Gavroche, une superbe revue d’histoire populaire

Gavroche, une superbe revue d'histoire populaire

Le premier numéro de Gavroche est sorti en décembre 1981. Il prenait la suite du Peuple français, une revue des années soixante qui s’inscrivait dans la tradition de l’Ecole émancipée. Gavroche est à présent dans sa vingt-sixième année. Le numéro 152 vient de sortir.

En 1981 Le Peuple français cessait sa publication. Gavroche marchait aussitôt sur ses traces. Mais l’époque a changé. Aux bouillonnements militants des années 70 succède, plus modestement, une volonté de diffuser la connaissance des traditions de lutte et de résistance au pouvoir et aux idéologies dominantes.

« S’attarder sur l’autonomie des luttes dans l’histoire et porter une attention particulière aux événements passés sous silence sont des occasions de découvrir ce qu’il y a de commun dans ces combats où l’histoire se fait et se défait, où se construisent les prémices d’une société libérée du joug de la domination bourgeoise et étatique », explique Jean-Luc Debry, l’un des collaborateurs de Gavroche (et auteur d’un beau roman présenté sur Le Mague, Le Soldat françaoui).

Les animateurs de Gavroche cherchent aussi à éclairer une tradition et une culture dîtes populaires, en marge de l’histoire officielle. Cette étude se fait à travers l’examen de figures emblématiques, de productions graphiques ou littéraires. Parce qu’ils semblent être tombées dans l’oubli, Gavroche met un point d’honneur à en raviver le souvenir. « L’ambition est aussi, bien sûr, de sortir de l’ombre les élans festifs dont chaque révolte et révolution portent la marque, reprend Jean-Luc Debry. Il s’agit d’entretenir un désir de connaître et de transmettre ce désir. »

Depuis 1981, bon an mal an, Gavroche maintient le cap sans aucune interruption. La revue trimestrielle fonctionne en totale autonomie, sans aide d’aucune nature, sans financement à l’exception des revenus qu’elle tire de ses ventes, et, petite fierté, sans être inféodée à une quelconque organisation. Gavroche est donc un lieu de publication très ouvert. La revue publie des textes qui rendent compte de recherches et de travaux réalisés par des militants, des amateurs passionnées d’histoire sociale et locale, des universitaires.

« C’est une revue atypique. Sa grande souplesse éditoriale, sa notoriété, ses capteurs répartis un peu partout et, surtout, la diversité des sensibilités politiques des auteurs, lui permettent de proposer des sujets variétés, des thèmes abordés de façon personnelle, mais toujours avec un souci de rigueur », affirme Jean-Luc Debry
Avec des signatures comme Jacques Sigot, François Roux, Miguel Chueca, Charles Jacquier, Alain Dalotel, Pierre-Henri Zaidman, Jean-Jacques Ledos, René Merle, Paul Dartiguenave…, on a une idée du spectre couvert.

« La course contre le temps, le manque de disponibilité des uns et des autres, souvent engagés par ailleurs, les épuisantes questions de trésorerie, constituent de sérieux obstacles », reconnaît Jean-Luc Debry en saluant le travail accompli par Sylvie Virlouvet, la directrice de la publication. « Sylvie accomplit un boulot énorme et ingrat. Elle assure la gestion des abonnements, la réalisation technique. Discrète, modeste, elle met en valeur les textes des auteurs et n’en tire aucune gloire. Sans elle, Gavroche serait en déshérence. »

Diffusée par Dif’Pop’, Gavroche tire à 1 300 exemplaires. La revue s’appuie sur la fidélité de ses 900 abonnés. La plupart des auteurs sont eux-mêmes abonnés à la revue. Ce qui en dit long sur la relation particulière que la revue entretient avec son lectorat comme avec ses rédacteurs.

Le numéro 151 proposait des articles de fond passionnants sur les Communeuses, sur les « fusillés pour l’exemple » anglais, sur Jean Jaurès, sur l’épuration des manuels scolaires des années 1850, sur le poète anarchiste Armand Robin…

Le dernier numéro daté octobre-novembre-décembre 2007, le 152, propose un sommaire bien riche également. On peut y lire des papiers sur l’enfermement des enfants (par Paul Dartiguenave), sur la caricature anticléricale sous la Commune de Paris (par Guillaume Doisy), sur le Mythe de Verdun (par François Roux), sur le Loup de Katyn (par Jean-Louis Panné), sur la méditation tourangelle de Pierre-Jean Béranger (par Frédéric-Gaël Theuriau). Sans oublier les pages médias, critiques littéraires et les bonnes feuilles réservées cette fois à Leçons d’une défaite (de Grandizo Munis), à Ecrits choisis (d’Errico Malatesta) et à Une colonie d’enfer (d’Ernest Girault).

Un contenu qui comblera les amateurs d’histoire(s).

Gavroche BP 863 27008 Evreux cedex.

Abonnement pour quatre numéros : 30 euros (étranger : 32 euros, étudiants et chômeurs : 20 euros). Le numéro : 8 euros. Il est possible de commander les anciens numéros. Vous trouverez tous les sommaires sur le site Internet. Chèques à l’ordre de Scoop Presse.

Courriel : revue@gavroche.info

Sur Internet : http://www.gavroche.info