Julien Gracq, décès de l’écrivain qui avait la littérature à l’estomac

Julien Gracq, décès de l'écrivain qui avait la littérature à l'estomac

Julien Gracq (de son vrai nom Louis Poirier) était un écrivain français né le 27 juillet 1910 à Saint-Florent-le-Vieil et qui est mort le 22 décembre 2007 à Angers des suites d’un malaise. Il vivait simplement dans son village natal, avec sa sœur, dans la maison de famille, où les vieux meubles, selon Pierre Assouline, ressemblaient à son écriture, classique et splendide.
Jamais édité en poche, ses textes n’avaient connu que des tirages limités, ce qui ne l’avait pas empêché d’acquérir un immense prestige auprès d’un public lettré.

Il est l’un des auteurs les plus discrets du paysage littéraire français, estimant que l’écrivain doit disparaître derrière son œuvre. Nourrie du romantisme allemand et du surréalisme, l’œuvre de Julien Gracq mêle l’insolite et le symbolisme fantastique. Il fait partie du petit nombre d’auteurs qui, de leur vivant, ont été publiés dans la collection de la Pléiade (Gallimard) et qui ont été mis au programme de l’agrégation des Lettres.

Ancien élève du Lycée Henri-IV et de l’École normale supérieure (promotion 1930), et de l’École libre des sciences politiques, agrégé de géographie en 1934, il fait une carrière de professeur aux lycées de Quimper, Nantes, Amiens pour finir sa carrière au lycée Claude Bernard de Paris où il enseigne jusqu’en 1970.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé comme officier de réserve.

Après le refus de Gallimard, il publie sa première œuvre, Au château d’Argol, chez l’éditeur José Corti auquel il reste fidèle par la suite. André Breton remarque le roman et contribue aux premiers remous de la critique littéraire. Gracq reste fidèle à la personne de Breton, sans jamais appartenir au mouvement surréaliste. Il écrit d’ailleurs un essai intitulé André Breton, quelques aspects de l’écrivain en 1948.

La découverte en 1943 de Sur les falaises de marbre, le roman emblématique d’Ernst Jünger, est pour Gracq une véritable révélation. On retrouve des similitudes stylistiques et thématiques entre les deux œuvres dans ses productions suivantes et les deux hommes entrent en relation. Jünger note dans son journal à la date du 2 avril 1980 en évoquant des personnes venus pour fêter son quatre-vingt-cinquième anniversaire :

« Avec mes amis parisiens, Julien Gracq était venu : c’est lui qui, après la mort de mon cher Marcel Jouhandeau, écrit la meilleure prose française. »

Après avoir publié en 1950 dans la revue Empédocle un pamphlet féroce, La Littérature à l’estomac, sur la situation de la littérature et sur les prix littéraires, Gracq reste cohérent avec lui-même et refuse l’année suivante le prix Goncourt pour Le Rivage des Syrtes, ce qui provoque une tempête médiatique.

Il publie en 1958 Un balcon en forêt, un roman qui prend appui sur son expérience de soldat dans les Ardennes au début de la Seconde Guerre mondiale et qui renouvelle le thème de la naissance de l’amour dans le contexte ambigu et finalement tragique de la « Drôle de guerre ». Touché par le caractère étrange du personnage féminin et de la situation amoureuse, le metteur en scène Michel Mitrani en tire en 1979 une adaptation cinématographique qui conserve le même titre.

À partir des années 1960, il publie plusieurs textes de critique littéraire (Préférences, Lettrines I, Lettrines II, En lisant en écrivant) où transparaissent ses choix électifs en matière d’histoire et de littérature ainsi que son acuité critique. (On remarque que cette production est assez vite devenue, chez les enseignants de lettres, un répertoire de sujets de concours ou d’examens dans le domaine littéraire.

Toujours à l’écart du parisianisme et des médias et fidèle à son éditeur José Corti, il continue à publier, en particulier des notes de lectures tirées de nombreux « cahiers » qu’il intitule Lettrines, ou encore des récits de voyage ou de promenades, comme Autour des sept collines pour Rome en 1988 et Carnets du grand chemin en 1992. Sa manière d’écrire et sa formation de géomorphologue en font une référence pour de nombreux géographes.

Source : Wikipedia et compagnie