LA VERITABLE HISTOIRE DE FUTUROPOLIS

LA VERITABLE HISTOIRE DE FUTUROPOLIS

Il était une fois ..dans les années post hippies, trois jeunes amis, avec des idées pleins la tête, l’envie d’apprendre, de se lancer, de créer ... avec en commun ce goût pour le livre : entre littérature et Bande Dessinée, c’est à travers une librairie spécialisée dans le 9ème art, l’unique en son genre à Paris, que va éclore une ambiance, une aventure, un défi vers l’édition, avec des grands noms de la Bande Dessinée. Bienvenue dans la grande histoire de Futuropolis !

1968 est déjà terminé, nous sommes en plein début des années 1970, l’esprit soixanthuit-tard flane un peu,... Florence Cestac est illustratrice, et Etienne Robial est pigiste. Tout les deux sont animés par une même passion : chiné dans Paris, fouiller dans le vieux et le mettre à neuf. Au détour d’une lecture d’un bouquiniste, les retrouvailles avec un ami d’enfance Denis Ozanne, Cestac et Robial vont être guidé vers une librairie spécialisée dans la Bande dessinée, boutique rare en lieu de France et Paris à cette époque. Le propriétaire est le meilleur lettreur de Paris, en plus des bandes dessinées de toutes époques. La formation de libraire commence : chiner un maximum d’illustrés : de Paris à Lille, d’un Festival à une brocante, tout est bon pour Futuropolis. Des clients deviennent des amis fidèles, comme un grand connaisseur de la Science Fiction, qui écrivait des articles sur les comics US ( Hulk, Spiderman ...) : un certain Jean-Pierre Dionnet (fondateur plus tard de "Métal Hurlant").

Eddy Mitchell et sa horde de fans font partie des meilleurs clients, le premier album peut être édité chez Futuropolis (dont le logo est soigneusement dessiné par Florence Cestac : la naissance du personange Harry Mickeson) : jamais paru en France, les dessins de CALVO sont édités dans un album « O.V.N.I », noir et blanc, couverture souple, moue, et surtout inrrangeable dans une bibliothèque, qui restera la marque de fabrique de Futuropolis, avec des maquettes sur table lumineuse, dont Robial est spécialiste au millimètre.

Au détour d’un festival BD, c’est la rencontre avec Jacques Tardi. L’album « La véritable histoire du soldat inconnu » est le premier grand succès ! Au début, les ventes sont peu fructueuses. Le trio a sa combine pour placer plus d’ albums dans la librairie du Quartier Latin : première étape : deux -trois exemplaires sont en rayon, deuxième étape : des amis se rendent sur place pour acheter les albums, et ainsi de suite, le petit stock grossit, jusqu’à être exposé en vitrine ! La Bande Dessinée supplante la littérature sur Paris !

Librairie et Edition, FUTUROPOLIS grandit de plus en plus. Le trio voyagent à New-York pour découvrir la BD underground , et un grand auteur : Robert Crumb, qui préfère plus parler de Jazz, que dessin.

Pour Florence Cestac, c’est clair : FUTUROPOLIS est éditeur ! Les piles de livres font craquer le plancher ! Premier déménagement : Le Passage des Ecoliers. L’aventure en grand et au milieu de la pièce , l’ambiance autour de la table lumineuse où Florence et Etienne travaillent la maquette de jour, de nuit, avec des équerres, des tés, des batailles de colle. Le premier catalogue paraît sous forme de faux journal : FUTURO, et un employé exceptionnel débarque : un chien similaire à celui du logo d’un célèbre producteur de disque !
Les collections s’enchaînent au sein de Futuropolis : après le 30x40 : « Copyright »,« Futuropolice »(le polar).Les années 80 s’annoncent au mieux et avec une playade de jeunes auteurs : Denis, Charlie Schlingo ; Joost Swart. C’est la sortie des portfolios, des albums aux couverutres et à la présentation plus qu’artistique et originales : d’une couverture en OR à la blanche recouverte par un rodoïde, tout est possible !

