Nous sommes de la dynamite !

Nous sommes de la dynamite !

Depuis le 6 novembre, l’université de Toulouse-Le Mirail est bloquée. Une assemblée générale réunissant 800 étudiants a voté cette action.

Les étudiants toulousains protestent bien sûr contre la loi Pécresse. Ils ont également créé une commission étudiants-travailleurs et appellent à participer à la manifestation interprofessionnelle du 20 novembre.

Si nous revenons particulièrement sur cette fac, c’est qu’une étudiante de 23 ans, Juliette, a dit des choses pleines de bon sens lors de la première AG. Cette semaine, le Monde libertaire publie sa déclaration. Une envolée bien ravigotante. La voici.

« Salut à tous,
Ce que je vais dire va sans doute paraître romantico-débile, mais bon, je me lance.

Aujourd’hui, j’aimerais vous parler de mon pote sans papiers qui s’est fait embarquer par les flics. Il a été libéré au bout de 8 heures de garde-à-vue et ils lui ont gentiment offert un mois de liberté avant de quitter la France pour retourner en Algérie.

Je voudrais aussi vous parler de mon amoureux, "Toma", qui a repris les études y’a deux ans après quelques années de galère. Il a obtenu son master 2 d’info avec la mention bien et il s’est vu refuser une bourse de thèse publique parce qu’il était trop vieux, il a 35 ans.

Je veux également vous parler de mes amis pédés qui se font agresser dans la rue parce qu’ils tournent trop du cul.

Mais aussi de ma petite sœur qu’est lycéenne dans l’hôtellerie et qui fait des tonnes de stages non rémunérés avec 50 heures de boulot à la semaine.

Et aussi de Babouchka, une amie qui est une femme battue. Elle a mis 15 ans à obtenir le divorce et attend toujours la séparation des biens. En attendant elle vit avec le minimum vieillesse.

Alors, vous allez me dire de changer de potes, mais des situations de merde comme ça, on en a tous et maintenant ce que je voudrais savoir c’est comment on fait ? Est-ce qu’on continue à décortiquer la loi Pécresse tout en continuant d’adopter leur langage politicien ?
Est-ce qu’on continue à faire des jeux de mots avec la LRU comme on l’a fait avec le CPE ?

Parce que si je me souviens bien y’a deux ans la coord’ nationale des étudiants exigeait beaucoup plus que le simple retrait du CPE, mais on a eu la chose la plus merdique qu’on pouvait espérer.

Alors, j’aimerais bien qu’on arrête de se focaliser sur la loi Pécresse qui n’est qu’une goutte d’eau en plus dans le vase qui ne déborde jamais.
Donc j’aimerais qu’on continue ce qu’on avait un petit peu réussi à faire y’a deux ans parmi les étudiants au niveau de notre combat dans la rue : ne pas déposer nos parcours de manif à la préf, ne pas voir de drapeau de qui que ce soit, ceux des orgas ou ceux des corporations, parce qu’une masse informe mais soudée qui peut accueillir n’importe qui éprouvant n’importe quel ras le bol, c’est notre plus grande force.

Comme disait le groupe punk-rock des Béruriers Noirs : « Nous sommes noirs, nous sommes blancs, nous sommes jaunes et ensemble, nous sommes de la dynamite ! »

Donc, pour commencer, il faut foutre en l’air ce protocole de la manifestation modèle. Bon, entre nous, c’est presque déjà fait, mais, aux prochaines manifs de salariés, ne restons pas dans notre cortège étudiant, mélangeons nous aux autres, c’est comme ça qu’on pourra se confronter à leurs problèmes, parce que mandater des étudiants aux AG des autres luttes, faire un résumé et voter le soutien aux divers combats qui peuvent être menés dans le monde, c’est bidon.

Il faut être solidaire ensemble dans la rue, dans les AG et non sur le papier. Notre appel ne doit pas être destiné aux uniques étudiants et personnels universitaires et encore moins au gouvernement, mais à tout le monde souhaitant s’organiser pour exprimer sa colère. »

Message reçu. A suivre…