Les Droits des Animaux à la Porte du Salon Marjolaine

Les Droits des Animaux à la Porte du Salon Marjolaine

Le salon Marjolaine se tient au parc floral de la Porte de Vincennes du 9 au 18 novembre, et comme chaque année depuis plus de 30 ans. 77.000 visiteurs s’y pressent pour découvrir les produits de 500 exposants, chocolat équitable, vins fabriqués à l’ancienne, noix de lavage indiennes, etc. C’est l’événement bio du mois, et les militants de la cause animale ont décidé de profiter de l’affluence pour alerter samedi un public a priori favorable au respect de nos amies les bêtes. Pour autant, ils ne sont pas admis à l’intérieur du salon, dans la mesure où la plupart des actions qu’ils mènent sont tout près de troubler l’ordre public, à tel point qu’ils sont considérés comme de dangereux terroristes aux États-Unis. Le MAGue a eu l’opportunité d’entrer en contact avec certains de leurs membres, et a pu poser quelques questions, mais sous couvert de l’anonymat. Exclusif !

Le MAGue : Vous êtes présents au salon Marjolaine pour un tractage, pourquoi ?

David : Il nous faut informer le public sur les réalités qui se cachent derrière la viande ou les sous-produits animaux (laits, œufs…), qui provoquent la mort d’un nombre vertigineux d’animaux : 3 millions sont tués dans les abattoirs tous les jours en France, pour le plaisir de manger du cadavre. Il est pourtant possible de vivre sans faire tuer les animaux, en adoptant un mode de vie vegan, qui consiste à éviter de consommer les produits résultant de la souffrance ou du meurtre des animaux : viande, sous-produits alimentaires et vestimentaires (cuir, fourrure), produits testés sur les animaux, etc.

Le MAGue : Quelles sont vos motivations pour défendre la cause animale ?

David : Les mêmes que celles qui motivent les défenseurs des droits humains, dont nous sommes également : les animaux, comme les humains, ne souhaitent pas être torturés et tués, mais au contraire profiter de leur vie en paix. Nous devons respecter cette préférence légitime. Qui aimerait se retrouver à la place des animaux, égorgés dans les abattoirs ou exécutés d’une balle dans la tête ? Quelle mère aimerait que son enfant lui soit arraché ? Des millions de veaux et d’agneaux sont retirés à leur mère pour finir, comme elle, en pièces détachées dans les rayons des supermarchés.

Le MAGue : Quels sont vos moyens d’action pour y parvenir ?

David : Principalement l’information (stands, tracts , projection de vidéos…), mais nous n’hésitons pas à opter aussi pour l’action sur le terrain, telles nos actions d’interposition non-violente de hunt sabotage. Il s’agit alors de prêter secours à des animaux (renards, cerfs, chevreuils, lièvres…)qui sont promis, lors des chasses à courre, à un sort que personne n’aimerait subir : poursuivis des heures durant jusqu’à essoufflement, ils sont achevés à coups de dagues, noyés, ou, le plus souvent, déchiquetés vivants par les chiens de meute. Ce terrorisme-là, les chasseurs se gardent bien d’en parler, préférant nous stigmatiser sur le fait que nous apparaissons parfois masqués aux actions : certains parmi nous, habitant à la campagne, ne se cachent le visage que pour éviter des représailles de la part des chasseurs. Ceux-ci sont en effet prêts à toutes les intimidations pour faire reculer les défenseurs des animaux. Mais leurs manœuvres sont vaines, nous ne sommes pas prêts de laisser tomber les animaux !

Le MAGue : Comment ressentez-vous l’impact de vos actions dans l’opinion ?

David : À notre époque, il semble qu’émerge timidement une conscience en faveur des animaux. De plus en plus de gens ouvrent les yeux et réalisent que notre société se comporte de façon monstrueuse à l’égard des autres animaux, qu’elle traite comme de vulgaires marchandises. Un grand nombre finissent donc par devenir végétariens ou même vegans, ce qui nous encourage à continuer nos efforts.

Le MAGue : L’homme est-il un chasseur-cueilleur qui prélève ce dont il a besoin pour se nourrir dans la nature ?

David : L’homme est un primate, et comme tous les primates, il est donc frugivore-granivore, et non pas mangeur de viande. Il est parfaitement possible de se nourrir sans tuer les animaux, comme dit précédemment. Ceux qui souhaitent en savoir plus peuvent nous demander notre guide vegan, gratuit contre une enveloppe affranchie à votre adresse, à envoyer ici.

Le MAGue : Proscrivez-vous la consommation de viande ?

David : Oui, dans la mesure où elle n’est pas nécessaire. Les gens qui mangent de la viande pourraient s’en passer facilement, ce qui épargnerait un grand nombre de vies : 53 milliards par an dans le monde si les gens devenaient végétariens, encore bien plus s’ils étaient vegans !

Le MAGue : Que pensez-vous des animaux de compagnie, chiens, chats, lapins, etc. ?

David : Beaucoup sont maltraités ou abandonnés, nous pensons que l’accès à la garde d’animaux devrait être sévèrement réglementé et soumis en tout état de cause à l’intérêt de l’animal, non à celui de ses propriétaires, qui ont tendance à penser que les animaux sont des jouets. Autrement dit, on peut imaginer que les humains puissent cohabiter avec les animaux, mais cela doit se faire dans le cadre d’une démarche respectueuse dont nous sommes très loin : élevages des animaux, marchandisation, abandons et maltraitances sont la règle. Il importe que les animaux, d’une manière générale, cessent d’être considérés comme de la marchandise ou des objets qu’on peut vendre ou acheter, ou des esclaves : voir récemment le cas des chiens utilisés pour la sécurité, et traités de manière odieuse. Cela nous rappelle les pires moments de notre histoire, sauf que les victimes n’ont pas la peau noire, mais quatre pattes. De quel droit leur faisons-nous subir ça ?

Le MAGue : Comment voyez-vous le monde de demain ?

David : Nous l’espérons respectueux des animaux, car aucun argument ne peut justifier le sort qui leur est réservé, si ce n’est l’égoïsme et l’irresponsabilité de notre espèce, qui traite les animaux comme une ressource, une matière première. Au point qu’on envisage même à présent des biocarburants à base d’animaux !

Le MAGue : Est-ce une vision réaliste ou un Eden fantasmé ?

David : Toutes les luttes d’émancipation (celles des Noirs, des femmes…) ont été perçues au début comme une utopie. Mais aujourd’hui, l’opinion tolère de moins en moins la cruauté exercée sur les animaux, ce qui laisse présager qu’un jour leurs droits fondamentaux (droit à la vie, à ne pas souffrir…) seront finalement reconnus. Notre rôle est de favoriser leur émergence le plus rapidement possible, car chaque jour les animaux payent par millions le fait que nous les méprisons. Il y donc urgence à ouvrir les yeux et nous interroger sérieusement sur leur sort.

 


 

C’est le salon de la nature au parc floral
Où l’on vante à l’envi le soja et l’ortie,
Et tout ce qui est vert serait de la partie
Si l’on n’était aussi loin du milieu rural !


C’est festif et mieux qu’un slogan électoral
Quand le public nombreux voit avec sympathie
Sur la broche à feu vif la brebis bio rôtie,
Mais le bo-bo a son éthique en général…


Il cherche à manger sain plus qu’à se mettre à table
Et s’investit toujours dans un sens charitable,
Mais va-t-il jusqu’au bout de son engagement ?


Si l’action qu’il soutient lui paraît si normale,
C’est que son sort est le sujet de son tourment :
Qu’en est-il du respect de la vie animale ?