.

A cet effet, Mme Ben Braham, présidente de l’instance nationale pour la décolonisation des relations algéro-françaises, a animé, hier, une conférence au centre presse de Moudjahid sur le thème de l’importance des archives dans l’histoire d’une nation, à travers de larges références au cas algérien.

De prime abord, l’intervenante a largement souligné l’importance vitale que revêtent les archives dans la construction d’une nation. « Les archives sont l’extrait de naissance d’une nation », a-t-elle dit à ce sujet. Néanmoins, le constat est très amer concernant les archives de l’Algérie. « Nos archives demeurent jusqu’à ce jour éparpillées à travers le monde. Aux Etats-Unis, en Angleterre, en Syrie, dans les pays Nordiques, en Turquie et surtout en France, nous avons retrouvé d’importants fonds d’archives appartenant à notre pays », déclare Mme Ben Braham. « Plusieurs de ces pays sont en plus disposés à nous rendre nos archives. Mais, malheureusement, nous avons constaté qu’il n’y a aucune volonté politique exprimée pour rapatrier ne serait-ce qu’une partie de ces fonds », ajoute l’intervenante.

Sur ce point, elle cite volontiers le cas de la Turquie qui détient à Istanbul une grande partie des archives de l’Algérie à l’instar de l’Etat Civil algérien. Beaucoup d’algériens pourraient grâce à ce document refaire leur arbre archéologique et retrouver les traces de leurs aïeux. Il est à signaler également que l’autre grande partie de notre Etat Civil se trouve actuellement en France où il fut transféré juste après la colonisation par De Beaumont. « Les français, contrairement aux Trucs, refusent toujours de nous donner nos archives qui nous reviennent pourtant de plein droit. Avec le deux textes de lois que la France a adopté en janvier 1979, il faudrait aux algériens d’attendre deux générations encore pour pouvoir rêver d’accéder à leurs archives », explique à cet égard Mme Ben Braham. Ainsi pour notre interlocutrice, la France s’acharne toujours à vouloir effacer notre mémoire en rendant impossible la consultation de nos archives qui nous seront d’une aide précieuse pour éclairer de nombreux tristes épisodes de l’histoire coloniale. De la tragédie du 8 mai 1945 en passant par les massacre d’octobre à Paris et jusqu’aux actes de tortures et de répressions commises par le colonisateur durant la guerre de libération nationale, terribles demeurent encore les dessous et les zones d’ombre des crimes français à l’encontre des algériens. Mais rien ne justifie encore une fois, d’après Mme Ben Braham, l’apathie et l’immobilisme des autorités algériennes sur car si « nous n’établissons pas nous-mêmes la vérité qui pourra l’établir à notre place ? »