AGRICULTURE et GRENELLE DE L’ENVIRONNEMENT, Premier Bilan

AGRICULTURE et GRENELLE DE L'ENVIRONNEMENT, Premier Bilan

Qui a dit : « assimiler la politique écologique à un retour en arrière est une imposture » ou « notre modèle de croissance est condamné » ou « il est grand temps de prendre au sérieux l’usage croissant de produits pesticides, dont les agriculteurs sont les premières victimes » ou « le développement durable ne peut plus être une politique qui ignore la biodiversité.

Il est temps d’engager un programme national de lutte contre l’artificialisation des sols » ou « la vérité est que nous avons des doutes sur l’intérêt actuel des OGM pesticides ; la vérité est que nous avons des doutes sur le contrôle de la dissémination des OGM ; la vérité est que nous avons des doutes sur les bénéfices sanitaires et environnementaux des OGM » ou « celui qui créé une nouvelle cellule génétique doit être comptable de ses actes même des années plus tard si un drame survient »… tout en souhaitant le développement de l’agriculture bio : 6% des surfaces agricoles en 2012 et 20% en 2020 ? Nicolas Sarkosy, le 25 octobre en clôture du Grenelle de l’Environnement.

Soyons positifs : jamais un chef d’Etat ne s’était engagé de la sorte en faveur de l’écologie dans le passé. Ceci est tout simplement historique, surtout venant de la bouche du candidat parmi les moins écologistes de la campagne présidentielle, et dont le parti, l’UMP, a été le plus impliqué dans le développement de l’agriculture intensive, qui détruit les sols, nous empoisonne avec ses pesticides, et nous met en danger face aux OGM. L’agriculture bio est enfin reconnue comme l’agriculture par excellence à développer.

Soyons pessimistes : depuis son élection, le président Sarkosy nous donne l’image d’une personne agitée qui juge tout dans la précipitation, qui répond à un problème d’actualité par un déplacement éclair ou qui s’empare des medias pour sa perpétuelle promotion. Et le discours du Grenelle de l’Environnement reprenait les accents d’un candidat en campagne électorale. Alors le discours du 25 octobre n’est-il qu’une nouvelle annonce publicitaire qui sera abandonnée au profit d’une autre annonce ?

Analysons les engagements pris ; ceux-ci sont plus ou moins évasifs. Pour les pesticides, Nicolas Sarkosy s’engage « à interdire en urgence les substances les plus dangereuses. Et je demande à Michel Barnier de me proposer avant un an, un plan pour réduire de 50 % l’usage des pesticides, dont la dangerosité est connue, si possible dans les dix ans qui viennent. » Rien de contraignant, la FNSEA ayant eu in extremis gain de cause pour que le Grenelle de l’Environnement n’accouche pas d’un calendrier précis de décroissance des pratiques phytosanitaires agricoles.

Pour les OGM, « dans le respect du principe de précaution, je souhaite que la culture commerciale des OGM pesticides soit suspendue. Ceci en attendant les conclusions d’une expertise à conduire par une nouvelle instance qui sera créée avant la fin de l’année » et d’annoncer pour début 2008 une loi réglementant les OGM en France, pour nous mettre en conformité avec la réglementation européenne (très pro-OGM). Et quelle est la situation actuelle ? Les 22000 hectares de maïs transgéniques qui poussent ne sont pas remis en cause, et la future loi pourra éventuellement permettre les prochains semis du printemps 2008.

Pour l’agriculture bio, le crédit d’impôt doit être doublé (4000 euros), et Nicolas Sarkosy s’engage « à ce que dans un premier temps, toutes les cantines publiques proposent au moins une fois par semaine un repas issu de l’agriculture biologique ». Ce qui est une mesure d’éducation et de débouché sûrement très profitable. Mais rappelons que la France a voté un seuil d’acceptation obligatoire des OGM à 0.9% dans le bio européen pour 2009.

Contraintes mitigées donc. Néanmoins, depuis ce grand discours, on s’emploie manifestement à cheminer dans un bon cap. Michel Barnier, notre ministre à l’agriculture, souhaite réduire les pesticides en moins de dix ans, grâce à un effort de recherche et de formation, tout en développant progressivement des solutions de substitution pour ne pas fragiliser les exploitations agricoles. Un calendrier de suppression sur 5 ans des 47 molécules chimiques les plus dangereuses est déjà établi : 30 le seront l’an prochain, 10 en 2008. Pour les OGM, Michel Barnier ne veut pas être pris par le temps : la nouvelle évaluation scientifique ne sera peut-être pas établie pour les semis du printemps, même s’il cherche à aller au plus vite. Pour le Bio, Jean Louis Borloo estime que cela ne coute pas plus cher de développer l’agriculture biologique si on décide d’organiser et de structurer le marché. Qui plus est, selon Michel Barnier : « nous allons réussir, que cela plaise ou non à certains industriels ». Ce langage aurait été jugé sectaire il y a peu ! Mais il semble bien que c’est le sectarisme anti-écologie qui est en train de tomber, devant l’urgence du réchauffement climatique. Les ex-réfractaires à l’écologie veulent aujourd’hui installer le Grenelle de l’Environnement dans la durée.

Bonne nouvelle, mais qu’elle se concrétise