Norman Mailer nous quitte en nous léguant une œuvre magistrale : Adieu Maître…

Norman Mailer nous quitte en nous léguant une œuvre magistrale : Adieu Maître…

Romancier, journaliste, poète, metteur en scène, scénariste, acteur de cinéma et même candidat à la mairie de New York, Norman Mailer n’a en réalité jamais cessé de nous surprendre tout au long de ses 84 ans avec ses multiples talents et son incroyable génie.

Considéré ainsi comme l’enfant terrible de la littérature américaine, Norman Mailer, est mort dans la nuit de vendredi à samedi dernier en nous léguant une œuvre magistrale et des souvenirs intarissables. Et pour cause, cet observateur subversif de l’Amérique n’a jamais mis sa langue dans sa poche pour dénoncer ce qui était à ses yeux le pire de la bêtise humaine. C’est pour cette raison qu’il déplorait sans cesse une Amérique toujours plus puissante économiquement mais moins créative et moins cultivée, dévoyée par la cupidité, abrutie par l’obsession patriotique ou les publicités télévisées.

George W. Bush "est le pire président que j’aie vu. Ce n’est pas peu dire, car j’ai connu Ronald Reagan", avait martelé Mailer l’an dernier, en raillant la manie américaine de vouloir exporter la démocratie dans d’autres pays. "On n’insuffle pas la démocratie à un pays malade", disait-il encore.

Cet auteur d’une quarantaine d’ouvrages et lauréat à deux reprises du prestigieux prix Pulitzer était né le 31 janvier 1923 à Long Branch dans le New Jersey (est) dans une famille de la petite bourgeoisie juive. L’élève brillant, qui grandit à Brooklyn, écrit sa première nouvelle à 12 ans. Entré à Harvard en 1939, diplômé en mécanique aéronautique quatre ans plus tard, il part combattre dans le Pacifique jusqu’à sa démobilisation en 1946. La guerre lui fournit des lors la matière de son premier livre "Les nus et les morts" (1948). Avec ce roman au réalisme brutal, traduit en une vingtaine de langues, il devient célèbre à l’âge de 25 ans.

Fervent défenseur des causes radicales dans les années 1960, Norman Mailer a été également l’un des fondateurs de l’hebdomadaire new-yorkais "Village Voice".

Obsédé par l’Amérique moderne, l’écrivain en fait une critique au vitriol dans ses ouvrages inspirés à la fois par l’actualité et par sa propre vie : "Un rêve américain" (1965), "Pourquoi sommes-nous au Vietnam" (1967), "Les armées de la nuit" (prix Pulitzer 1969) et le "Prisonnier du sexe" (1971).

Depuis, chacun de ses livres soulève des controverses : "Marilyn" (1973), "Le chant du bourreau" (prix Pulitzer 1980), un roman reportage basé sur un fait réel et racontant le calvaire d’un criminel de sa naissance à son exécution, ou encore son dernier ouvrage "Un château en forêt" sur la jeunesse d’Hitler (2007).

En 1999, paraît "L’Amérique", recueil d’essais, de reportages et de "ruminations", suivi l’année d’après de "Combat du siècle", récit du match mythique en 1974 entre Cassius Clay et George Foreman.

En 2006, Norman Mailer avait reçu à New York la légion d’honneur, la plus haute distinction française. Mais ce que on retiendra certainement de lui, c’est sa Verve et sa causticité intactes car même à l’aube de son troisième âge il pestait toujours contre "la stupidité du peuple américain" sous l’influence du président George W. Bush.

Concernant sa mort, son éditeur, Philip Sipiora, nous apprendra en déclarant à la presse que Norman Mailer "était mort au petit matin d’une insuffisance rénale à l’hôpital de New York où il était hospitalisé". Il faut savoir que l’écrivain était entré à l’hôpital Mont Sinaï de New York à la mi-octobre et avait été placé en soins intensifs en raison de graves problèmes respiratoires.

Un grand maître nous a donc quitté. Le monde a perdu encore l’un des rares intellectuels encore capables de gifler la médiocratie. Maître aujourd’hui, dans ce monde, vous n’êtes plus. Mais dans nos cœurs, et dans nos esprits, vous serez toujours, n’en déplaise aux bien pensants, un immortel…