Lettre ouverte au Père Noël

Lettre ouverte au Père Noël

Beauville, le 09 décembre 2007

Cher Père Noël,

Cette année encore, pour fêter l’anniversaire à Jésus, nous serons nombreux à solliciter tes services, ô toi grand seigneur de la consommation, toi maître de la décadence et du jouet en plastique "made in China". Tu sauras comme toujours exaucer nos désirs les plus fous, généreusement déposés dans des babouches au coin du radiateur, car tu m’en vois navré je n’ai ni pantoufles ni cheminée.

L’an dernier, je t’avais demandé un aller/retour SNCF à Saint-Jean-Pied-de-Port, pour m’offrir un pèlerinage sur les lieux d’une improbable colonie de vacances qui m’avait vu succomber aux délices de ma première conquête amoureuse. Je ne sais pas ce qui m’a pris, je ne le ferai plus : j’ai réalisé que Saint Jean Pied de Port a finalement peu d’intérêt en dehors des effluves printanières des émois adolescents. Non, je n’irai plus. Mon caprice est fini. Et dire que c’était la ville de mon premier amour…

Non, cette année, j’ai envie de te demander des cadeaux complètement surréalistes : l’élection démocratique d’un dictateur en Russie, ou un assassin pour le Préfet Erignac qui soit désigné par quelqu’un d’autre qu’un Ministre de l’Intérieur devenu Président. Je veux bien aussi quelques infirmières Bulgares. D’abord parce que j’aime bien les infirmières, et ensuite parce qu’elles sont jolies les filles de l’Est, et puis aussi parce que j’ai pas assez d’armes en stock pour me les payer moi-même. Pour le repas, je prendrai deux tranches d’émeutes de banlieue et quelques cadeaux fiscaux. Et remettez-moi un peu de liberté de la presse, on en trouve plus guère par ici.

Enfin, si je peux me permettre un petit conseil vestimentaire, je pense que tu devrais à l’occasion modifier ton accoutrement. Je sais bien qu’il t’a été habilement suggéré par Coca-Cola pour porter haut les couleurs de la marque, mais quand même : avoue que le rouge, de nos jours, c’est démodé. Et puis surtout, comme le dit le dicton, "rouge sur blanc, tout fout l’camp…"