Eloge de Gavin Bowd, traducteur de Houellebecq
Il faut saluer Gavin Bowd. Ce n’est pas tous les jours qu’un poète apparemment communiste traduit un romancier prétendument réactionnaire. Ces deux-là nous surclassent avec un habileté passionnante. L’édition anglaise de la Possibilité d’une île est si juste, si légère, si fouettée, qu’elle finirait pas surpasser en musicalité la version originale.
Bowd a tout saisi du grand Satan réunionnais : l’humour vache et vrai, la nonchalance irrésistible, et ce flair rhétorique hors pair qui apparente le petit étudiant de Crécy-la-Chapelle aux rhéteurs du Grand Siècle. The possibility of an island est un plaisir qu’il faut s’offrir quand on a déjà tout lu en français.
Bowd a gagné son pari haut la main. Il faut le saluer d’avoir rendu Houellebecq pour ce qu’il est : le meilleur d’entre nous, et de très loin.