Un film moins niais, s’il vous plaît
Film trop écrit qui joue sur les hiatus, qui agace, film prétentieux dont l’intrigue minimaliste et éculée est racontée mille fois mieux ailleurs, Emmanuel Mouret revient avec "Un baiser, s’il vous plaît" est une oeuvre pénible à regarder.
Un long métrage laborieux où les personnages en prise avec un désir cucu la praline comblent du vide au sein d’une hyper théatralité qui tombe à plat et provoque un ennui désuet, peu divertissant et donne au final une oeuvre singulière qui ne convainc pas. Le drame de l’avance sur recettes avec acteurs "bankables", nouveau cinéma, dans sa plus pure acception.
La thématique principale du baiser qui aurait pu être un jeu ludique et fédérateur devient un prétexte lourd et artificiel. Emmanuel Mouret en metteur en scène pastel, tentant de faire du Ozon hétéro, peine à imprimer une marque forte, il se perd en digressions trop futiles pour être honnêtes.
Les acteurs font ce qu’il peuvent pour camper l’injouable : le fantasme niais post ado. Compliquer ce qui devrait être léger est poétique par un pseudo regard intello et peu sincère est le travers du réalisateur.
Aucun personnage féminin n’est réellement femme, les hommes sont trop peu masculins, les rapports ne sont nourris d’aucune vérité, d’aucune expérience pragmatique, "Un baiser s’il vous plaît" est un la mauvaise copie d’un étudiant en Cinéma qui voudrait bien faire dans l’Art bourgeois.
Manque de style, manque de personnalité, mèche trop bien coiffée. Absence de folie, d’incident. Ennui mortel du camaïeu.
Cache cache adultérin à deux balles, sexualité bébête, manque de maturité, épaisseur aux abonnés absents, on a l’impression d’une oeuvre qui tente d’y parvenir sans jamais sortir d’un cadre scolaire.
La lumière est belle, l’image aussi mais finalement il y a peu d’invention, pas de plaisir esthétique ni sensuel. On a l’impression qu’il a eu un coup de gel dans le schéma de communication, que cela manque de couille et de sincérité.
"Un baiser s’il vous plaît" est comme un film de non genre, une démonstration d’impuissance cinématographique. On n’accède pas au désir, encore moins au plaisir et jamais le cortex n’est mis à contribution malgré des tentatives puériles de mise en scène d’une vraie fausse érudition et d’une réflexion philosophique avortée.
Pourtant Emmanuel Mouret n’est pas antipathique, détestable, on n’a pas envie d’envoyer de la violence à son propos mais son travail manque de densité, n’imprime rien de durable. Il est l’oeil d’un monde aseptisé, dénué de cette magie et de cette folie qui sont les fer de lance des grands réalisateurs.
Dommage que l’originalité qu’on sent dans le regard premier de Mouret arrive si peu à s’exprimer en bande... cinématographique. N’est pas le fils spirituel d’Éric Rohmer qui veut.
"UN BAISER S’IL VOUS PLAIT" d’Emmanuel MOURET.
Avec : Lucciana de Voque , Emmanuel Mouret , Virginie Ledoyen , Julie Gayet , Michaël Cohen , Stefano Accorsi , Frédérique Bel , Mélanie Maudran.