Merveilles d’architecture !

Merveilles d'architecture !

Pour voyager dans l’humanité rien ne vaut un petit inventaire des constructions laissées par l’homme, seules authentiques traces immortelles qui témoignent d’un réel désir de dépassement, d’une recherche effrénée d’esthétisme, d’une volonté d’être unique. Cet impressionnant volume à la taille imposante vous entraînera des pyramides à l’opéra de Sydney : attention les yeux !

On est en effet cueilli dès la première double-page, qui s’impose sur fond noir comme toutes celles à venir, avec une perspective d’une allée de la cité des Arts et des Sciences de Valence (Espagne) illuminée par une sphère bleue en structure métallique. Puis la double suivante ce sont les pyramides de Gizeh qui vous éblouissent et celle d’après, la double-page du sommaire, le Walt Disney Concert Hall de Los Angeles qui a des faux airs du Guggenheim de Bilbao … A n’en pas douter le choix du format y est pour beaucoup : rarement éditeur aura eu le culot de réaliser livre aussi grand. La maquette qui introduit des jeux de caractères et toujours ce fond noir ajoute à l’ambiance du livre un relief qui met admirablement en valeur les photographies : les monuments ne sont plus qu’assemblages érudits ou pierres ensoleillés sous des millénaires de sables et de tempêtes, mais les personnages d’une pièce de théâtre qui demeure habitée de mystères. En effet, comment discerne-t-on un chef-d’œuvre d’une œuvre mineure ? Tout est dans l’alchimie d’une combinaison habile, voire casuelle, mais certainement heureuse qui découle de divers facteurs qui donnent ainsi vie à un événement, un lieu, un édifice que la mémoire des hommes conservera. De l’Antiquité à nos jours, la création architecturale donne parfois une œuvre immortelle, fruit du talent, de la réflexion, du travail et de nombreux sacrifices. C’est cet accomplissement d’une expression artistique née d’une position dialectique et transposée au fil des siècles à travers la géographie du monde, que le concept d’édifice est naît. De la confrontation avec les éléments, les envies et les hommes, un processus s’est imposé, qui requiert la présence simultanée de multiples rôles, comme dans un orchestre – seule capable de produire cette musique cristallisée comme Schelling se plaisait à appeler l’architecture.

Les monuments et édifices présentés dans cet album sont le résultat d’un concours naturel qui s’est déroulé au fil des siècles passés, mais aussi fruit d’efforts et d’études, de projets et de constructions dont la majeure partie n’a pas mérité de rester dans les mémoires. Ici est présenté un florilège d’épisodes de sublimes réussites qui prennent leur envol vers l’éternité. Quoiqu’il puisse arriver désormais, l’extraordinaire variété de ces édifices démontre, par leurs pratiques constructives aux multiples variables adoptées puis dépassées, pour mieux être supplantées par de nouveaux matériaux, la véritable matière première de ces merveilles : la pensée humaine.

36 sites sont répertoriés sur les quatre continents. En ouverture les fameuses pyramides de Gizeh (accompagnées du Sphinx), puis suit le site de Karnak (à la magnifique vue aérienne subtilement agencée avec des détails de l’obélisque et des colonnes), puis vient le temple d’Abou Simbel (avec les impressionnants colosses sans parler de la photo de la première salle du temple prise en enfilade, avec un plafond or et bleu, et les huit pilastres ornés chacun d’une statue osirienne de RamsèsII). Persépolis enchaîne l’inventaire antique (avec la fameuse porte des Nations, l’escalier sculpté de soldats et un détail de sculptures sur le thème du lion qui mord un taureau), puis le Parthénon et sa façade aux colonnes doriques, le Khazneh à Pétra avec la vue exacte que l’on a en arrivant sur le site : on s’y croirait ! S’en suit le Colisée et le temple des Inscriptions (Palenque, Mexique) où la pierre grise prise dans l’épaisse végétation tropicale de la vallée de la rivière Usumacinta est d’un abord surréaliste ; tout comme El Castillo (le plus monumental édifice de la cité maya-toltèque).
Puis grand écart avec Saint-Sophie et ses icônes dorées qui cohabitent avec des calligraphies islamiques ; puis la basilique Saint-Marc de Venise dont l’intérieur frappe par l’éblouissant ensemble de surfaces dorées et de décorations qui s’étendent à toute l’église, de la nef au presbytère. Viendront la place des miracles à Pise, Notre-Dame de Paris, Angkor, l’Alhambra, le Taj Mahal, la Grande Muraille, le Kremlin, etc. etc.

Livre est le testament de quatre millénaire de bâtisseurs, allant des pyramides à l’Experience Music Project de Seattle (une horreur !), qui nous oriente vers la suite à donner dans la marche en avant de l’humanité, et qui souligne fortement que ces édifices témoignent des qualités permanentes et inaliénables de l’esprit humain : la confrontation avec soi-même, avec l’espace et avec le temps. Et surtout, avoir cette capacité à exprimer des idées qui, converties en réalité, forment la mémoire de l’humanité.

Francesco Boccia (sous la direction de), Merveilles d’architecture, 440 x 360, relié, couverture tissu noir sous jaquette à rabats, Editions White Star, novembre 2007, 176 p. – 29,90 €