LES EDITIONS BARTILLAT

 LES EDITIONS BARTILLAT

Une maison d’édition généraliste qui surfe intelligemment sur plusieurs fronts culturels… BARTILLAT publie des livres sur Dylan, Huysmans, Mauriac et bien d’autres. Pour Le Mague, Constance de Bartillat, directrice de la maison, nous en dit plus...

Interview CONSTANCE DE BARTILLAT


Thierry de Fages : Quand a été créée votre maison d’édition ?

Constance de Bartillat : La maison a entièrement été refondée en 2000 et s’est développée dans les domaines suivants : l’histoire littéraire, l’esthétique, la littérature étrangère, les écrits de voyage…

Thierry de Fages : Quelle est l’histoire des éditions Bartillat ?

Constance de Bartillat : L’histoire d’une maison d’édition est constituée par la chaîne des ouvrages qui forment son catalogue. J’essaye dans le cadre et les contraintes de l’époque d’offrir des titres qui reflètent une passion multiple, celle de concevoir des livres, de savoir pourquoi et pour qui on les édite. Dans cette tâche, je suis aidée par Charles Ficat, auteur et éditeur.

Thierry de Fages : La Littérature et l’Histoire semblent être un de vos domaines privilégiés…

Constance de Bartillat : L’histoire, oui dans la mesure où elle se rapporte à la littérature, aux idées et enfin à la culture dans son acception la plus large. La pierre angulaire de la maison est la littérature qui s’exprime à travers tous les genres et tous les siècles - romans, correspondances poésie, essais -, dans une incessante interaction .

Thierry de Fages : Vous venez de publier « Jeune professionnel », un curieux roman ayant pour cadre le monde de l’entreprise. Pouvez-vous nous parler de l’auteur Guillaume Noyelle ?

Constance de Bartillat : Nous avons rencontré Guillaume Noyelle autour de la publication de son premier roman : « Les Piétinements » en 2004, plongée au cœur du monde étudiant actuel. Dans « Jeune professionnel », l’étudiant se lance dans la vie active et décroche son premier emploi.
Il s’agit à travers ces deux livres de suivre un jeune homme d’aujourd’hui, décalé, profond, pas très sérieux, très Français aussi, comme un miroir des blocages et des limites de la société actuelle face aux jeunes.

Thierry de Fages : Vous publiez également des romanciers relativement peu connus du grand public : Bertrand Ailleret, Brigitte Hermann ou Jean-Michel Wissmer…

Constance de Bartillat : « Emmenez-moi à l’ange » de J.-M.Wissmer, est un récit de voyage au Mexique, sur les traces de Sœur Juana Ines de la Cruz, icône poétique mexicaine s’il en est. Brigitte Hermann qui a publié « Histoire de mon Esprit ou le roman de la vie de René Descartes », a été unanimement saluée lors de la publication pour la virtuosité, la sûreté, la finesse de ton et de style avec laquelle elle s’est glissée, à la première personne, dans la peau de Descartes. Bertrand Ailleret dans un monologue vibrant a incarné avec une grande vérité le tempo des derniers instants de Napoléon.

Thierry de Fages : Votre maison d’édition, sous la forme de l’essai, de la biographie ou même du portrait, offre un panorama des littératures du XIXe et XXe siècle : Nerval, Wilde, Rimbaud, Huysmans, Dostoïevski, Mauriac, Cocteau, Jouhandeau…
Y a-t-il d’autres auteurs classiques que vous souhaiteriez-voir figurer dans votre catalogue ?

Constance de Bartillat : Nous essayons de continuer avec ceux que vous venez de citer, il y a encore à faire et nous aimerions être le plus complet possible. On remarque que certains grands auteurs ne sont pas très bien servis par la présentation actuelle de leurs œuvres.Il y a aussi certaines biographies qui manquent absolument…

Thierry de Fages : Vous-même, éditrice, constatez-vous de la part de votre lectorat une demande croissante pour ces livres ?

Constance de Bartillat : Je crois que beaucoup de nos contemporains ont une vraie soif de culture et d’idées, de savoir et de beauté. Il faut être là au bon moment, et là où il faut.

Thierry de Fages : Vous publiez également des ouvrages plus confidentiels comme une Correspondance de Boileau et Racine ou la poésie d’une certaine Antoinette des Houlières…

Constance de Bartillat : La Correspondance entre Boileau et Racine a obtenu un bon succès de presse et a atteint dans sa catégorie de vente les objectifs fixés .Antoinette des Houlières est la plus grande poétesse française du XVIIe siècle, un sommet de la langue française, une experte dans l’expression du sentiment féminin. Il n’était pas acceptable que ses œuvres fussent indisponibles, hormis les éditions rares…

Thierry de Fages : Ce type de livres ne risque-t-il pas de s’adresser à un public restreint ? Est-ce éditorialement rentable ?

