Augustin Legrand va planter sa Tente à Matignon Mardi
Avec le retour des premiers frimas se pose à nouveau la question des sans-abri, à croire qu’elle n’a pas lieu d’être évoquée à la belle saison. Un accord ayant été trouvé vendredi entre les pouvoirs publics et les associations qui gèrent le camp de tentes de la rue de la Banque, à un jet de pierre de la Banque de France, les Don Quichotte d’Augustin Legrand avaient immédiatement menacé d’installer d’autres campements dans le centre de Paris, dénonçant les promesses non tenues du gouvernement. De fait, une action en ce sens a immédiatement été contrée par la force publique samedi matin, non loin de Notre-Dame. L’État s’est empressé d’afficher sa fermeté, arguant de la prochaine efficience de la loi sur le Droit au Logement opposable, et une controverse est née sur le nombre et la qualité des hébergements d’urgence. Il est vrai que si le colonel Kadhafi a démonté sa tente installée dans le parc de l’hôtel Marigny, pourquoi autoriser désormais à d’autres des caprices identiques ?
La compassion n’est plus à la mode en haut lieu :
Plus question d’établir tous ces camps de fortune,
Aussi, de tente, on ne veut plus qu’il en reste une
Sinon dans les campings sis au loin du chef-lieu !
La loi nous offre-t-elle un toit ? Juste milieu
Pour ceux qui ont le sens de la phrase opportune,
Mais lui qui n’en a pas ou qui n’a pas la thune
Attendra de se voir opposer un non-lieu…
On a plus qu’il ne faut d’hébergement d’urgence,
D’où peut venir des sans-logis la résurgence ?
Chassez ces indigents que je ne saurais voir…
C’est bien fini, le temps où la cour des miracles
Régnait sur les bas-fonds près du bateau-lavoir,
Et c’est à Matignon qu’on nous pond les oracles.