Avec l’aval et la complicité de son directeur, Jean-Paul Dumont également Président de la Ligue Nationale Belge pour Handicapés et le savoir de l’équipe médico-psychologique, le projet a pu voir le jour en 1991. C’est avec l’aide de l’ami Bernard Huet (Chef Éducateur et spécialiste de l’Aïkido), puis le concours de Joël Brunebarbe (Éducateur Sportif et Karatéka) que cette activité se concrétisa.

Le Sen-Jutsu est l’art de la positivité, mais c’est avant tout une gymnastique de synthèse issue de différentes connaissances en arts martiaux avec des gestes qu’on retrouve dans le Judo Ju-Jitsu, le Karaté et l’Aïkido.

Les mouvements enseignés permettent, aux personnes qui souffrent de déficiences mentales plus ou moins sévères, de trouver un relatif équilibre psychophysique par l’expression corporelle. L’art de la guerre est ramené à celui de la paix... à une sorte d’art de vivre mieux et plus sereinement, en apprenant à avoir confiance en soi pour mieux se concentrer. Les exercices physiques deviennent, dans le contexte proposé, un régulateur des énergies permettant de se rééquilibrer avec une meilleure prise de conscience du schéma corporel. Très vite on note que les plus nerveux se calment et que les plus apathiques ont du tonus. Les appréhensions des chutes, des gestes vifs, de l’agressivité de certains et de quelques déplacements techniques, seront rapidement maîtrisées. On trouve aussi, à l’intérieur de cet enseignement, un apprentissage à la respiration contrôlée qui permettra une meilleure oxygénation et une réelle détente neuromusculaire... ainsi qu’une relaxation sur support musical approprié.

Avant chaque cours, un rappel simple et à la portée de tous est fait sur l’hygiène corporelle ainsi que sur la politesse et le respect de l’autre... tout ceci dans un véritable esprit de non compétition et sans rivalité aucune.

Ensuite viennent l’échauffement, les exercices de gestuelle sous forme de jeux d’opposition, puis le retour au calme avec massages des muscles dorsaux.

Dans ce pseudo "art martial", tous les élèves sont égaux... pas de ceintures de couleurs qui aiguisent les jalousies, convoitises et mesquineries en tous genres. L’autre n’est plus un adversaire... il devient un partenaire avec lequel on évolue par cet échange de gestes.

Après un début timide et la présence de six élèves tous volontaires car l’activité se veut libre on se retrouve, après une période de six années, avec plus d’une centaine de pratiquants.

Le parrainage de ce club est même proposé à Messieurs Chuck Norris (Champion du monde de Karaté) et Éric Pariset (Expert International en Judo Ju-Jitsu), quant à Serge Chouraqui (Grand Karatéka) il sera fait membre d’honneur de notre association... mais entre temps, je dois quitter la Belgique pour venir travailler sur Paris et l’activité ne sera pas reprise sous la forme initialement proposée.

Éduquer n’est pas qu’une profession... c’est surtout une vocation, celle d’essayer de donner à l’autre le meilleur de soi-même avec une constante remise en question. Les personnes, dont nous avions la responsabilité, étaient incapables de travailler en atelier protégé. Notre devoir était d’empêcher l’internement en asile psychiatrique en guidant ces personnes vers des activités occupationnelles qui permettaient de maintenir les acquis, tout en développant une certaine autonomie.

Dans le handicap mental, le cerveau perturbe souvent le corps. Il ne faut pas que ce corps puisse garder les difficultés d’être, le stress, les traumatismes de la vie et les tensions diverses.

Le sport reprend là tout son noble sens puisqu’il est lié au bonheur et qu’il permet de se structurer tout en s’amusant. L’important n’est pas que de participer... mais surtout de gagner des combats contre soi-même.