La collection «  X » lance les jeunes inconnus. La file d’attente est immense et vont marquer Thévenet et Cestac (ce qui va donner l’album « Comment faire de la Bédé sans passer pour un pied nikelé », narrant les « castings » des amateurs du 9ième art). Parmis eux, un homme qui arrive en état de petite joie, avec des histoires mélancoliques : Baudoin, un niçois tourmenté par des questions existentialistes telles que : comment payer le train, comment payer les factures.

Les années 90, Gallimard reprend en main FUTURO(diminutif de copinage) : naissance d’une nouvelle collection « Futuro-Gallimard » : Tardi illustre Céline : "Voyage au bout de la nuit" , Cestac améliore ses gros nez et dessine « La Guerre des boutons ». Robial n’a plus la tête à l’édition et se consacre à sa nouvelle société « On-Off » et fait dans l’habillage télé. Plus tard, Cestac aussi se retire, et croise en chemin la relève du «  Labo » (la bande de J.C Menu - avec Trondheim, Blain, Sfar...qui vont fonder l’édition «  L’association ») .

Cestac raconte, conte, se place faceau lecteur, et évoque des souvenirs, avec des gros nez pour tous, des anecdotes, de la folie, des grands noms ont traversé l’historie de FUTUROPOLIS : de Tardi au regretté Charlie Schlingo, la liste des fidèle à cette petite maison d’édition, cette bande de copain autour d’une table lumineuse, ce lieu de combat, de travail bien fait, de colle, de rodoïdes... C’est la vieille école, celle de nos aînés avant que n’apparaissent l’ordinateur et Adobe & QuarkXpress aujourd’hui. Florence et Etienne ont tout donné à tout les instants, sans jamais flancher, même sous la menace des huissiers, des banquiers, ils défendent, ils bichonnent les auteurs à leur manière. Entre larme et réconfort, du rire, de la joie, des cafés, des voyages, des livres, des planches originales parfois abimées (Tardi en sait quelque chose), de la solidité dans la brochure, test de fiabilité meilleur qu’en Chine ou que l’éditeur « trucmuche ».

Cestac nous plonge dans une belle partie de l’Histoire de la Bande Dessinée. Elle y a joué tout les rôles, elle en a pris les richesses, et nous les transmets dans un album, de petit format, couverture bien reliée au pages, maquette impécable , peut-être faite autour d’une table lumineuse, au milieu d’une bataille entre le scotch, de gomme, de chiures de gomme, de mine de plomb, d’équerres, de té, parfois de colle. Tout a été vérifié au millimètre près par Etienne Robial (atteindt par le Démon de Midi ... dont Florence a traduit le tout dans un album du même nom, joué par Michèle Mercier), entre deux habillages télé pour M6 ou Canal+, voir la TNT.

L’album est noir et blanc comme le souvenir, comme la facilité pour faire une maquette, comme la facilité de rajouter une couleur d’imprimerie de la Quadrichromie : le jaune. C’est un petit trésor , un objet que vous ne pourrez pas placer dans la bibliothèque. Tout est vrai dans cette histoire.
Florence Cestac, Etienne Robal, Denis Ozanne, plus tard Thévenet ... ils font parti d’un grand patrimoine de l’Histoire de la Bande dessinée, de la culture française, Européenne, voir mondiale.

Nous pouvons toujours envoyer cet album à ces messieurs « caca » du TIMES pour leur montrer que rien n’est mort dans culture française !

Je m’imagine à dire après la lecture de cet album : « oui , j’ai été repéré par la bande de Futuropolis ».

Aujourd’hui, Florence Cestac continue à dessiner, avec fidèlité, des gros nez, pour le plaisir et la satisfaction de Harry Mickson.

LA VÉRITABLE HISTOIRE DE FUTUROPOLIS (1972 – 1994) - Florence Cestac – Dargaud.