Jean-Paul Bolufer, bras droit de Christine Boutin, ministre du Logement et de la Ville, a donc démissionné de son poste de chef de cabinet jeudi, victime d’une campagne de presse au motif qu’il occupe un logement à loyer modéré de 190 m² alors que son traitement lui permettrait de le laisser à une famille nécessiteuse en se logeant au prix du marché. Ce qui fait scandale en fait, c’est que la révélation de cet avantage intervient au moment où la question des sans-abri se trouve en débat, et que Jean-Paul Bolufer est chargé d’en écrire la partition. Maintenant qu’il a quitté ses fonctions, des langues vertueuses se délient pour l’exhorter à déménager aussitôt. Ce haut fonctionnaire qui a fait sa carrière sous la férule de Jacques Chirac sera-t-il passible de la double peine ? Des milliers de foyers bénéficieraient, selon lui, d’avantages identiques… Le problème n’est pas neuf, puisqu’il remonte aux années où Jacques Chirac était maire de Paris, et il a déjà fait scandale, en 1995, lorsque Le Canard enchaîné avait révélé le montant du loyer du Premier ministre de l’époque, Alain Juppé. Va-t-on désormais exiger de nos élites qu’elles partagent les tentes des sans-abri ? Jean-Paul Bolufer se croit en ce moment tranquille, en bénéficiant de la trêve hivernale, qui interdit toute expulsion… L’année prochaine, le cadavre qu’on a relevé jeudi matin place de la Concorde, sera peut-être le sien.