LA COLERE D’ACHILLE

LA COLERE D'ACHILLE

« La fureur m’envahit, voilà longtemps que je suis mort. »
D’emblée, la première phrase de LA COLERE D’ACHILLE, dernier roman de Charles Ficat, nous plonge dans l’épopée d’une des stars de l’ILIADE… celle du célèbre héros de la mythologie grecque, roi des Myrmidons, retracée en douze flamboyants chapitres ou tableaux.

Colère ? C’est bien le maître mot de cette histoire mouvementée ! Dans la solitude des Enfers, Achille chante sa courte vie et se rappelle la guerre de Troie. L’intrépide guerrier, fuyant l’ennui et une existence médiocre, a répondu à l’appel des chefs grecs. Mais cette étrange guerre de Troie aux multiples rebondissements va s’éterniser…

Au fil de 172 pages somptueuses, nous percevons la progression colérique - et existentielle - de l’héros grec, éloigné de son fils et de sa femme, en retrait des politiques et combines de ses congénères, et fragilisé par ceux qui tuent ses amis (Patrocle) ou convoitent ses esclaves (Briséis).
« Je recherche quelque chose de plus fragile et de plus précieux que seuls traquent les fous épris d’absolu, un soleil d’or dans un ciel de plomb, une étincelle dans la glace : la gloire », s’exclame ce demi-dieu - fils de Pélée, un mortel et de Thétis, divinité marine -, qui nous apparaît à la fois comme un fils monstrueux d’Arès et de Rimbaud.

Cet Achille, brûlé par le désir, la violence et la beauté de la nature, se consume dans une fureur de vivre toute cinématographique. Agamemnon, Patrocle, Hector, Pâris, Ulysse, Chiron - et tant d’autres – défilent dans cette fresque colorée. L’univers romanesque de cette « Colère » s’avère à la fois martial et possédé. L’épée, le goupillon et les oracles en forment la (sombre) trame. Cette COLERE D’ACHILLE évoquera à certains celle du moine illuminé du TEMPLE D’OR de Yukio Mishima, auteur d’ailleurs d’un cycle littéraire des plus homériens : LA MER DE LA FERTLITE.

Achille s’avère un fou de guerre, ou plutôt un vrai fou, un « fou total » aimant le sang et les arts. Ecoutons son monologue : « La guerre est une drogue. Elle exalte, transporte, console, élève (…) » D’une certaine façon, le viol de l’Amazone Penthésilée par Achille constitue un des épisodes clés de ce roman au style narratif aussi bouillonnant que ciselé. En plaçant ses personnages entre la vie et la mort dans un théâtre d’ombres et de lumières, Ficat ressuscite le combat permanent du profane et du sacré.

LA COLERE D’ACHILLE, une littérature du souffle !

La Colère d’Achille, Charles Ficat, éditions Bartillat, 172 pages, 2006. Prix : 14 euros

Charles Ficat est également l’auteur de « Stations » (2002), récit ; de « Clément, les carnets d’un jeune homme » (2003), roman et « D’acier et d’émeraude, Rimbaud » (2004), essai.