Le Parti communiste à propos de Guy Môquet : "L’Histoire appartient à l’Histoire, pas à Nicolas Sarkozy" (Interview)

Le Parti communiste à propos de Guy Môquet : "L'Histoire appartient à l'Histoire, pas à Nicolas Sarkozy" (Interview)

L’Affaire Guy Mocquet fait grand bruit dans les médias. Certains enseignants ont, même, refusé de suivre les indications du chef de l’Etat relatives à la lecture de la fameuse lettre du jeune resistant dans leurs classes.
Nombreux sont ceux qui craignent un hommage consensuel, à mille lieues de l’engagement du jeune militant communiste, que Nicolas Sarkozy ne désespère pas d’inscrire à l’UMP. Le MAGue a demandé à Patrice Bessac, militant de la première heure et porte-parole du Parti communiste français, comment ses camarades et lui-même comptaient répondre au recyclage de Guy Môquet et s’ils entendaient un jour opposer une riposte au brouillage médiatique :

Le MAGue : Patrice Bessac, vous n’avez pas 30 ans, que vous évoquez la personnalité de Guy Môquet ?

Patrice Bessac : Comme lui en 1941, je fais partie de la nouvelle génération. Je suis aujourd’hui porte parole du parti communiste français et conseiller régional d’Île-de-France. J’ai adhéré à l’âge de 18 ans parce que je ne pouvais pas me résigner à une Gauche qui accepte les responsabilités dans un gouvernement en renonçant à ses valeurs par rapport au capitalisme destructeur. Le rôle des communistes, c’est de tout faire pour défendre les droits sociaux et reculer les inégalités. Il faut garder les pieds sur terre et avoir la tête dans les étoiles.

Le MAGue : On a l’impression que l’opposition se trouve au sein du gouvernement, et non sur les bancs de gauche à l’Assemblée nationale : avez-vous l’intention d’organiser une riposte avec le Parti communiste pour contrer la politique du pouvoir, et comment pensez-vous alimenter le débat d’idées dans les prochaines semaines ?

Patrice Bessac : Nous organisons une manifestation de riposte à la droite le 27 octobre à 14 heures à Paris, place de la République, pour le maintien du système de retraites et le refus de l’allongement de la durée du travail, contre les franchises médicales, sur la question des libertés publiques et contre la chasse aux sans-papiers. On a donné le sentiment d’être anesthésié or, il est grand temps que toute la Gauche se reprenne en main. Il faut que le Parti socialiste et ses partenaires soient plus clairs. Il faut nous montrer unis pour imaginer l’avenir !

Le MAGue : Le Parti communiste a lancé une campagne d’affichage avec le portrait de Guy Môquet, est-ce pour manifester votre consensus avec le président de la République en ce qui concerne ce symbole de la Résistance ?

Patrice Bessac : Guy Môquet doit se retourner dans sa tombe s’il voit ce président de la République. La Résistance auquel il se réfère avait un programme, celui du CNR avec un projet d’avancée sociale pour notre pays. C’est tout le contraire de la politique actuelle du gouvernement Fillon. Elle cherche à tout casser de ce qui a été construit d’après le combat de Guy Môquet. Nous allons lundi distribuer devant tous les lycées un hors-série de l’Humanité avec 16 pages pour dire pourquoi ce jeune homme est mort et ce pourquoi il a combattu.

Le MAGue : Si j’ai bien compris, vous entrez maintenant en résistance, nous invitez-vous à le faire également ?

Patrice Bessac : Je crois que toutes celles et ceux qui ne se résignent pas au chacun pour soi, au monde de violence individuelle doivent s’unir et entrer en résistance. C’est à la fois une résistance sociale et politique à la droite. Aujourd’hui, la résistance c’est dire non et c’est construire une Gauche nouvelle. Et c’est désormais le sujet du Parti communiste, qui a pris la mesure de ses échecs. Son si mauvais score aux présidentielles, c’était par manque d’idées, parce qu’on n’a pas présenté un programme clair aux gens.

Le MAGue : Le visuel de cette affiche est très fort, mais n’est-il pas le résultat d’une bataille d’icônes, plutôt que la manifestation du débat d’idées ?

Patrice Bessac : Justement, parce que nous pensons que Guy Môquet vaut mieux qu’une image, nous avons édité cette affiche, mais nous avons également réalisé ce numéro hors-série de L’Humanité. C’est parce qu’on ne peut réduire notre lutte contre de gouvernement à une image qu’on va aussi informer les gens sur son combat. Guy Môquet n’est pas une personne consensuelle, bien au contraire !

Le MAGue : Lorsque vous cherchez à récupérer l’emblème qui vous a été ravi, vous restez sur le terrain du vainqueur… Pensez-vous ainsi renverser la donne, comme à Stalingrad, l’Armée rouge l’a fait contre les nazis ?

Patrice Bessac : On ne cherche pas à récupérer un emblème ou un symbole, mais à informer et à redonner du sens au combat des communistes. Guy Môquet était communiste ! On va présenter aux jeunes tout ce pourquoi ce jeune homme s’est battu. L’Histoire appartient à l’Histoire, pas à Nicolas Sarkozy.

Ce jeune homme est dans le parti des fusillés
Toujours un souvenir cuisant du sacrifice
À la nation, qui en recueille un bénéfice,
Mais grâce à tous les gens de cœur morts foudroyés.

Ce soir, tous nos enfants auront les yeux mouillés
Vu que la République aura fait son office…
Ses compagnons vivants ont vu un maléfice :
Ainsi, de ce symbole, ils en sont dépouillés !

Un tel hommage est-il infâmant pour la droite ?
Pour elle, évidemment, la manœuvre est adroite,
À quel profit, quand son message est fait brouillé…

Fait-on fi du combat pour vanter sa souffrance,
Que le feu qui l’anime alors sera noyé
Donc, on n’aura rien fait pour l’honneur de la France.