Constance de Bartillat : Certes, la poésie est un art difficile à publier, la rentabilité de tels ouvrages est faible et ne peut en aucun cas être immédiate. Ce sont des livres de fonds qui s’amortissent sur la durée. Mais, me direz-vous la durée est-elle une notion d’actualité ?
Il est nécessaire à mon sens, d’en faire le pari pour une part, certes minime du catalogue.

Thierry de Fages : La peinture - notamment celle du XIXe siècle - devient un art de plus en plus médiatisé. Actuellement l’on peut voir au musée d’Orsay l’expo Courbet et « Huysmans – Moreau : Féeriques Visions » au musée Gustave Moreau… Récemment, vous avez publié « Les Ecrits sur l’art » de J.-K Huysmans et un ouvrage sur l’histoire de « L’Origine du monde » de Gustave Courbet.
Estimez-vous que ces expositions « dopent » de façon significative l’intérêt du public pour ces livres ?

Constance de Bartillat : Bien sûr et leur visibilité en librairie est en le reflet. L’art du XIXe siècle, et nous essayons d’en être des observateurs actifs, n’a pas été moins audacieux que celui du XXe siècle. Il mérite de nouvelles approches et de nouvelles visions.

Thierry de Fages : D’ailleurs, vous avez publié récemment un roman de Michel Peyramaure, qui s’inscrit dans cet univers artistique de la deuxième moitié du XIXe siècle autour de la figure emblématique du peintre Edgar Degas…

Constance de Bartillat : Oui, Michel Peyramaure est un bon connaisseur de l’art, il a publié une biographie de Suzanne Valadon. Dans son Degas, il a su reconstituer la vie quotidienne, la personnalité d’un grand artiste et les relations très âpres entretenues avec son modèle, la petite danseuse.

Thierry de Fages : Vous avez publié récemment « Ma belle époque », un recueil de chroniques du romancier Benoît Duteurtre…

Constance de Bartillat : Ces chroniques forment un ensemble que l’on pourrait appeler le terreau, la matière de ses romans, en quelque sorte, leur atelier. Elles sont un regard sur l’époque, une manière d’autobiographie intellectuelle, un autoportrait de l’auteur.

Thierry de Fages : Dans le domaine musical, vous sortez cet automne « Dylan par Dylan » un livre de plus de 500 pages sur une des icônes du rock…

Constance de Bartillat : Pour poursuivre dans la sphère de l’art, on peut dire que Dylan, c’est le Picasso du rock, un homme qui fascine les générations successives et dont le mythe croît de jour en jour. C’est un homme d’une grande culture, qui connaît ses auteurs, la poésie et sait le secret des mots. Il est mû par une force psychique qui sans cesse le fait se réinventer.

Thierry de Fages : Serge Gainsbourg, Michael Jackson, Mylène Farmer… Envisagez-vous de publier d’autres livres consacrés à des personnalités du monde de la musique ?

Constance de Bartillat : La musique est un axe que nous continuerons à développer, nous venons de republier l’incontournable biographie de Mozart par Wolfgang Hildesheimer.

Thierry de Fages : Biographies, essais, romans et récits historiques… Dans ce domaine de l’Histoire, pouvez-vous nous évoquer quelques ouvrages maison ?

Constance de Bartillat : La première biographie par Jacques le Rider de Malwida von Meysenbug,une grande Européenne du XIXe siècle (Prix Gabriel Monod,2006), « La Sainte Face », d’Elie Faure, un texte méconnu de l’auteur de la célèbre Histoire de l’art, qui retrace ses combats en 1914 (Prix Malherbe 2007).

Thierry de Fages : Vous publiez également des ouvrages de philosophie, sur la religion, des livres Région et Nature, des guides pratiques sans oublier les Beaux-Livres…
Quels sont à votre avis les avantages et les inconvénients d’être un éditeur généraliste ?

Constance de Bartillat : Nous vivons dans une époque de cibles, de niches, de classifications. Etre éditeur généraliste, c’est penser que l’esprit peut et doit se nourrir de tout… Que les livres, les idées, les disciplines se répondent inlassablement…

Thierry de Fages : En conclusion, quel bilan éditorial faites-vous de cette année 2007 ?

Constance de Bartillat :La maison a continué à affirmer sa personnalité et ses valeurs. Elle a figuré de manière notable dans la rentrée littéraire de septembre avec le texte de Victoria Ocampo sur Drieu la Rochelle qui a obtenu un accueil remarquable et unanime. La biographie de Huysmans « J.-K. Huysmans, le Forçat de la vie », par Patrice Locmant, a obtenu la Bourse Goncourt de la biographie. « L’Origine du monde, histoire d’un tableau de Gustave Courbet », par Thierry Savatier et « les Demoiselles d’Avignon, la Révolution Picasso », de Dominique Dupuis-Labbé ont accompagné les grandes expositions Courbet et Picasso.

Thierry de Fages : Et pour 2008, quelles seront les grandes tendances des éditions Bartillat ?

Constance de Bartillat : Consolider le catalogue ; approfondir l’œuvre de certains auteurs : Carmen Laforet ou François Mauriac ; lancer et accueillir de nouveaux talents !

Le Site Internet des Editions BARTILLAT