Crime de lèse-Sarkozy à La Rochelle

Crime de lèse-Sarkozy à La Rochelle

Trois étudiants membres de l’Unef ont des soucis à La Rochelle. La police leur reproche d’avoir collé des affiches montrant un Nicolas Sarkozy doué pour le doigt d’honneur.

L’affiche de l’Unef pose une question : « Sarkozy président, c’est 15 milliards pour les plus riches. Et pour les étudiants ? » Plus bas, une caricature de Nicolas Sarkozy répond en faisant un doigt d’honneur... Le message est clair.

On commence à voir cette affiche sur pas mal de murs en France. Mais, à La Rochelle, la maréchaussée ne prend pas l’affaire à la légère. Le 10 octobre, trois militants du syndicat étudiant se sont retrouvés vite fait au commissariat après leur interpellation devant des affiches encore dégoulinantes de colle.

Au poste, les flics zélés ont cuisiné les colleurs noctambules. Les questions à la con pleuvaient. Combien d’affiches ? Où ? Pourquoi les collez-vous ? Vous êtes d’accord avec ces affiches ? « Une question m’a particulièrement surpris. Ils m’ont demandé : "Si monsieur Sarkozy avait une croix gammée sur le front ou faisait un salut hitlérien, auriez-vous collé l’affiche ?" » a expliqué l’un des colleurs à Libération.

Relâchés dans la nuit, les trois jeunes gens sont poursuivis pour « outrage à la fonction de président de la République ». Un délit prévu dans la loi sur la liberté de la presse de 1881... qui n’a jamais été utilisé depuis Georges Pompidou ! Sale temps pour la liberté d’expression.

En février 2006, lors du débat sur la publication de caricatures dans Charlie Hebdo, le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy avait déclaré sur LCI : « La démocratie, c’est la possibilité de la critique, de l’échange des arguments et de la caricature, surtout par le biais des dessins. C’est ça, la démocratie, et ce n’est pas négociable. (...) La caricature, c’est l’excès. À tout prendre, je préfère l’excès de caricature à l’excès de censure. »

Ces paroles sont gravées dans les mémoires. Pour l’Unef, comme pour pas mal de monde, la démocratie n’est effectivement pas négociable. « L’interpellation et l’enquête actuelles relèvent d’une volonté de censure manifeste. Des poursuites seraient un acte de répression syndicale inacceptable », indique le syndicat en demandant l’arrêt de la procédure judiciaire… et en annonçant la poursuite de sa campagne d’affichage.

Pour faire face à la demande générale, plusieurs milliers d’affiches ont été réimprimés. De quoi agacer quelques commissariats susceptibles et Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur, qui trouve le dessin « franchement de mauvais goût ».

En attendant l’avis du procureur de la République, les affiches de l’Unef se baladent un peu partout. On a pu en apercevoir quelques-unes, brandies par des manifestants, dans les manifs du 18 octobre.